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"La Nakba : mémoire, réalité et au-delà"

mercredi 3 décembre 2008 - 10h:53

Sabïl

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"La vérité est la condition essentielle pour la paix. Nous reconnaissons que notre silence sur la situation actuelle de la population palestinienne équivaut à une complicité dans cette tragédie qui se poursuit."

7è Conférence internationale de Sabîl

Nazareth et Jérusalem, 12/19 novembre 2008

Nous sommes plus de 200 chrétiens venus des cinq continents pour commémorer les événements tragiques survenus 60 ans plus tôt dans la vie de la population en Palestine, venus pour écouter, pour manifester notre solidarité et pour apporter notre soutien à la communauté palestinienne locale, tant en Palestine qu’en Israël. Nous avons aussi entendu des frères et des soeurs des communautés musulmane et juive, qui ont témoigné des injustices commises envers la population palestinienne de ce pays. Elle a vu plus de 531 villages vidés de leurs habitants et détruits, provoquant un flot de plus de 750 000 réfugiés empêchés de rentrer chez eux depuis 1948.

Nous constatons la tragique ironie de l’histoire selon laquelle cette même année est aussi le 60° anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. L’établissement de la paix dans la justice exige que la vérité soit faite sur les événements de 1948, de même que sur le déplacement de centaines de milliers de citoyens palestiniens en 1967, qui se poursuit encore aujourd’hui. En ce qui concerne la population palestinienne, les Droits de l’Homme continuent à être bafoués par une occupation militaire qui déshumanise à la fois les opprimés et les oppresseurs. Nous avons la conviction que seule la reconnaissance de la pleine vérité concernant la situation actuelle d’oppression peut conduire à une véritable liberté pour toutes les parties du conflit.

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Bethléhem (photo Sabîl)

La vérité est la condition essentielle pour la paix. Nous reconnaissons que notre silence sur la situation actuelle de la population palestinienne équivaut à une complicité dans cette tragédie qui se poursuit. Le statu quo est un crime contre l’humanité. Comme chrétiens, nous ne pouvons garder davantage le silence. Les choses empirent chaque jour. Ce que l’on appelle le processus de paix est au contraire un constant et continuel processus de mort et de destruction, à la fois matérielles et spirituelles. La Nakba - la catastrophe - infligée à la population de Palestine se poursuit avec la même intensité et sans limite. Sa réalité est tue et ignorée à la fois dans nos églises et dans les media. Ceci doit changer si nous voulons être fidèles à l’appel que Jésus nous adresse à être des artisans de paix.
Nous avons été sensibles aux mesures de résistance non-violente mises en oeuvre par des milliers de Palestiniens et d’Israéliens qui cherchent à mettre fin au conflit actuel. Nous considérons que la pratique de la non-violence est le moyen le plus efficace de parvenir à la paix dans cette situation où la force armée est si inégalement répartie, et où le recours à la violence ne peut aboutir qu’à aggraver les choses. Nous sommes préoccupés de ce que ceux qui veulent étendre le conflit mettent la Bible au service de la colonisation et de l’exploitation. Nous rejetons la pratique d’exclusion qu’implique une telle interprétation de la vérité biblique. Nous cherchons la réconciliation de tous les peuples de la terre, et appelons donc nos frères et s ?urs chrétiens du monde entier à exercer le ministère de la réconciliation en paroles et en actions.

Nous avons été touchés par les visages des enfants, partout où nous sommes allés. Nous avons pris conscience qu’une génération entière d’enfants est sacrifiée faute d’avoir accès à la nourriture nécessaire à leur croissance normale et à leur développement. Ils subissent ainsi une aliénation spirituelle et sociale, une violence, sans perspective d’avenir, que personne ne tolèrerait un seul jour dans son propre milieu de vie. Nous nous souvenons de l’appel lancé par les lauréats du Prix Nobel de la Paix à consacrer la première décade du nouveau siècle à la non-violence. Nous nous remettons à l’écoute de l’invitation de Jésus qui a dit « laissez venir à moi les petits enfants ». Mettons-les au centre du tableau actuel de la marginalisation, interpellant ainsi la communauté internationale avec leur vulnérabilité et leur besoin de protection.

C’est pourquoi, nous adressons tous un appel à nos Eglises et à nos gouvernements :

  • à travailler avec une énergie renouvelée à mettre fin à à cette occupation militaire sans limite ;
  • à s’appliquer à la mise en oeuvre globale des résolutions de l’Organisation des Nations-Unies, et des exigences des Droits de l’Homme, selon la loi internationale, concernant le retrait d’Israël des Territoires occupés, et le droit au retour pour les réfugiés palestiniens ;
  • à s’appliquer à une plus grande liberté de mouvement, et à des conditions de vie plus humaines dans les Territoires occupés ;
  • à s’appliquer à obtenir qu’Israël accorde les mêmes droits à tous ses citoyens, juifs comme palestiniens ;
  • à retirer leurs investissements des entreprises qui favorisent l’occupation ;
  • à s’appliquer à obtenir d’Israël la levée du siège, et l’arrêt du châtiment collectif empêchant la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que de l’aide humanitaire, à Gaza, et enfin
  • à soutenir le travail de Sabîl dans ses efforts pour construire des ponts de non-violence entre tous, dans cette région où toutes les religions monothéistes sont représentées.

Nous avons entendu l’urgent appel de nos frères chrétiens de Terre sainte. Comme au temps de Jésus, Bethléem subit l’occupation militaire, aujourd’hui prisonnière d’un mur. Notre mémoire de la naissance de l’Enfant de Bethléem, il y a 2000 ans, est mise en question et interpellée par la situation actuelle des enfants de Bethléem, de leurs parents et de leurs grands-parents. Comme disciples de ce saint enfant, puissent nos esprits se rencontrer dans les rues de Bethléem dans la prière et dans l’action pour la lumière et pour la vie ! Puissions-nous chercher à troubler le statu quo de façon créative, par des actions qui sont le fruit de l’Esprit de courage, d’amour et de vérité.

Reçu du Pasteur Gilbert Charbonnier par les Amis de Jayyous - Sabîl


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