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Afghanistan : Les questions légitimes et le blabla...

dimanche 24 août 2008 - 09h:13

Aïssa Hirèche - Le Quotidien d’Oran

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Est-il possible que l’on aille, à des milliers de kilomètres de là, défendre la liberté, alors que, en même temps, on tourne le dos à cette même liberté chez soi ?

Au lendemain de l’embuscade qui a fait dix morts parmi les soldats français stationnés en Afghanistan, des voix se sont élevées, ici et là, qui pour dénoncer l’insuffisance de la préparation de ces soldats à une telle mission, qui pour s’interroger sur les raisons de la présence française dans ce pays, qui pour demander tout simplement le retrait de ce contingent engagé dans cette guerre. Comme pour devancer ces appels légitimes, Sarkozy a défendu depuis Kaboul la « guerre pour une grande partie de la liberté du monde ». Ah, tiens donc !

Est-il possible que l’on aille, à des milliers de kilomètres de là, défendre la liberté, alors que, en même temps, on tourne le dos à cette même liberté chez soi ? Shakespeare avait raison : on ne peut pas être et ne pas être à la fois, il faut choisir. Et lorsqu’on choisit de fermer ses frontières à tous ces demandeurs de terre et de travail exténués qui, fuyant la faim, la désolation et la misère, n’hésitent pas à se jeter à la mer comme d’autres jetaient des bouteilles vides, il est, de toute évidence, difficile de jouer au défenseur des libertés.

Lorsqu’on remue ciel et terre, à coups de médias et de propagande aux véritables desseins plus que douteux pour faire du voile des jeunes musulmanes, inoffensives, la raison de tous les malheurs en France, alors que tous les autres signes distinctifs des autres religions sont tolérés, et parfois même encouragés, il est permis de se demander de quelle liberté il peut encore être question.

Lorsque, bien blotti dans les fauteuils du pouvoir, on plonge la tête sous l’oreiller afin de ne pas voir les exactions commises contre la liberté en Irak et ailleurs, il est tout aussi difficile de se proclamer défenseur de la liberté.

Lorsqu’on ne détourne même plus la tête devant tant de viols sinistres de cette même liberté, au nom de quoi peut-on encore se targuer d’être défenseur des hommes, du droit ou de la liberté ?

Bien que ses facettes soient nombreuses, la liberté est une. Mieux, elle est universelle et, de ce point de vue, la dernière des choses à faire c’est de vouloir s’ériger en donneur de leçons. Ce qui serait bien, c’est plutôt de nous contenter, chacun de son côté, de nous respecter mutuellement. Que chacun reconnaisse le droit des autres à la différence. Ce n’est que de cette manière que l’on pourrait faire valoir, et donc défendre la diversité, car nous ne sommes pas pareils et nous ne pourrons jamais l’être. Etre différemment, c’est là l’essentiel, tout le reste n’est que blabla !

Du même auteur :

- Bateaux pour Gaza : Ne serait-ce que comprendre !
- Trop jeune, Noé, trop jeune

24 août 2008 - Le Quotidien d’Oran - Edito


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