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Mesures israéliennes pour empêcher les Palestiniens d’approcher les colonies

dimanche 14 septembre 2008 - 05h:44

B’Tselem

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Résultat, la superficie globale de ces colonies devient 2,4 fois plus grande, passant de 3 325 dunums (10 dunums = 1 ha) à 7 793 dunums...


B’Tselem - rapport intégral - septembre 2008

Pendant des années, les autorités israéliennes ont interdit aux Palestiniens de s’approcher autour des colonies de peuplement et n’ont rien fait pour supprimer les enclos pirates des colons sur les terres contiguës aux colonies, bloquant l’accès des Palestiniens à ces terres. Bloquer cet accès est l’un des multiples moyens utilisés pour l’extension des colonies. Ces dernières années, Israël a institutionnalisé le clôturage de ces terres, essayant ainsi de légaliser rétroactivement des barrières qui ne l’étaient pas à leur mise en place, posées à distance des maisons et en limite des colonies.

Les colons ont organisé des patrouilles sur les routes et posé des obstacles physiques sur les terres palestiniennes qui entourent les colonies, parfois avec l’approbation des autorités, parfois sans. Les colons ont aussi obligé par la force des Palestiniens, surtout des agriculteurs, à quitter leurs terres. B’Tselem a publié de tels cas où il y eut des coups de feu, des menaces de tirs et de meurtres, des coups, des tirs de pierres, des attaques de chiens, des tentatives d’écraser les Palestiniens avec des véhicules, des destructions de matériel agricole et de cultures, des vols de récoltes, des morts et vols de bétail et autres animaux de ferme, des contrôles non autorisés de cartes d’identité, et des vols de documents.

Les autorités chargées de faire respecter la loi n’ont pas seulement failli à leur obligation de faire cesser la violence et de poursuivre les délinquants, elles se sont jointes à eux pour barrer elles-mêmes les accès aux Palestiniens. Des soldats expulsèrent régulièrement des Palestiniens des terres de leur ferme, souvent sous la direction des colons. Israël a aussi instauré tout un système de barrières physiques - barbelés, patrouilles, éclairages et dispositifs sensoriels électroniques -, à l’écart des maisons et à la limite des colonies, annexant de fait de larges bandes de terres aux colonies.

Ce qui est flagrant dans ce contexte, c’est l’« aire spéciale de sécurité » (SSA), un plan qui permet à Israël d’entourer 12 colonies à l’est du Mur de séparation, de terrain clôturé tout autour, une nouvelle règle qui interdit aux Palestiniens d’accéder à leurs terres. Avec, comme résultat, une superficie globale de ces colonies qui devient 2,4 fois plus grande, passant de 3 325 dunums (10 dunums = 1 ha) à 7 793 dunums. Plus de la moitié de ces anneaux de terre sont des terres privées appartenant à des particuliers palestiniens.

Le total des terres rattachées aux colonies par d’autres moyens que les SSA est bien plus important, étant donné qu’il n’y aucune limite officielle et que la surveillance a été réduite sur les clôtures pirates posées par les colons. B’Tselem estime que de telles clôtures ont interdit l’accès aux Palestiniens sur des dizaines de milliers de dunums, qui sont ainsi annexés de fait aux colonies. L’expérience montre que ce vol de la terre va se poursuivre et qu’il devient partie intégrante de la politique officielle puisque ce plan est mis en ?uvre dans d’autres colonies.

Les agriculteurs palestiniens qui veulent accéder à leurs terres doivent faire face à une bureaucratie complexe et répondre à un certain nombre de conditions. D’abord et avant tout, ils doivent prouver qu’ils sont propriétaires des terres. Ils subissent aussi les « pressions » de l’Administration civile israélienne, à multiples reprises, à chaque fois qu’ils veulent y accéder. En outre, le système de défense soumet l’accès palestinien à la bonne volonté et au caprice des colons. Sur le terrain, beaucoup de fermiers renoncent et arrêtent de demander l’autorisation d’aller sur leurs terres pour y travailler.

Des porte-parole officiels justifient certains des clôturages des terres, spécialement les terres fermées avec les SSA, pour des besoins de sécurité. Ils soutiennent que, avec le Mur de séparation construit en Cisjordanie, les colonies qui se trouvent à l’est du Mur se retrouvent exposées à des agressions violentes de Palestiniens, et les cercles de terres (qui entourent les colonies) peuvent servir de zone d’alerte. De fait, en 2002-2004, les Palestiniens ont tué 31 citoyens israéliens et en ont blessé beaucoup d’autres à l’intérieur des colonies de Cisjordanie. Mais Israël autorise les colons à entrer librement, sans contrôle, sur le terrain apparemment destiné à constituer cette zone d’alerte, qui doit être déserte, mais qui est en réalité fermée seulement aux Palestiniens. En conséquence, les colons se déplacent sur la terre palestinienne couramment, y volent les récoltes, et même s’y installent et la travaillent. Ces agissements vont à l’encontre à la fois de la logique d’une « zone d’alerte » et des ordonnances militaires pour la fermeture de la zone.

Les terres contiguës aux colonies font partie d’une longue liste de zones qu’Israël interdit aux Palestiniens en Cisjordanie : la vallée du Jourdain, Jérusalem-Est, les terrains militaires d’entraînement, la surface des colonies elles-mêmes, et d’autres. Chaque morceau de terre qu’Israël ferme aux Palestiniens rejoint ces zones, et le tout porte atteinte à des millions de personnes, le premier dommage étant subi par les agriculteurs et ceux qui dépendent de l’agriculture pour vivre. Dans ce contexte, il convient de rappeler que le niveau de pauvreté des Palestiniens en Cisjordanie est extrêmement élevé, et que l’agriculture est le principal secteur de l’économie palestinienne. Bloquer les accès, c’est aussi bloquer le développement urbain et réduire les possibilités de loisir telles que se promener dans la nature et profiter des fruits de la terre.

Cette interdiction d’accès pour les Palestiniens aux terres contiguës aux colonies est le résultat direct, et partie intégrante, de la colonisation illégale. Cette entreprise de colonisation viole en permanence les interdictions absolues stipulées dans le droit humanitaire international relatif aux colonies dans les territoires occupés. Par conséquent, Israël est tenu d’évacuer les colons et de les renvoyer sur le territoire sous souveraineté israélienne. Si les colons ne sont pas évacués, il existe des moyens, qui sont présentés dans le rapport, pour les protéger sans nuire autant aux Palestiniens. Mais le gouvernement d’Israël a, dans tous les cas, l’obligation de les évacuer, et l’évacuation est la seule façon légale de répondre aux besoins de la sécurité qui est, d’après les porte-parole officiels, la base des fermetures réglementées de la terre.

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B’Tselem - traduction : JPP


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