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Palestine : Des médiateurs découragés

dimanche 17 août 2008 - 09h:28

Aliaa Al-Korachi - Al-Ahram/hebdo

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Divers pays arabes, dont l’Arabie saoudite et l’Egypte, ont tenté de résoudre le conflit, mais sans grand succès, suite à l’intransigeance des factions palestiniennes.

« Nous marchons sur un terrain miné. Le moindre faux pas et c’est le retour à la case départ », s’exprime avec déception Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, après la dernière confrontation armée entre le Fatah et le Hamas. Le pire dans cette affaire est que plusieurs membres du Fatah ont cherché refuge en Israël, faisant de ce pays un arbitre du conflit.

Voilà un an et plus que ce tiraillement persiste et prend des dimensions de plus en plus graves. D’où la question de savoir quelles sont les réactions des pays arabes pour régler des différends qui compromettent la cause palestinienne en tant que telle ? « A l’heure actuelle, le rôle des pays arabes est nettement absent. Ils se contentent seulement d’être des spectateurs et leurs seules réactions se situent au niveau des déclarations », estime le politologue Magdi Moustapha. Faut-il pour cela critiquer les pays arabes et les rendre responsables de cet état de choses ? A suivre la situation de près, on se rend compte que l’absence du rôle arabe serait principalement le résultat de l’intransigeance des deux camps et leur refus de s’entendre. Ainsi, toutes les tentatives de médiation arabe se sont-elles soldées par un grand échec. Que ce soit le Hamas ou le Fatah, chacun campe sur ses positions et s’abstient de prendre un seul pas dans la direction de l’autre, même si c’est pour sauver le peuple palestinien. Ammar Ali Hassan, directeur du Centre d’études du Proche-Orient, partage ce même point de vue. Pour lui, les Arabes regardent aujourd’hui ce conflit, avec nonchalance. La situation a été tout à fait différente quand le conflit était à ses débuts en 2006.

A l’époque, on a témoigné de fortes pressions et réactions de la part des pays arabes ainsi que de la Ligue arabe. Mais un état de dépit et de déception avait frappé les pays arabes après avoir vu les deux factions rompre soudainement l’accord de La Mecque. Cet accord, parrainé par l’Arabie saoudite en février 2007, établit un partage du pouvoir entre le Hamas et le Fatah, qui avait abouti à la formation d’un gouvernement d’union nationale de courte durée. Mais le Hamas a opéré une volte-face et a pris le contrôle de la bande de Gaza à l’issue d’un coup de force contre le Fatah en juin 2007. « L’Arabie saoudite impliquée dans la médiation, avec tout son poids religieux et financier, se trouvait alors dans une situation très critique », dit Hassan.

Mais la médiation de l’Arabie saoudite n’était pas la seule à avoir échoué. Le Yémen a lancé, lui aussi, le 28 mars 2008, une initiative. Mais à peine la Déclaration de Sanaa était-elle signée que les divergences ont apparu. Les deux parties se sont divisées même autour de l’explication de la première clause, qui invitait à rétablir la situation à Gaza dans les conditions d’avant le 14 juin 2007, c’est-à-dire avant le coup de force du Hamas. Même le Qatar, qui a réussi à réconcilier les forces politiques libanaises, a échoué dans ses tentatives de rapprocher les points de vue entre les deux factions.

Dès lors, les pays arabes ont eu peur d’intervenir d’une façon directe dans ce conflit pour éviter un échec. Quant à la Ligue arabe, son rôle est compliqué, puisqu’elle ne trouve pas jusqu’à maintenant la réponse à sa question : Avec qui négocier ? « Pour le cas du Liban, il existe des ténors politiques qui, une fois d’accord, la crise serait résolue. L’affaire est tout à fait différente dans le cas du Fatah et du Hamas. Ce sont des personnalités du troisième ou du quatrième rang dans les deux factions qui contrôlent la situation en réalité », dit Hassan. La Ligue arabe dit alors attendre les résultats de la médiation égyptienne. Selon Amr Moussa, « les efforts égyptiens vont préparer un patronage par la Ligue arabe du dialogue entre les factions palestiniennes ».

La médiation égyptienne

Concernant cette intervention de l’Egypte, Le Caire s’est toujours posé en tant que médiateur, d’une part dans le conflit israélo-palestinien et d’autre part dans celui opposant les factions palestiniennes. Il est maintenant considéré comme le grand médiateur arabe qui entame des discussions directes avec les deux factions. Juste avant les derniers combats sanglants début août entre le Fatah et le Hamas, l’Egypte parlait d’un arrangement d’une réunion élargie qui va grouper 14 factions. La rencontre de Moubarak et Abbass, deux jours avant ces incidents a donné un résultat : le dialogue sera lancé sans conditions préalables, en partant à zéro. Mais malheureusement, les heurts entre les combattants des deux groupes ont compliqué les choses. En fait, l’Egypte a organisé auparavant un tas de rencontres entre les factions palestiniennes mais toujours en vain. L’Egypte a aussi peur de l’échec. Et même plus que les autres. Pour Magdi, l’Egypte, en insistant à placer sa médiation sous les auspices de la Ligue arabe, essaye d’éviter d’assumer seule les résultats d’échec. En cas d’insuccès, il sera alors celui de tous les Arabes. « N’oublions pas que l’Egypte se trouve maintenant sous les projecteurs des médias arabes, qui l’accusent de blocage du peuple palestinien à Gaza, à cause de sa fermeture du point de passage de Rafah », dit Magdi.

D’ailleurs, la médiation égyptienne n’échappe pas aux critiques, notamment de la part du Hamas. Cette faction l’accuse d’être parfois trop proche du Fatah. Et la réponse du Hamas à la dernière invitation égyptienne au dialogue était claire : « Pour tout dialogue national, l’Egypte doit être à distance égale entre les deux partis, et avoir un programme clair pour la réconciliation ».

Et ce n’est pas tout. Quelques factions palestiniennes accusent aussi l’Egypte de se plier devant le veto américain, qui est contre tout dialogue intérieur entre le Fatah et le Hamas et de pousser l’Egypte à donner la priorité à l’apaisement entre le Hamas et Israël, notamment pour libérer le prisonnier Shalit.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 13 au 19 août 2008, numéro 727 (Dossier)


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