Sous le régime d’un gouvernement islamique, les femmes dans la ville de Gaza se sentent libres de s’habiller et de se déplacer à peu près comme elles le veulent, bien que certaines estiment que le pire est à venir.

Femmes palestiniennes manifestant dans Gaza - Photo : MaanImages

Dans les rues de la ville de Gaza dirigée selon les principes islamiques du Hamas, il n’y a eu aucune arrestation ni autres interventions à l’égard des femmes qui choisissent de porter des vêtements voyants, qui fréquentent des hôtels restaurants pour y fumer le narguile (tabac aromatisé dans des pipes à eau) ou des cigarettes.

Un certain nombre Gazans ont en fait constaté que le nombre de femmes s’habillant « sur le modèle occidental » a augmenté. La plupart des gens estiment que les décisions au sujet de l’habillement relèvent moins du gouvernement en place que des femmes elles-mêmes et de leurs proches.

Mais un tel comportement pourrait être hors de propos dans des districts comme Khan Younis ou Rafah où il n’y a aucun lieu public comme des restaurants ou des hôtels qu’une femme puisse fréquenter sans avoir la tête couverte. Dans la ville de Gaza, au contraire, beaucoup de jeunes femmes « se sentent en sécurité et à l’abri des critiques. »

Le correspondant de Ma’an dans Gaza a discuté avec un certain nombre de femmes représentant des points de vue différents sur la vie sous « le régime islamique. »

Un jeune femme a exprimé l’opinion selon laquelle porter ce qui est défini comme « vêtements occidentaux » (actuellement des jeans serrés, des hauts talons, des manches courtes, et un maquillage) est pour elle « un défi à ceux qui régissent la bande de Gaza. » Elle dit que porter des jeans en likra et aucun foulard est « un défi important pour la police du Hamas. » Les femmes ont découvert, a-t-elle ajouté, que la « police du Hamas n’a jamais interféré à ce sujet [ce que portent les femmes], et qu’ils n’ont jamais dit un seul mot. »

Questionnée pour savoir comment elle analysait ce fait, le jeune femme a expliqué : « le fait est que le Hamas veut pour l’instant mettre les laïcs de son côté et éviter de ressembler au régime iranien. »

Elle ne pense cependant pas que la situation va durer. « Avant que cette année se termine, » prévoit-elle, « le Hamas déploiera des forces appelées ?Ordonner aux gens de faire ce qui est bien et d’éviter ce qui est mal’, les mêmes qu’en Iran. »

« La bande de Gaza deviendra une version à grande échelle de l’université islamique de Gaza, » a-t-elle conclu, faisant allusion à l’uniformité des vêtements parmi les femmes qui suivent des cours à l’université islamique.

« L’avis assez général » dans la ville de Gaza a été exprimée par un femme qui portait des pantalon longs avec une longue chemise couvrant la ceinture du pantalon. Elle a dit au correspondant de Ma’an qu’elle se demandait comment les filles parvenaient à enfiler leurs jeans en likra. « Il semble que ces filles doivent utiliser un chausse-pied pour enfiler leurs corps à l’intérieur de ces pantalons ».

Analysant la situation, un femme qui choisit de ne pas porter de foulard a noté qu’elle « n’a éprouvé aucun changement après la prise de contrôle [de Gaza] par la force militaire. » C’est quand le siège a commencé et que les ONGs locales et internationales ont commencé à fermer leurs portes et ont cessé d’offrir leurs services qu’elle dit avoir alors « ressenti un grand changement. »

« Quand je marche [maintenant] dans la rue], » a-t-elle expliqué, « j’entends que les gens disent ?Nous prions pour que le califat islamique revienne, de sorte qu’on ne voit plus de telles femmes marcher dans les rues. » Elle, comme d’autres femmes, prévoit que le Hamas prépare à un coup de force sur le plan social.

Interrogée sur ce que serait sa réponse à un changement social imposé, elle répond : « je ne changerai pas la manière dont je m’habille, mais si un décret est publié pour changer Gaza en un Emirat islamique, je porterai alors le Hijab. » Pour l’instant, ajoute-t-ell, Gaza vit comme sous un « système laïc. »

Un quatrième femme, qui porte le pantalon ainsi qu’un foulard pour son travail dans une ONG locale a expliqué : « la question n’est pas la façon dont on s’habille, et il y a beaucoup de filles décentes qui ne portent pas le Hijab. » La chose dont il faut s’inquiéter, dit-elle, est que « beaucoup d’autres de filles portant le Hijab ne sont pas décentes. »

Exprimant l’opinion islamiste dominante à Gaza, une femme qui travaille avec un site internet de femmes islamiques exprime des inquiétudes même au sujet des femmes qui choisissent de porter un foulard avec le long pardessus. « Oh que Dieu nous protègent ! » dit-elle, « ce qui rend la chose encore pire est que des filles portent le Hijab et la longue robe syrienne [le pardessus utilisé sur le long pantalon avec de longues manches], mais la robe est aussi cintrée que pour la danse de ventre, sans compter les parfums et le maquillage ! »

Un seconde « femme islamiste » estime de son côté que le refus de Hamas de légiférer sur les vêtements des femmes est « bon pour le Hamas parce que les gens éviteront de comparer le Hamas aux Talibans. » En tous cas, ajoute-t-elle, le nombre de femmes qui choisissent de ne pas porter le foulard à Gaza est réduit, « l’écrasante majorité portant le Hijab. »

10 août 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
[Traduction : Info-Palestine.net]