16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Lettre ouverte aux négociateurs palestiniens du Caire

mercredi 29 octobre 2008 - 06h:58

Said I. Abdelwahed - Ma’an News

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Je suis un citoyen palestinien pauvre et déshérité, vivant dans la ville de Gaza, comme des milliers de Palestiniens démunis et défavorisés. Je suis pauvre en raison du bouclage israélien et de son contrôle total sur notre vie, et qui dicte quelles marchandises entrent dans la bande de Gaza. Je me sens pauvre, opprimé et sans ressources.

JPEG - 19.3 ko
Famille de Gaza tombée dans la pauvreté après des années de blocus et de chômage - Photo : MaanImages

Je suis pauvre parce que je n’ai pas d’affiliation politique, et les indépendants en Palestine n’ont pas de chance.

Les Palestiniens ne doivent pas imiter l’autruche quand elle enfouit sa tête dans le sable pour éviter de voir ce qu’elle ne veut pas voir ! Les Palestiniens doivent ouvrir leurs esprits et leurs coeurs et admettre que leur partialité a détruit l’ensemble du tissu social de la communauté palestinienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

Ils doivent aussi admettre l’impact négatif que les luttes de factions ont eu sur les Palestiniens qui vivent en Jordanie, au Liban, en Syrie et peut-être en d’autres lieux, où ils vivent dans des quartiers près les uns des autres, comme les camps de réfugiés.

Pour sortir de la pauvreté nous avons besoin de plus que le difficile travail de l’UNRWA et d’autres ONG qui pourvoient en produits de base. Pour vivre nous avons besoin de plus que de secours, nous avons besoin aussi de liberté de parole, d’éducation bien conçue, et de soins de santé de qualité dans un État indépendant. La réalisation de ces rêves ne devrait pas signifier une politisation extrême de la vie où toutes les personnes sont étiquetées et tous les partis sont ennemis.

Nous avons besoin d’ écoles et de politiques éducatives et d’administrations professionnelles non-politisées . Nous avons besoin d’hôpitaux bien équipés avec des systèmes administratifs organisés et protégés de la maladie politique de l’esprit partisan.

Je ne me préoccupe pas de savoir si le médecin qui soigne mes enfants est membre du Hamas, du Fatah, ou de toute autre organisation. Leur appartenance politique n’a absolument aucune importance . Ce qui compte pour moi, c’est son professionnalisme et son honnêteté, à lui ou à elle.

Quand les critères d’évaluation des membres du personnel médical, qu’ils soient médecins ou d’infirmières ou autres intervenants, sont leur affiliation politique, alors j’en arrive à penser que l’ensemble du système de santé se va s’effondrer ! Quand la nomination du personnel médical est fondée sur l’appartenance à un parti, plutôt que sur le professionnalisme et l’expérience, alors le traitement des citoyens sera partial de même. Comment peut-on être sûr qu’un partisan du Fatah recevra un traitement approprié de la part d’une infirmière du Hamas ? Une telle situation n’est-elle pas honteuse ?

Au milieu de tous ces clans, l’individu est pris comme dans un filet et finit par devenir une nouvelle victime des factions.

Je m’interroge au sujet de ces partis loyalistes. Est-ce que votre esprit partisan peut protéger et faire progresser la dignité et l’honneur ou le peuple palestinien d’une quelconque façon ? Est-ce que votre favoritisme peut conduire à un État indépendant ? Avez-vous vraiment l’espoir de voir un Etat palestinien indépendant ?

Toute personne cherchant l’honneur, la dignité et l’indépendance politique pour la prochaine génération du peuple palestinien, aura d’abord besoin d’une grosse dose d’abnégation et d’auto-évaluation, d’un authentique moment de vérité historique. Cette vérité pourrait apparaître au cours de négociations le mois prochain en Egypte.

Ainsi, pour les équipes de négociation au Caire : rappelez-vous que vous avez humilié des dizaines de milliers de membres du peuple palestinien à chaque fois que vous vous êtes affrontés ! Rappelez-vous que vous nous humilierez davantage si vous échouez.

Un merci à l’Égypte, et à ses dirigeants qui ont rendu les pourparlers possibles ; quant aux négociateurs, vous recevrez notre gratitude quand vous nettoierez vos coeurs et vos esprits et quand, soucieux de votre peuple, vous mettrez fin à cette division. Quand vous parviendrez à cet accord, je vous enverrai une lettre de remerciements et de gratitude, et une promesse de travailler plus honnêtement, plus sincèrement , plus inlassablement pour les générations palestiniennes futures, et pour la paix et la prospérité de l’ensemble de la région.

Ce que je puis dire, c’est que je suis encore un palestinien avec un beau rêve en tête.

Said I. Abdelwahed
Professeur d’anglais et de littérature comparée
Université Al-Azhar de Gaza
Gaza, Palestine

8 octobre 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction de l’anglais : Laurent


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.