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Réunion sécuritaire entre Israël et le Fatah : extraits

vendredi 17 octobre 2008 - 07h:24

Palestine Times - Yedeot Ahronot

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Nahom Barnea est un journaliste israélien connu et un chroniqueur régulier du journal à grande diffusion, Yedeot Ahronot. Vendredi, 19 septembre, il a fait connaître les détails choquants d’une réunion récente « de coordination de sécurité » entre commandants israéliens et palestiniens. Barnea, bien connu pour son professionalisme et son sérieux, a assisté à la réunion qui a eu lieu au siège des forces israéliennes d’occupation en Cisjordanie dans la colonie de Beit El près de Ramallah. Ce qui suit est une transcription in extenso du compte-rendu de Barnea tel qu’il a été édité dans Yedeot Ahronot.

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Supplétifs palestiniens - Photo : AP

Ils (les commandants des services de sécurité de l’autorité palestienne de Ramallah) sont arrivés au siège de l’IDF (« forces israéliennes de défense ») dimanche soir, passant les barrage de route en seulement 3 minutes depuis Ramallah. Ils sont passés par la route menant à la déjà ancienne colonie de Beit El, croisant la porte de l’ancien camp jordanien qui héberge le commandement de la brigade de Judée et Samarie.

Tous étaient habillés en civil excepté l’inspecteur-général de la police palestinienne. Ils étaient huit commandants, tous de vieux chefs du Fatah. C’est la dernière chance pour la génération qui est venue de Tunis de maintenir sa griffe sur le pouvoir avant que le Hamas ne la balaye et n’avale tout.

Le commandant des forces de la défense israéliennes en Cisjordanie, le géneral-major Noam Tiv’on avait voulu les inviter à un repas pour terminer le jeûne du jour. Mais l’agenda de la rencontre a été perturbé pour des raisons ayant à voir avec l’échec de l’armée israélienne à maîtriser les émeutes de colons (près de Naplouse) et le meurtre d’un garçon palestinien sous les balles israéliennes, ce qui a finalement forcé les invités à interrompre leur jeûne chez eux.

Ainsi fut-il fait. La discussion aurait perdu beaucoup de temps si elle avait eu lieu à l’occasion d’un repas préparé par l’armée israélienne. Noam Tiv’on et le chef de l’administration civile israélienne en Cisjordanie, le général-major Yoav Mordechai ont voulu présenter aux commandants palestiniens le « plan-Jénine-2 » pour le déploiement des forces de l’autorité palestinienne dans la ville.

Les commandants israéliens ont demandé à leurs contre-parties palestiniennes la possibilité d’autoriser à un journaliste d’assister à la réunion. Les Palestiniens ont été d’accord. En fait, j’étais le seul journaliste accepté à la réunion. Cependant, en raison de ma présence et essentiellement en raison du sentiment d’urgence éprouvé par la partie palestinienne, la réunion est partie dans plusieurs sens avec des développements excessifs.

Termes choquants

Contrairement à l’idée habituelle, les journalistes détestent être étonnés. Ils pensent tout savoir et que tout ce qu’ils ne savent pas n’est pas particulièrement important. J’ai été étonné par ce que les commandants palestiniens de sécurité ont formulé. J’ai été également étonné par la tonalité de leurs voix.

L’essentiel de leur argumention est qu’une confrontation violente entre le Fatah et le Hamas aura lieu en janvier 2009. Le 9 janvier prochain, le mandat présidentiel d’Abu Mazen expirera. Il est déterminé à prolonger son mandat jusqu’en janvier 2010. Nous ne pouvons pas éliminer la possibilité qu’Abu Mazen déclarera la bande de Gaza « province rebelle. »

Les commandants palestiniens ont demandé à leurs interlocuteurs israéliens de les assister à préparer un plan d’action et à former leurs forces, ainsi que de leur fournir des armes.

Je n’ai jamais entendu s’exprimer une volonté aussi forte de la part de l’autorité palestinienne de travailler avec Israël, excepté durant une période courte au printemps de 1996.

Après la réunion, j’ai demandé à un des commandants israéliens dans le hall, « C’est juste pour savoir. N’êtes-vous pas inquiets que les partisans du Fatah disparaissent dans la nature au moment décisif comme ils l’ont fait à Gaza ?

« Non, » m’a-t-il répondu, « avant les événements de Gaza, ils ne savaient pas ce qui leur arriverait. Mais maintenant ils le savent. »

Abu al-Fateh est le commandant général de l’appareil de sécurité du gouvernement de Fayyad. Il représente la principale force militaire de l’autorité palestinienne. Abu al-Fateh est le dirigeant le plus élevé en grade et le plus haut placé parmi les responsables des agences de sécurité palestiniennes.

« Il n’y a aucun conflit entre nous, » a dit un des commandanst israéliens. « Nous avons un ennemi commun. »
Abu al-Fateh a entamé la réunion en formulant une plainte au sujet des dévastations causées par les colons (près de Naplouse). La manière dont il a fait allusion aux émeutes était intéressante. Il en est arrivé à dire que cela « rendait les choses plus difficiles pour nous, particulièrement face aux Palestiniens du peuple. Vous devez faire respecter la loi et l’ordre comme vous attendez de nous que nous fassions respecter la loi et l’ordre. Je ferai tout ce que je peux pour empêcher qu’il y ait d’éventuelles opérations (contre vous). Vous vous rendez bien compte que nous sommes bien mieux qu’avant. Grâce à nos opérations, l’armée israélienne a moins d’opérations à mener. »

Un ennemi commun : le Hamas

Abu Al-Fateh a poursuivi : « Il y a des différends énormes en vue pour janvier 2009. Abu Mazen adopte la ligne de la paix et vous devriez soutenir sa position. Libérez les jeunes prisonniers, cela est très important. Levez les barrages de route et démantelez les colonies. Je vous demande de nous autoriser à déployer un régiment de Jéricho vers Hébron. Je sais qu’il y a un problème avec les colons dans Hébron et les zones de friction qui s’y trouvent. Je n’ai aucune intention d’entrer dans ces zones-là. Le régiment opérera dans les villages au sud d’Hébron. »

Le géneral-major Noam Tiv’on a alors répondu : « Je suis tout à fait heureux de ce que vous nous avez dit. Les commandants locaux des deux bords devraient se rencontrer et conclure un accord sur ce point. » Mais le colonel Mordechai a averti le dirigeant palestinien, disant que « le déploiement du régiment dans Hébron devrait avoir lieu vendredi soir de peur qu’il ne se heurte avec les colons. » Al Fateh d’Abu a répondu : « Aucun problème. Nous opérons contre le Hamas même pendant le mois du Ramadan. »

Arrivé à ce point le chef du service militaire de renseignement du gouvernement de Fayyad, Majed Faraj a commencé à parler : « Nous sommes au milieu d’une bataille très difficile. Il y a un proverbe arabe : ?La mer est devant nous et l’ennemi est derrière nous’. Nous n’avons pas même une mer. Nous avons décidé de mener la bataille jusqu’au bout. Nous avons décidé de mettre tous nos problèmes sur la table. Tout est clair. Nous ne jouons aucun jeu. Le Hamas est l’ennemi, et nous avons décidé de mener une guerre totale contre le Hamas. Et je vous affirme qu’il n’y aura aucun dialogue avec le Hamas ; celui qui veut vous tuer, tuez-le d’abord. Vous avez fait une trêve avec eux, mais nous ne procéderons pas ainsi. Pour être honnêtes, nous nous sommes comportés différemment dans le passé. »

Faraj a continué à se vanter : « Maintenant nous prenons soin de chaque institution du Hamas selon vos instructions. Récemment vous nous avez donné les noms de 64 organismes, et nous en avons déjà traité 50. Certains de ces organismes ont été fermés, dans d’autres nous avons changé leurs administrations. Nous avons également saisi leur argent (Israël avait signalé à l’autorité palestinienne 150 comptes bancaires suspectés d’appartenance aux organismes terroristes tandis que l’autorité en clôturait 300) ».

« J’ai deux observations : dans le passé nous réfléchissions mille fois avant d’entrer dans une mosquée, mais aujourd’hui nous entrons dans n’importe quelle mosquée lorsque nous considérons que c’est nécessaire. Ne comprenez pas qu’il vous est permis d’entrer dans une mosquée. Au contraire, nous pouvons entrer dans les mosquées précisément parce que vous ne le faites pas. Nous pouvons également entrer dans les campus des universités, y compris l’université islamique dans Hébron. Nous faisons encore plus d’efforts et même si le succès n’est pas à 100%, la motivation est à 100%. »

« A la suite des remarques de Faraj, Hazem Atallah, l’inspecteur-général des forces de police palestiniennes s’est à son tour exprimé : « D’ici la fin de l’année, nous entrerons dans une confrontation avec le Hamas. Khalid Misha’al a déclaré que le gouvernement d’Abu Mazen ne serait pas légal après le 9 janvier, par conséquent nous devrons être prêts pour une confrontation. »

Hussein al-Sheik, chef du département des affaires civiles dans le gouvernement de Fayyad a ensuite expliqué : « C’est très important. Le Hamas ne dispose pas de force militaire en Cisjordanie, mais il a le pouvoir de faire descendre les gens dans la rue. »

Attallah s’est ensuite adressé aux commandants israéliens : « Je parle d’un plan efficace ; si nous arrivons à l’année prochaine sans être entièrement préparés, rien ne nous sera laissé excepté de discuter pour savoir qui a été responsable de la défaite, soit nous, soit vous, soit les Américains. »

Puis les Palestiniens se sont plaints qu’une expédition canadienne de matraques pour la police était encore bloquée dans le port Ashdot. Tiv’on les assurés que « les matraques leur seront remises. »

29 septembre 2008 - Palestine Times - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.ptimes.org/main/default....
Traduction de l’anglais : Nazim


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