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Course contre la montre

vendredi 17 octobre 2008 - 11h:47

Abir Taleb - Al-Ahram/hebdo

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Mahmoud Abbass s’est rendu cette semaine à Damas en vue de consulter les différentes factions palestiniennes sur une éventuelle relance du dialogue interpalestinien au Caire à la fin du mois.

Y aura-t-il ou non une rencontre Fatah-Hamas le 25 octobre prochain au Caire ? Et si oui, peut-on souhaiter qu’elle aboutisse à une ébauche de solution en vue d’une réconciliation interpalestinienne ? Rien n’est sûr à l’heure qu’il est. Cela fait des mois que l’Egypte tente une médiation entre les frères rivaux, en vain. Pour le moment, le seul élément positif est la déclaration de Azzam Al-Ahmad, l’un des principaux dirigeants du Fatah, selon lequel le président palestinien Mahmoud Abbass a fait savoir qu’il était disposé à envisager une rencontre avec le Hamas, sous l’égide de l’Egypte. Mais le Fatah n’a pas pour autant donné de réponse définitive sur cette éventuelle rencontre. Selon Azzam Al-Ahmad, le président palestinien a reçu un rapport sur la médiation égyptienne, évoquant la rencontre entre des dirigeants du mouvement islamique et le chef des services de renseignements égyptien, Omar Soliman. Ce rapport « inclut une proposition par le Hamas de rencontre avec le Fatah en Egypte » le 25 octobre, a précisé Al-Ahmad, sans plus. « Le Fatah va étudier cette proposition et consultera toutes les autres factions pour déterminer notre réponse », a-t-il ajouté. Un autre dirigeant palestinien, qui a gardé l’anonymat, s’est montré plus optimiste. « Il est probable que le Fatah accepte cette rencontre du 25 octobre ».

Autre point positif, les deux parties semblent conscientes de la nécessité d’aplanir leurs divergences. Lors d’une visite à Damas, Mahmoud Abbass a estimé dimanche que c’est dans l’intérêt du peuple palestinien que la rivalité de sa faction, le Fatah, avec le Hamas cesse. Parallèlement, le chef du mouvement de la résistance islamique a jugé que l’heure de la réconciliation avait sonné.

M. Abbass s’exprimait à Damas, à l’occasion d’une visite de deux jours destinée à informer les principaux responsables syriens de l’évolution de la situation interpalestinienne. La Syrie a une forte influence sur les factions palestiniennes installées sur son sol, à commencer par le Hamas. « Personne n’est heureux de voir se poursuivre les divisions actuelles », a déclaré M. Abbass devant la presse, après un entretien avec le président syrien Bachar Al-Assad. « Personne ne nous respectera plus si nous continuons », a-t-il ajouté. A son arrivée samedi, il avait annoncé que la médiation égyptienne avait franchi un nouveau palier. Il avait annoncé sans autre détail qu’une déclaration serait faite au Caire, suivie d’une rencontre de toutes les factions palestiniennes.

Le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, a lui aussi semblé se rallier à cette vue en affirmant dimanche que les médiateurs égyptiens avaient obtenu des résultats. « Nous avons trouvé une formule (en vue de la réconciliation) et nous demandons à Dieu de la faire réussir », a-t-il dit au cours d’une conférence sur Jérusalem à Doha (Qatar).

Dans cette perspective, il a proposé que le Fatah et le Hamas libèrent tous les prisonniers politiques en Cisjordanie et à Gaza, et mettent un terme à leur campagne de dénigrement médiatique pour créer une « atmosphère positive », propice à une réconciliation.

Des déclarations de bonne volonté, et pourtant, aucune certitude sur la tenue des discussions au Caire, et sur leur portée au cas où il serait possible de réunir les différentes factions. Du côté du Hamas, on avance la date du 25 octobre avec certitude. Jeudi dernier, Mahmoud Al-Zahar, le plus influent dirigeant du Hamas à Gaza, avait indiqué que son mouvement et celui du Fatah entameraient des discussions au Caire le 25 octobre pour former un gouvernement palestinien de transition, approuvé par les différentes factions. Une déclaration faite à la suite de la rencontre qui a réuni la semaine dernière au Caire une délégation du Hamas et Omar Soliman.

Or, tous les observateurs s’accordent à dire que cette nouvelle médiation égyptienne risque d’être celle de la dernière chance. Pour mettre fin à l’état de désunion qui menace les Palestiniens, le gouvernement égyptien paraît avoir un plan basé sur trois points essentiels, à savoir la formation d’un gouvernement d’union nationale, la reconstruction des services sécuritaires sur des bases professionnelles et non partisanes avec l’aide d’officiers arabes, des élections législatives et présidentielles dans un délai ne dépassant pas 6 mois.

L’épineuse question des élections

La question des élections est en effet au c ?ur des problèmes. Les députés du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient cesser de reconnaître Mahmoud Abbass en tant que président de l’Autorité palestinienne à partir du 8 janvier prochain. Cette date d’expiration est ainsi au c ?ur d’une polémique entre les deux mouvements.

Mahmoud Abbass a été élu le 8 janvier 2005. Or, la Constitution de l’Autorité palestinienne fixe à quatre ans le mandat du président. Mais le Fatah, parti de Mahmoud Abbass, conteste cette position. Il s’appuie sur la loi électorale qui stipule que les élections présidentielles et législatives doivent se tenir en même temps. Ceci reviendrait à proroger le mandat de Mahmoud Abbass d’un an. En effet, le Parlement qui est dominé par le Hamas avait été élu en janvier 2006 pour une période de quatre ans, et les prochaines élections législatives sont prévues pour janvier 2010.

Pourtant, au sein même du Hamas, les positions ne semblent pas concorder. Alors que les députés du parti annoncent ne plus reconnaître Mahmoud Abbass après le 8 janvier, d’autres déclarations de certains responsables du mouvement présents au Caire la semaine dernière traduisent une certaine flexibilité du mouvement qui refusait tout compromis autour de la question des élections. Moussa Abou-Marzouq, qui dirige la délégation du Hamas, a déclaré que son groupe était d’accord avec la « vision » égyptienne pour la formation d’un gouvernement d’union avec d’autres factions, dont le Fatah. « Des commissions vont être créées pour débattre des moyens de mise en ?uvre de cette proposition qui pourrait constituer une ouverture en vue d’un règlement de la crise palestinienne. D’autres rencontres, bilatérales ou trilatérales, interviendront dans le courant du mois », a-t-il dit.

Par ailleurs, il est difficile d’imaginer une organisation d’élections présidentielles à Gaza dans l’état actuel de choses, alors que le mouvement du Hamas contrôle absolument tout. Certains responsables palestiniens, à l’image de Yasser Abd-Rabbo, membre du comité exécutif de l’OLP, pensent que la flexibilité montrée par le Hamas n’est pas un signe de changement de la politique du mouvement mais une tentative de perte de temps afin de consolider encore plus son règne sur la bande de Gaza. Or, dans un climat où la confiance fait défaut, toute solution est déjà compromise.

Du même auteur :

- Livni au premier rang
- Syrie-Israël : La nouvelle voie
- Iraq : Jeux d’influence
- L’Etat hébreu fait monter les enchères

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 15 au 22 octobre 2008, numéro 736 (Monde arabe)


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