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A quand l’union arabe ?

mercredi 12 novembre 2008 - 10h:09

Morsi Attalla - Al-Ahram/hebdo

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Le projet arabe est gelé depuis environ un demi-siècle à cause des craintes illusoires de voir perdre l’individualisme et la particularité de chaque pays.

Malheureusement, certains journaux et chaînes satellites ont tendance à propager des avis qui ne constituent qu’une face de la réalité. Il est vrai que le recul et l’impuissance arabes sont actuellement indéniables, mais ce n’est pas un prétexte pour tenter de donner l’impression que l’idée même de l’union arabe est illusoire et impossible.

Les projets d’union et de complémentarité arabes, en particulier au niveau économique, n’ont pas échoué parce que ce sont des projets non-réalistes, mais parce qu’ils ont eu un mauvais point de départ. C’est-à-dire la conscience des peuples et leurs intérêts. Au contraire, les projets arabes d’union et de complémentarité avaient parfois pour motifs des pressions émotionnelles et d’autres fois, ils ont été effectués dans le cadre de politiques axiales.

De plus, il est injuste de dire que toutes les tentatives arabes d’union et de complémentarité économiques ont échoué tout simplement parce qu’elles ont trébuché. Et ce, sans mentionner clairement que la responsabilité de cet échec revient à la poursuite des conflits régionaux et à l’absence de la culture de l’intérêt commun. Celle-ci doit supprimer du lexique culturel arabe tous les termes de discrimination entre les différents pays. Ces mêmes termes doivent être remplacés par la culture des frontières ouvertes et du libre-échange commercial, sous la protection de systèmes bancaires et fiscaux renforçant chez les peuples l’idée de l’importance de l’union. Et ce, à la place des complications effrayantes qui font que les gens hésitent même à approcher des frontières géographiques.

La reconnaissance de la réalité du démantèlement et de l’isolement arabe ne doit pas constituer un prétexte pour dire que le régime arabe est devenu une charge lourde pour ceux qui y participent. Au contraire, cette reconnaissance doit ouvrir la voie à un dialogue libre et franc autour des moyens de concilier entre les intérêts de chaque pays séparément et les intérêts arabes nationaux qui en fin de compte protègent la sécurité, la stabilité et la puissance de chaque Etat arabe sans aucune exception.

Comment oublier que le géant européen qui a réussi à atteindre la phase de l’union monétaire et de l’instauration d’une volonté politique unie n’est autre que le fruit d’une expérience qui a commencé en 1956 sous le nom de la Communauté Economique Européenne (CEE). Tout comme le projet arabe qui est gelé depuis environ un demi-siècle à cause des craintes illusoires de voir perdre l’individualisme et la particularité de chaque pays. Or, l’expérience européenne a prouvé que ceci n’était pas vrai. En effet, aucune contradiction n’existe entre l’union de la nation et la souveraineté de chaque Etat. Rappelons que les pays arabes ont même précédé les pays européens dans l’appel à créer un marché commun, et ce alors que les Etats européens tentaient encore de remédier à leurs pertes matérielles et psychologiques après la Seconde guerre mondiale qui a détruit l’Europe. Cependant, les Européens ont réussi à dépasser leurs crises et surtout leurs différends et à fonder une union politique et économique qui leur a permis de construire une puissance mondiale géante.

Il est temps aujourd’hui de ressusciter le rêve arabe, même si certains indices sont décourageants. Pour que ce rêve se réalise, il faut du temps, de la patience, et surtout de la confiance. Sans oublier le rôle des médias qui doivent répandre des avis optimistes et courageux et non des avis pessimistes et décevants. Sinon, il n’y aura aucun espoir de réaliser un progrès autant au niveau de l’union arabe qu’au niveau intérieur de chaque pays dans un avenir proche.

Du même auteur :

- Méthodes différentes ... mêmes objectifs
- Mondialisation et mutations
- Le jeu israélien
- Un nouveau monde, de nouvelles crises
- La politique américaine et les Arabes

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 12 au 18 novembre 2008, numéro 740 (Opinion)


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