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Les raisons du refus du Hamas de participer au dialogue du Caire (1 et 2)

vendredi 14 novembre 2008 - 06h:17

Abou Marzouq - CPI

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Abou Marzouq nous donne les raisons du refus du Hamas de participer au dialogue du Caire (1)

Abou Marzouq a appelé les responsables égyptiens à fournir tous les moyens nécessaires à la réussite du dialogue national palestino-palestinien.

Dr. Abou Marzouq est le vice-président du bureau politique du mouvement du Hamas et le président de la délégation représentant le mouvement au dialogue du Caire, dialogue reporté pour le moment.

Après une concertation interne avec d’autres factions palestiniennes dont le Djihad Islamique, la Direction Générale et As-Saïqa, le mouvement du Hamas a décidé de s’en retirer, du moins pour le moment.

Le mouvement n’y participera pas tant que les toutes les conditions ne sont réunies, tant que la campagne d’arrestation menée contre les résistants en Cisjordanie n’a pas pris fin.

Abou Marzouq a parlé de ces sujets et d’autres dans l’interview exclusive donnée à notre Centre Palestinien d’Information (CPI). En voici la traduction de certains extraits publiée en deux parties.

(1ère partie)

CPI : La nouvelle qui court actuellement parle de votre refus de vous présenter au dialogue du Caire. Elle parle également de la décision égyptienne de le remettre à plus tard, ce dialogue. Quelles en sont les raisons ?

Abou Marzouq : C’est après une longue concertation avec les autres factions palestiniennes, dont le mouvement du Djihad Islamique, la Direction Générale et As-Saïqa, que le mouvement du Hamas a décidé de s’excuser de ne pas s’y présenter. Nous avons informé les responsables égyptiens samedi 8 novembre.

Cette décision a été prise après avoir été informé que les exigences du Hamas et des autres factions palestiniennes n’avaient pas été prises en considération. On demandait la préparation du terrain pour un dialogue sérieux. Il faut en particulier stopper la campagne d’arrestation encore menée contre les résistants en Cisjordanie. Le refus d’Abbas, dans sa conférence de presse, de reconnaître l’existence de détenus politiques en Cisjordanie représente un encouragement implicite aux agissements des services de sécurité pratiqués contre le peuple palestinien.

CPI : En tant que président de la délégation du Hamas, voulez-vous nous mettre au courant de ce qui se passe au Caire ?

Abou Marzouq : Depuis un certain temps, le Caire a entamé des pourparlers avec les factions palestiniennes pour réconcilier les partis palestiniens. Le mouvement du Hamas a eu plusieurs rencontres avec les Egyptiens dans le dessein de remédier à la division politique palestinienne qui avait vu le jour le 14 juin, au profit de l’intérêt national et en soutien à l’union nationale.

Le Caire a rencontré les factions palestiniennes et a rédigé le brouillon du dialogue. Mais il y a eu une grande erreur : la feuille a été diffusée par les médias.

Il y avait aussi eu la question de rencontres préalables. Mais le Caire les a laissées tomber et n’a déclaré que le brouillon du dialogue dans une réunion générale des factions palestiniennes.

Puis il a été question de créer une ambiance saine de laquelle partira le dialogue palestino-palestinien. Mais la surprise a été de voir le nombre d’arrestations en Cisjordanie augmenter, des centaines d’établissements être fermés. Il faut donc négocier ces sujets avant de commencer tout dialogue.

CPI : Est-il vrai que votre dernière visite au Caire a été décidée après une communication téléphonique mouvementée entre Khaled Michaal, président du bureau politique du mouvement du Hamas, et le ministre égyptien Amro Soliman ?

Abou Marzouq : Avant notre visite du Caire, Khaled Michaal a mis le directeur égyptien du service des renseignements au courant de tout, afin de réussir le dialogue. Il est normal que les échanges soient un peu francs pour arriver à quelque chose au service de notre cause et de nos objectifs nationaux.


(2è partie)

CPI : Vous avez refusé la présence du président de l’autorité palestinienne à la séance d’ouverture. Pourtant, vous connaissez en lui un président légitime. Le prenez-vous comme étant une partie du problème ?

Abou Marzouq : Le président est toujours une partie intégrante quant aux négociations entre le Fatah et le Hamas. Au Sénégal, c’était lui qui a ordonné à Hikmat Zaïd de se retirer des négociations. C’était lui également qui a annulé les ententes de Sanaa. A Mecque, sans lui, aucun accord n’a été possible, ainsi qu’au Caire en l’an 2005... Nous sommes donc concernés de voir le président dans les dialogues du Caire.

Cependant et objectivement, pour la réussite de ce dialogue, les deux partis doivent être représentés à part égale.

Sinon, le dialogue n’aura aucune chance de réussir. Nous en avons fait part aux frères égyptiens, en toute franchise.

CPI : Certains médias disent que le Caire vous a officiellement informé que vos modifications suggérées sur la feuille égyptienne n’ont pas été admises. Quelles sont vos positions ?

Abou Marzouq : Il est impossible que la feuille égyptienne soit aussi étanche à toute modification. En fait, toute feuille présentée comme base de négociations n’est qu’un projet et non un contrat à signer. La feuille n’est pas là pour qu’elle soit contemplée uniquement. Elle est-là pour être discutée et pour que l’on se mette d’accord sur ses points. N’est-ce pas ainsi qu’un dialogue se constitue ?

CPI : Tout le monde cherche des garanties pour la réussite du dialogue. Et vous, au Hamas, ne craignez-vous pas que ce qui s’était passé à la Mecque, à Sanaa et à Dakar, se répète ?

Abou Marzouq : L’affaire est cette fois différente. Les conditions locales, régionales et internationales ne sont pas tout à fait pareilles...

Et puis, toutes les factions palestiniennes ont suggéré des modifications. La feuille ne pourra pas ignorer des sujets importants : la ville d’Al-Quds, les réfugiés, la résistance et beaucoup d’autres sujets.

Par ailleurs, il y a des affaires qui peuvent être traitées tout de suite tels le poste de la présidence, les élections législatives, les modifications constitutionnelles.

CPI : Certains observateurs ont considéré les campagnes sécuritaires menées en Cisjordanie comme une tentative destinée à empoisonner le climat de dialogue. Le Caire pourra-il faire quelques chose de positif à cet égard ?

Abou Marzouq : Nous ne voulons pas du Caire qu’il fasse des miracles. Par contre, nous savons que les Egyptiens peuvent faire beaucoup. Une fois, par un simple coup de fil, ils ont annulé l’ordre d’arrestation donné contre un de nos leaders en Cisjordanie. Ils pourront demander au président Abou Mazen de relâcher les gens afin que la question de l’arrestation prenne fin, enfin.

Cette campagne sécuritaire menée en Cisjordanie est adressée contre le mouvement, ses cadres, ses leaders. Beaucoup d’entre eux sont licenciés de leur travail, de leurs postes, de leurs fonctions. Beaucoup d’établissements et associations de bienfaisance sont fermés. Est-il logique qu’il y ait un dialogue dans un tel climat ?

CPI : La fermeture du point de passage de Rafah, l’interdiction d’une délégation parlementaire palestinienne de voyager et le refus du Caire des modifications apportées par les factions palestiniennes ne vous poussent pas à chercher un autre intermédiaire ?

Abou Marzouq : Nous avons accepté l’Egypte comme intermédiaire et de travailler avec les frères égyptiens, avec beaucoup de transparence. Néanmoins, nous les appelons à traiter le peuple palestinien de façon juste, ainsi que le mouvement (du Hamas).

Dans la question palestinienne, personne ne pourra mettre l’Egypte de côté. Maintenant et à l’avenir, nous travaillons avec l’Egypte. Les frères égyptiens connaissent parfaitement le dossier palestinien. Cela n’empêche bien évidemment pas que nous leur parlions en toute franchise. C’est vrai que les affaires citées nous font mal, mais nous en parlerons avec les frères égyptiens pour y trouver des solutions.

CPI : Vous et quatre factions palestiniennes avez boycotté le dialogue. Vos positions sont-elles identiques ?

Abou Marzouq : Les factions palestiniennes pensent que certaines conditions doivent être réunies pour la réussite du dialogue. Par exemple, étant un parti du problème, le président Abou Mazen ne doit pas donner un discours comme étant un superviseur, dans la séance d’ouverture.

Sinon, l’autre parti doit avoir le même traitement et doit pouvoir donner lui aussi un discours dans cette séance d’ouverture. Les factions voient dans les arrestations pratiquées en Cisjordanie comme des tentatives de sabotage contre les efforts de réconciliation. Le Caire a donc pour devoir d’assurer le climat de réussite du dialogue.

13 novembre 2008 - CPI (interview exclusive)


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