16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le nouveau visage de Jénine

vendredi 28 novembre 2008 - 07h:02

Juan Miguel Munõz

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Un déploiement massif de police, dont l’objectif officiel est de lutter contre la criminalité mais qui persécute des Palestiniens, suscite le rejet dans la population de Cisjordanie à cause de sa collaboration étroite avec Israël.

JPEG - 16.8 ko
On voit ici un milicien du Fatah s’attaquant à un "délinquant" armé de livres... Le jour, ces milices s’en prennent aux opposants du Fatah, et la nuit elles laissent le champ libre à l’armée israélienne.

Les principales villes palestiniennes en Cisjordanie se débattaient dans un grand désordre il y a quelques mois seulement. Des particuliers équipés de tous les types d’armes faisaient face à leurs concitoyens et imposaient une loi du plus fort qui servait seulement aux mafias, liées ou pas à des clans politiques.

On ne sait jamais si dans l’avenir on retombera dans les mêmes errements, mais à Hébron, Naplouse, Jénine et Tulkarem il règne un ordre que vantent de nombreux citoyens. Pas tous, loin de là. Parce que si les vols de véhicules et la criminalité en général sont en baisse, le déploiement massif de soldats et de policiers dans les rues suscite la suspicion entre d’innombrables habitants, qui considèrent les agents palestiniens comme des collaborateurs d’Israël.

L’an dernier, l’Autorité nationale palestinienne et le gouvernement de Salam Fayad se sont donnés comme obkectif de lutter contre le désordre. Ils ont commencé par les Brigades des martyrs d’Al Aqsa, la milice du Fatah, qui a accepté de se désarmer en échange de réductions de peine, de quelques pardons des autorités israéliennes, et même de se joindre à la nouvelle sécurité. Au jour d’aujourd’hui, ils ont disparu. En revanche, exiger des militants du Hamas ou du Jihad islamique de renoncer à leurs armes est peine perdue.

La rue centrale El Barid de Jénine étaient un de ces lieux interdits aux gens ordinaires après la tombée de la nuit. Le paradis des délinquants. « A partir de 5 heures de l’après-midi, les milices prenaient les rues. Les voitures volées circulaient sans problèmes. Tout cela est fini », a déclaré l’officiel Kasem. Ses collègues, à l’heure du déjeuner, surveillent chaque coin de rue. Les patrouilles se déplacent dans toute la ville.

Wasim Jayousi est le chef de la police de Jénine. Sous ses ordres, plus 700 uniformes bleu pour une population de 50 000 habitants. Dans son vaste bureau, devant une énorme photo du défunt Yasser Arafat, Jayousi explique que sa mission fondamentale est de lutter contre la criminalité. Il y a, cependant, que bon nombre de Palestiniens de Cisjordanie et ne figurant ni parmi les délinquants ni à la milice du Hamas ou du Jihad islamique, qui refusent de rendre les armes. « Nous sommes responsables », explique le commandement de la police, « de faire respecter la loi palestinienne et que personne ne puisse abuser du pouvoir parce que le pouvoir est à nous. Nous pouvons également arrêter des militants, et nous avons déjà capturé des gens du Hamas et d’autres mouvements. Si quelqu’un brandit une arme à feu il va en prison. »

Et c’est là qu’arrive le mécontentement. Une déception et une impuissance que ne cache pas l’agent Kasem. Parce que maintenant les soldats israéliens et les policiers palestiniens, bien que la suspicion entre les deux n’ait pas disparu, ont des relations très amicales. « Il y a cinq jours des soldats israéliens déguisés ont fait prisonnier un garçon dans le camp de réfugiés. Ils sont venus avec une voiture immatriculée en Palestine. Nous n’avons rien pu faire. Notre devoir serait d’empêcher qu’ils enlèvent le jeune homme. Mais nous ne pouvions rien faire », répète t-il.

« Évidemment, il y a des gens qui nous considérent comme des collaborateurs d’Israël. Beaucoup de gens », ajoute-t-il. Entre autres raisons parce qu’il s’agit d’une police à temps partiel. Ils s’appliquent à eux-mêmes une sorte de couvre-feu : à partir de minuit, le c ?ur de la ville est sous la responsabilité de l’armée israélienne, et les agents palestiniens observent les opérations de leurs casernes.

Parce que en plus, ce qui domine est la guerre que se livrent le Hamas (maître de la bande de Gaza) et l’Autorité palestinienne, (qui essaie à tout prix d’empêcher que ne se produise en Cisjordanie la même chose que dans la bande de Gaza). Le mouvement islamiste et certaines ONG affirment qu’il y a plus de 400 membres du Hamas aujourd’hui dans les prisons palestiniennes. Et beaucoup d’entre eux n’ont rien à voir avec les forces combattantes. Ils étaient dirigeants d’associations caritatives, directeurs d’hôpitaux, enseignants et universitaires, leaders étudiants et du réseau social et politique du Hamas. Personne ne l’ignore. Avant-hier soir, après être sorti d’une prison israélienne après 30 mois derrière les barreaux, l’un des dirigeants islamistes est entré dans une autre prison palestinienne.

À Hébron et à Naplouse, depuis quelques mois, les forces de la sécurité nationale se sont également déployées. Ils sont vêtus de vert militaire. « C’est une armée », admet Jayousi. Plus d’un demi-millier d’hommes dans chaque ville, entraînés en Jordanie, sous le commandement d’un général américain. Personne n’ignore quelle est sa mission : démanteler l’infrastructure des milices islamistes en Cisjordanie. Les généraux israéliens ont exprimé leur satisfaction pour la performance de ces brillants militaires, mais à la différence de la police en bleu, perçue favorablement par les Palestiniens, le nouvel organisme de sécurité suscite un rejet énorme chez bon nombre d’habitants de Cisjordanie.

Du même auteur :

- Le Musée juif de la discorde - 16 novembre 2008
- L’armée israélienne rompt la trêve en assassinant 7 militants dans Gaza - 9 novembre 2008
- Un prix Nobel de la Paix sur un bateau indomptable - 7 novembre 2008
- Pas de gouvernement Livni en Israël - 29 octobre 2008
- Tentative de pogrom à St Jean d’Acre - 25 octobre 2008

18 novembre 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.