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Irak : les occupants doivent partir (1°)

mardi 25 novembre 2008 - 06h:22

Mohamed Al-Faidhi - Al Ahram Weekly

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Serene Assir a interviewé à Madrid Mohamed Al-Faidhi, le porte-parole de l’Association des Disciples Musulmans en Irak (AMSI), sur le futur de la résistance irakienne et l’inéluctabilité du retrait des Etats-Unis.

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Mohamed Al-Faidhi

En tant qu’une des bases intellectuelles de la résistance irakienne, comment le travail de l’Association des Disciples Musulmans en Irak a-t-il débuté ?

L’AMSI a été créée après que l’occupation ait commencé ; il s’agit d’une association religieuse dont les préoccupations à l’origine n’étaient aucunement politiques et qui devait servir à combler le vide laissé par le ministère de l’Awqaf, ou des affaires religieuses. Nous étions également responsables d’établir des contacts avec les personnalités religieuses, tribales et sociales, pour élever la conscience générale sur des concepts tels que la citoyenneté, et pour réagir à tous les signes de guerre civile.

Par notre vigilance, nous en sommes arrivés à la conclusion que l’occupation a eu clairement l’intention de provoquer une guerre civile. Nous avons réussi à empêcher cela, par la publication de décrets religieux (fatwas) entre nous et à destination de tous les autres groupes confessionnels ou tribaux.

Nous avons également eu à notre charge une troisième responsabilité, qui était d’élever la conscience et la culture du peuple contre l’occupation, parce qu’au début il y avait beaucoup de personnes qui estimaient que les occupants étaient venus pour les aider, ou pour leur promettre une vie meilleure. Ainsi par nos initiatives, lors des rassemblements du vendredi dans les mosquées ou par nos réunions générales, nous avons prouvé aux gens que l’occupation ne sert pas la nation, que les occupants ont leurs propres objectifs, et que l’occupation agit pour détruire et non pas pour construire.

C’étaient nos premiers objectifs. Il n’y avait aucune raison de participer aux activités politiques parce que nous dépendions des forces politiques existantes, islamiques et autres, également patriotiques, qui assurent ce rôle à notre place. Cependant, après la création du Conseil de gouvernement en juillet 2003, nous avons été étonnés de constater que l’occupation manipulait la majorité des forces politiques, que ce soit ceux qui étaient venus avec les Américains ou ceux qui agissaient de l’intérieur. Ainsi nous nous sommes rendus compte que d’un jour à l’autre la voix de l’opposition à l’occupation avait disparu, tout cela parce que la majorité s’était impliquée dans un système politique que l’occupation avait mis en place et qu’un responsable civil, Paul Bremer, avait été chargé d’organiser.

A partir de ce moment-là l’AMSI s’est trouvée forcée de s’investir dans le travail politique pour ranimer les flammes de l’opposition et pour développer la mobilisation populaire contre l’occupation. Notre premier communiqué a concerné le Conseil de gouvernement et a été le signe que l’AMSI avait ajouté à ses responsabilités existantes une nouvelle responsabilité, celle de l’opposition dans les médias et du travail de sensibilisation politique face à l’occupation. Nous en sommes aujourd’hui au communiqué numéro 580, et toutes nos prises de position ont un contenu politique.

Comment la résistance à l’occupation s’est-elle développée ?

Ce que l’histoire nous apprend, c’est que la résistance connait en général trois phases. La première phase est une phase de réaction. C’était peut-être la phase la plus difficile parce que l’occupation a essayé de dissimuler l’existence de n’importe quel type de résistance en persécutant les journalistes qui mentionnaient l’existence de cette résistance. Dans cette phase, nous étions le principal porte-voix de la résistance, montrant qu’il y avait une résistance, et nous en fournissions les preuves.

Il y a une deuxième phase de la résistance, qui est un processus de clarification des différentes activités par des appelations et des slogans, qu’il s’agisse de noyaux d’organisations ou non. C’est la phase que la résistance vit actuellement. Il y a de nombreuses dénominations, dont les brigades de la révolution de 1920, l’armée d’Al-Rashidin, l’armée des Mujahideen, et c’est bien sûr une meilleure phase que la précédente — plus avancée. Une fois que ces noms sont apparus les forces d’occupation sont devenues comme folles, parce qu’il n’était plus possible de cacher aux médias l’existence de cette résistance et elles ont alors cherché à mettre en avant une autre idée, c’était que ces groupes ne résistaient pas au nom du peuple irakien, mais qu’il s’agissait plutôt de groupes venus de l’extérieur, présentés comme des terroristes.

Ceci a conféré à l’AMSI une nouvelle et difficile responsabilité qui était de faire connaître aux médias du monde entier que cela n’était pas vrai, qu’il existe une résistance considérée comme légitime par les religions du livre et les accords des Nations Unies, et que d’autre part il y a le terrorisme. Nous rejetons le terrorisme qui vise des civils, toutefois nous sommes avec la résistance, et ce que fait notre peuple, c’est de la résistance et non pas du terrorisme.

Nous sommes aussi entrés en confrontation avec les forces d’occupation en raison de ces idées et nous avons été pris pour cible. Rien qu’à l’AMSI nous avons eu approximativement 200 martyres, et nous avons 180 prisonniers dans les prisons de l’occupation et du gouvernement. La raison de tout cela est que nous avons donné notre appui à la résistance, et notre travail a fait échoué les tentatives de masquer la réalité.

Actuellement la résistance est dans cette phase, la seconde phase. Et nous travaillons dans ce cadre et nous rappelons toujours ses objectifs, et partout où nous allons dans le monde arabe et même en Europe notre rôle est de faire savoir qu’il y a une résistance et qu’elle a des buts qui sont nobles et que les combattants ne sont pas des terroristes, qu’il veulent libérer la nation et établir un état en accord avec les critères suivis partout dans le monde — pour qu’il y ait un processus électoral désignant les autorités — et ceci est notre droit.

Il y a une troisième phase dans l’histoire des mouvements de la résistance, que la résistance irakienne n’a pas encore atteint aujourd’hui. Nous travaillons afin d’arriver à cette troisième phase, et c’est celle où apparait une direction unifiée qui rassemble l’ensemble des différents courants de la résistance, qui dispose d’une certaine base territoriale et qui oblige l’ennemi à s’asseoir à la table des négociations. Honnêtement, il est très difficile atteindre cette phase. Normalement, si on se réfère à des mouvements de résistance dans l’histoire, ce qui se produit dans la deuxième phase est que la résistance commence à bénéficier d’un appui international.

Considérez par exemple la résistance vietnamienne, ou la résistance algérienne. Une fois qu’il y a eu des organisations et des noms connus dans le mouvement de résistance, les différents états ou peuples ont commencé à manifester de la sympathie. Mais la résistance dans notre cas est différente. Elle n’a pas encore gagné un appui international, pas même dans la région, et la raison est que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité — et ceci est très marquant — il y a une résistance alors qu’il y a un pouvoir dominant dans le monde.

À travers l’histoire, tous les mouvements de résistance qui ont émergé, que ce soit dans notre monde arabe ou en Europe ou ailleurs, connaissaient un contexte avec plusieurs centres de pouvoir. Par conséquent lorsqu’un mouvement de résistance se levait contre un de ces centres, il pouvait trouver l’appui d’autres pôles de pouvoir. Considérez par exemple la résistance vietnamienne. Il y avait l’URSS, et c’était une grande puissance, et il y avait aussi la Chine, et il y avait le mouvement des états non-alignés, et il y avait à peu près 47 états socialistes qui tous soutenaient la résistance vietnamienne.

La situation de la résistance irakienne est unique en ce sens qu’elle résiste dans un monde qui est pour la première fois de son histoire dominé par un seul pôle de pouvoir. Et il est malheureux que ce soit celui que l’on connaisse. Ceci fait que la résistance connait de grandes difficultés.

Puisque ce centre de pouvoir domine la politique internationale et les organisations et médias au niveau international, il parvient à contrôler — que ce soit économiquement ou moralement, dans les médias ou au niveau politique — n’importe quelle entité qui voudrait soutenir la résistance,

Nous étions, sans exagérer, ceux qui ont le plus soutenu la résistance contre l’occupant, quoique nous nous soyons ainsi exposés aux coups.

La résistance se situe actuellement dans la seconde phase, et nous luttons et travaillons pour que la résistance accède à la troisième phase, afin de forcer notre ennemi à négocier et à se retirer de notre terre, et pour que notre pays soit restitué à notre peuple.

En raison du caractère unique de la résistance irakienne, tel que vous le décrivez, beaucoup ont la sensation que la résistance lutte au nom de nous tous — même en dehors du monde arabe. En êtes-vous d’accord ?

Je peux vous assurer, comme je le dis toujours devant les médias, que la résistance irakienne est non seulement une résistance irakienne. Elle résiste au nom du monde arabe, du monde islamique et du monde dans son ensemble. L’Amérique opprime tout le monde. Sa portée s’étend partout dans le monde, du nord au sud, d’est en ouest. C’est une réalité que chacun connait. La résistance irakienne prend en charge la défense des droits de tous.

Je me rappelle une anecdote. J’ai un ami à Londres qui travaille dans la traduction et il a des employés originaires de Chine. Un employé me demandait chaque matin combien d’Américains avaient été tués sur le sol irakien et je lui donnais la réponse. Je pouvais constater que lorsque le nombre d’Américains [tués] augmentait, il était heureux. J’ai fini par lui demander, étant donné sa sympathie pour le peuple d’Irak, s’il était peut-être musulman ? Il m’a alors dit non.

Je lui ai donc demandé pourquoi il était si heureux chaque fois que le nombre d’Américains tués était important ? Il m’a répondu que nous en Irak, nous étions une barricade, et si cette barricade s’effondrait, la main des Américains atteindrait alors la Chine. Il est possible qu’un Russe dise la même chose, ou même un Européen pourrait dire cela, car les Européens savent bien que l’Amérique a violé toutes les frontières et a piétiné les droits et les aspirations de tous les peuples.

Lien vers la seconde partie

Sites conseillés :

- Islamic Army in Irak
- Iraq Coalition Casualty Count
- The Electronic Irak
- Iraqi Solidarity News (Al-Thawra)

31 October 2008 - Al Ahram weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2008/922...
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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