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Quartet : un rassemblement pour la forme

jeudi 13 novembre 2008 - 11h:13

Chaïmaa Abdel-Hamid - Al-Ahram/hebdo

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Une nouvelle réunion du Quartette sur le Proche-Orient s’est terminée à Charm Al-Cheikh sur une déclaration solennelle n’ajoutant rien de concret pour un règlement du conflit israélo-palestinien

Pour la 19e fois depuis la création de ce groupe, le Quartette, réuni dimanche dernier à Charm Al-Cheikh, s’est prononcé contre la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés, reprenant toutes les recommandations sur lesquelles l’accent a été mis plusieurs fois. Mais rien n’y fait. Le groupe, qui réunit les Nations-Unies, l’Union Européenne (UE), les Etats-Unis et la Russie, ne cesse de répéter les mêmes déclarations et d’avancer les mêmes recommandations, de quoi faire émerger de nouvelles interrogations sur l’efficacité de ces réunions, voire de tout le Quartette. Mais lors de la dernière réunion, le Quartette a cependant noté, devant ses interlocuteurs arabes, que des progrès politiques « substantiels » ont été enregistrés dans les pourparlers sans donner des preuves concrètes de ce progrès à moins qu’il ne s’agisse de la confirmation par l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien de leur volonté de poursuivre les négociations.

L’objectif de cette nouvelle rencontre était de se pencher sur les progrès enregistrés dans le cadre des discussions de paix israélo-palestiniennes. Elle intervient aussi dans le cadre de la « célébration de l’anniversaire de la conférence d’Annapolis », au cours de laquelle il a été promis d’atteindre un accord de paix vers la fin de l’année 2008. Des espoirs qui se sont évaporés de l’aveu même de l’Administration Bush qui a reconnu son échec pour la première fois cette semaine.

Sous la férule américaine

Pour Mohamad Gomaa, chercheur spécialiste des affaires palestiniennes, le Quartette n’est dans le fond qu’une formule inventée par les Etats-Unis, afin de calmer les pays arabes. « Le pouvoir du Quartette est très limité et ne peut dépasser celui du Conseil de sécurité ». Et d’ajouter : « Toutes les décisions prises lors de telles réunions n’ont aucune garantie d’exécution et manquent de calendrier. Il est bien loin d’imaginer, avec ce Quartette, la moindre avancée sur le dossier », explique-t-il.

Ceci semble être vrai. Le Quartette se réunit pour entendre un rapport des responsables israéliens et palestiniens sur l’évolution du processus de paix avant de faire une déclaration solennelle. D’ailleurs, de nombreux officiels israéliens et palestiniens ont souligné bien avant la dernière rencontre qu’ils n’accepteraient aucun accord intérimaire, ce qui semblait l’unique issue, la seule manière de sauver la face. En effet, il suffit de voir les dernières déclarations pour le prouver. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, n’a pas hésité à admettre l’impossibilité d’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens en 2008. « Je n’ai pas l’intention de capituler devant les pressions pour produire des documents intérimaires », a-t-elle lancé quelques jours avant la conférence du Quartette. La Maison-Blanche a reconnu ouvertement et pour la première fois qu’un accord de paix israélo-palestinien était improbable avant la fin 2008, objectif fixé sous la présidence de Bush. « Non, nous ne croyons pas qu’il soit probable », a dit la porte-parole Dana Perino.

Du côté palestinien, la situation n’est pas bien plus optimiste. Le président palestinien, Mahmoud Abbass, ne croit pas non plus à un accord cette année. « Parce que les gouvernements américain et israélien sont aujourd’hui occupés par autre chose et le délai très court ne permet pas de conclure un tel accord », a-t-il déclaré.

Pour le politologue Saïd Okacha, le Quartette ne constitue dans le fond qu’une représentation symbolique qui ne traduit pas la valeur réelle de l’équilibre des forces. Ce ne sont pas tous les participants qui pourraient détenir des cartes véritables afin de mettre fin au conflit israélo-palestinien. « Aucun de ces médiateurs ne possède une réelle influence à part les Etats-Unis, mais uniquement s’ils le veulent ».

Un rapport choquant

L’objectif ambitieux d’Annapolis semble donc de plus en plus hors de portée. Il n’est pas surprenant, aujourd’hui, qu’une coalition de 21 organismes d’aides internationales a publiquement critiqué les faiblesses du Quartette pour avoir échoué dans sa mission. Effectivement, créé depuis 2001, le Quartette des médiateurs internationaux pour le règlement du conflit proche-oriental n’a absolument pas fait de progrès. Il a été donc pointé du doigt dans ce rapport publié en septembre dernier. Il avertit que les problèmes majeurs que le Quartette s’était engagé à traiter demeurent, voire se sont aggravés depuis la conférence d’Annapolis. Il souligne aussi que le Quartette « ne parvient à améliorer ni les conditions de vie des Palestiniens ni les perspectives d’aboutir à la paix ». Bien au contraire, « il y a eu une forte accélération de la construction de colonies et il n’y a aucune tentative sérieuse de la part des autorités israéliennes pour démanteler les postes avancés de colonies ».

Pour Okacha, il est illogique de parler de réussite ou d’échec des efforts du Quartette. « Il s’agit d’une prise de conscience tardive de la situation. Depuis sa formation, le Quartette ne possède aucun mécanisme pour avoir une minime influence », explique-t-il. Il n’est donc pas à nier que la présence du Quartette n’a surtout pas servi les Palestiniens. D’après Gomaa, « le Quartette a aidé les Américains à avoir recours à la ruse dans la crise israélo-palestinienne. Washington ne fait que tourner autour du pot par l’intermédiaire du Quartette sans résoudre le moindre problème pour les Palestiniens ».

Al-Ahram/hebdo - semaine du 12 au 18 novembre 2008, numéro 740 -
(Evènement)


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