Torturés dans les prisons de Cisjordanie
vendredi 24 octobre 2008 - 11h:22
Ola Attallah - Palestine Chronicle/IslamOnline
« Les arrestations se font à un rythme quotidien » dit Shawan Gabbarin, responsable de l’organisation de défense des droits humains Al-Haqq (le Droit).
- Selon des militants pour les droits humains, il y a près de 270
« détenus politiques » dans les prisons de Cisjordanie.
Hamza Al-Qaraawi, élève infirmier à l’université An-Najah, est chez lui avec sa famille quand il entend frapper à la porte. Quand il ouvre la porte, une dizaine d’individus en civil, le visage grimé, prennent la maison d’assaut.
« Ils m’ont frappé avant de m’emmener vers une destination inconnue » dit Qaraawi à IslamOnline.net (IOL)
Qaraawi a été emmené dans une prison de l’Autorité palestinienne, comme il l’a découvert par la suite, où il aurait subi une nouvelle série de coups.
« Je saignais de partout » dit-il, en évoquant son expérience cauchemardesque. « Ils ont fait venir un médecin qui leur a demandé d’arrêter ces violences sur moi mais en vain » ajoute Qaraawi qui a été libéré 9 jours plus tard.
« Ils utilisent les mêmes techniques de torture que les forces d’occupation israéliennes, telles que le shabh et la privation de sommeil. »
Le shabh (mot arabe pour fantôme) est une technique où le prisonnier est ligoté pendant de longues périodes de façon à ce que cela lui cause de grandes douleurs, spécialement dans les mains et le dos.
Le Hamas a accusé les forces de sécurité fidèles au Fatah, son rival, d’opérer des séries d’arrestations « politiques » contre ses sympathisants en Cisjordanie, depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza l’an dernier.
« Mon mari a été gravement torturé à la prison Al-Janeed de Naplouse » dit l’épouse d’Ismail Abdul-Kareem qui a été enlevé dans sa maison par les forces de sécurité palestiniennes. « Nous sommes restés des semaines à nous interroger sur son sort avant que nous découvrions qu’il était détenu à la prison Al-Janeed. »
Abdul-Kareem a été détenu 40 jours puis libéré.
« Depuis, il a été admis à l’hôpital dans un état critique » dit son épouse déconcertée.
Les mauvais traitements à l’encontre de ceux qui soutiennent le Hamas seraient devenus pratique courante en Cisjordanie.
« La torture nous rend fou » indique un ex-détenu récemment libéré à IOL et qui souhaite que son nom ne soit pas cité. « Ils n’arrêtaient pas de me donner des coups de poing et des coups de pied, même quand je me mettais à saigner du nez, de la bouche et de la tête. »
En février dernier, un sympathisant du Hamas, le Sheikh Magd Al-Barghuthi, est mort des suites de tortures au siège des services de renseignements palestiniens.
Selon des militants pour les droits humains, il y a près de 270 « détenus politiques » dans les prisons de Cisjordanie.
« Les arrestations se font à un rythme quotidien » dit Shawan Gabbarin, responsable de l’organisation de défense des droits humains Al-Haqq (le Droit).
Les officiels de la sécurité palestinienne nient garder des détenus « politiques » dans leurs prisons, disant que la question est « exagérée ».
Le mois dernier, des organisations de défense des droits humains et des députés ont créé une commission pour surveiller les détentions politiques, mais elle n’a pas commencé à travailler à ce jour. Bien qu’elle ait été approuvée par le président palestinien Mahmoud Abbas, les services de sécurité qu’il dirige refusent de coopérer.
« La Commission s’est réunie plusieurs fois avec le Président Abbas, le Premier ministre (Salam Fayyad) à Ramallah, ainsi qu’avec le ministre de l’Intérieur de Gaza, Saïd Seyam et les chefs de la sécurité » dit Khalil Abu-Shemalah, directeur du groupe de défense des droits humains Al-Dhamir (la Conscience). « Alors que le gouvernement de Gaza a libéré un certain nombre de détenus, celui de Cisjordanie fait preuve de mauvaise volonté. »
Cet article a d’abord été publié sur le site IslamOnline.net. Source : Palestine Chronicle - Traduction : Info-Palestine.net