Les généraux français ont cet hiver prévenu leurs supérieurs que « cette guerre en Afghanistan ne peut pas être gagnée ».

Morin, Sarkozy et Fillon aux Invalides .. Quoi de plus grisant que de disposer à volonté de la vie ou de la mort d’autrui ... - Photo : Reuters

Il s’agissait d’un document interne dans lequel était critiqué la décision politique qui a eu pour résultat d’embarquer l’armée « dans une guerre de guérillas ».

À leur tour, les socialistes, les verts et les communistes ont critiqué la prolongation de la présence militaire en Afghanistan « dont les objectifs inaccessibles sont ceux de la guerre préventive voulue par George W. Bush ». Pour le socialiste François Hollande, « la France se trompait déjà alors en mettant le doigt dans l’engrenage afghan ».

Le débat à l’Assemblée Nationale, où Sarkozy jouit d’une vaste majorité, n’a fait aucune difficulté au gouvernement, mais les arguments d’alors (avril) et exposés à nouveau aujourd’hui apparaissent sous un autre jour.

Pour l’Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS), les troupes françaises en Afghanistan « ne prennent pas part au rétablissement de la paix ou à la construction d’un nouvel Etat, mais sont dans une confrontation de guérilla et contre-guérilla ». Et pour cet institut, « la victoire ne passe pas par le renforcement du nombre de soldats, parce que les troupes soviétiques en avaient en leur temps déployés des dizaines de milliers et elles n’ont jamais pu contrôler le pays ».

Le manque de perspective politique pour les troupes de l’OTAN est critiqué tandis qu’est soulignée « l’incapacité du gouvernement de Hamid Karzai » et l’inconvénient que représente « la progressive déstabilisation du voisin pakistanais ».

Les généraux français se demandaient « qui sont nos alliés sur le terrain », se démarquant des Américains qui refusent de faire la moindre différence entre les différents groupes de Talibans. « Le facteur temps joue toujours en défaveur de l’occupant et toujours en faveur de celui qui pense rester sur place », ajoute l’IFAS. Et cet institut constate encore, comme l’ont fait les généraux français, que « ce qui alimente la guerre est le trafic d’opium », et que sans une nouvelle stratégie, l’Afghanistan sera de nouveau un État à l’abandon.

Hervé Morin, le ministre français de la défense, qui s’est embarqué hier pour Kaboul où il trouvera aujourd’hui Sarkozy, prétendait hier expliquer ainsi les pertes [humaines] : « parce que la pression contre les insurgés est plus efficace, cela durcit leur réaction ». [On croit rêver : plus on nous tue du monde, plus près du but nous sommes... Ce n’est même plus prendre les gens pour des imbéciles, c’est faire preuve d’un bêtise et d’une insensibilité inégalées ! N.d.T].

Ce n’était pas là l’évaluation faite par les militaires, qui se sont limités à expliquer que l’embuscade s’était produite dans un col entre des montagnes et que la fusillade s’était prolongée pendant des heures. Des 700 soldats supplémentaires envoyés par la France, 300 ont comme mission de former les militaires afghans et les 200 autres travaillent comme pilotes ou experts sur la base aérienne de Kandahar.

* Octavi Marti est correspondant à Paris pour le quotidien espagnol El païs

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20 août 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
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[Traduction de l’espagnol : Brisa Marina]