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Les Irakiens veulent abattre les murs

vendredi 21 novembre 2008 - 08h:12

Ahmed Janabi - Al Jazeera.net

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Pendant que le parlement irakien tente de discuter de l’accord entre les États-Unis et l’Irak (US-Iraq Status of Forces Agreement - Sofa), les habitants de Bagdad demandent au gouvernement de démolir les murs qui séparent leurs quartiers les uns des autres.

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Par l’intermédiaire des Etats-Unis, Israël a exporté en Irak son modèle d’occupation colonial...

Les Irakiens disent que les murs ont été conçus pour renforcer le sectarisme et pour établir un certain nombre de cantons ; maintenant que la sécurité s’est améliorée, il n’y a selon eux plus aucune raison de tolérer que ces murs restent en place.

Maysoon Abd Al-Hamid, un ingénieur de 57 ans originaire d’Adhamiya, explique que les murs sont un cauchemar.
« Je ne peux pas croire que cela nous arrive à nous, au 21ème siècle... que nous vivions dans une prison à ciel ouvert, mis en cage comme des animaux. Les murs ont coupé nos quartiers en morceaux et ont changé la carte de notre capitale. »

Après l’invasion des Etats-Unis et la chute de l’ancien gouvernement, Adhamiya, est un quartier principalement sunnite où vivent surtout des gens de la classe moyenne et d’anciens officiers de l’armée irakienne.

En avril de cette année, les forces américaines en Irak ont commencé à construire un mur de séparation autour de la zone nord, qui a par le passé accueilli le siège du califat Abbaside et qui après 2003 était devenu un bastion pour ceux qui s’opposaient à l’occupation militaire américaine.

A l’est d’Adhamiya, la plus grosse partie du quartier shiite de « Sadr city » est aussi encerclée par un mur de séparation. Fondé par Abd Al-Karim Qassim, le premier ministre irakien en 1958, ce quartier a accueilli des paysans venus à Bagdad depuis la campagne.

Le quartier a alors grandi et est devenu l’un des plus importants de Bagdad.

Renforcer le sectarisme

Mais les autorités d’occupation en Irak expliquent que les murs ont été construits pour limiter les activités de la milice [la résistance] qui a utilisé les deux zones comme bases à partir desquelles lancer des attaques dans Bagdad.

Abdellatif Rayan, correspondant pour les médias pour les forces multinationales en Irak et qui a quitté ses fonctions peu de temps après avoir été interviewé par Al Jazeera, a déclaré : « Les forces de la coalition ne construisent pas des murs pour séparer les communautés. Nous rendons les quartiers sûrs, les marchés sûrs, et les routes sûres. »

Selon lui « les murs ont limité la libre circulation de l’ennemi et ont protégé le peuple irakien. » « Nous avons constaté le succès de cette tactique dans l’ensemble de Bagdad, » a-t-il encore dit à Al Jazeera.

Abu Saif, un habitant d’Adhamiya, explique quant à lui que les déclarations officielles américaines au sujet des murs sont hypocrites.

« Nous pensons que le mur sont une tactique pour les protéger eux et pas nous ; nous avons vu les pertes qu’ils ont endurées. S’ils étaient vraiment préoccupés de nous-mêmes, ils auraient démoli ces murs il y a longtemps, étant donné les difficultés que cela a généré pour les habitants des quartiers d’Adhamiya et de Sadr. »

Kamal Al-Hayani, un enseignant d’Al-Sadr, ressent les murs comme une humiliation.

« Que signifient ces murs ? Ils signifient que les gens qui vivent derrière eux sont dangereux et sont des criminels. Je refuse d’être moi-même traité comme un meurtrier parce qu’un groupe de criminels vivrait dans mon voisinage, » nous dit-il.

Le commerce affecté

Les murs ont également eu un effet économique négatif sur les communautés qu’ils encerclent.

Les prix des produits de base ont brusquement augmenté car les négociants sont obligés de traverser une myriade de points de contrôle et de murs en béton.

Abu Farah, un épicier qui possède un magasin dans Adhamiya, nous explique que les habitants ne peuvent pas se permettre d’acheter un grand nombre des produits qu’il propose à la vente.

Il dit également que le mur dans certaines parties d’Adhamiya empêche de voir plusieurs des magasins. « Dans les magasins concernés, les affaires sont tombées à un minimum, et les négociants n’ont eu d’autre choix que d’augmenter les prix pour composer leurs pertes. »

Styles de vie altérés

Maysoon qui est ingénieur à Adhamiya, explique que les murs ont détruit le système des adresses dans Bagdad.

« Quand vous avez des visiteurs, au lieu de leur donner votre adresse juste comme vous le feriez dans n’importe quelle ville civilisée, vous devez leur donner une borne sur le mur et les y attendre, » dit-elle. « C’est très pénible. »

Mais Abdellatif Rayan [des forces américaines doccupation] prétend que les murs ont permis aux habitants d’Adhamiya de vivre dans un environnement plus sûr.

« Il y avait des lignes rouge à partir desquelles la milice et al-Qaeda combattaient, expulsant et même parfois tuant des familles, » dit-il. « En circulant dans Adhamiya, quartier où il y avait une présence significative d’al-Qaeda, on peut estimer que les murs ont permis un certain degré de contrôle sur les accès. »

20 novembre 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction de l’anglais : AIO


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