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"Avant de vous tuer, les dieux vous rendent fous"

jeudi 18 mai 2006 - 17h:38

Michel Warschawsky

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Contrairement à ce que beaucoup de commentateurs disent, Ariel Sharon n’est pas fou. Il est brutal, il n’a aucune limite politique ou éthique - aucun "feu rouge", il se moque des victimes, y compris des victimes israéliennes - mais sa brutalité sanguinaire n’est pas le produit d’un désordre mental. Elle fait partie d’un projet politique.

Décembre 2002

1 - "Il ne s’arrête jamais aux feux rouges"

Au cours des dernières semaines, j’ai fait trois fois le même rêve : je suis dans un autobus conduit par un type saoul. Il descend une côte à 180 kms/heure, détruisant tout sur son passage. A la fin, l’autobus et tous ses occupants sont jetés dans un abîme. La biographie d’Ariel Sharon par Usi Benziman s’intitule : "Il ne s’arrête jamais aux feux rouges". Traversant à tous les feux rouges et écrasant tout sur son passage, Sharon nous mène tous au suicide collectif de Massada (qui est aussi le nom de code de l’option nucléaire israélienne). Bien que mon c ?ur soit complètement solidaire du peuple palestinien, dont le sang coule chaque jour et dont les vies sont détruites par les soldats israéliens, bien que ma colère soit entièrement tournée vers les dirigeants israéliens, d’Ariel Sharon à Shimon Peres en passant par George Bush, bien que ma honte soit sans limite à cause de tout le mal qui se fait en mon nom et en celui de mes ancêtres massacrés à Treblinka et Maidanek, mes craintes vont vers le peuple israélien.

J’ai peur pour les israéliens parce que malgré l’immense souffrance et les pertes colossales, le peuple palestinien vaincra. Je n’ai aucun doute là-dessus. Ils sont enracinés dans cette région, ils lui appartiennent et ils sont entourés de 200 millions de frères et s ?urs arabes. Nous, le peuple israélien, sommes une petite minorité qui s’est imposée en Arabie de l’Est au dépens du peuple palestinien. La seule "offre généreuse" est venue des palestiniens lorsqu’ils furent prêts à accepter la coexistence pacifique entre eux et Israël dans un état palestinien limité à 22% de sa patrie historique. Au lieu d’accepter cette offre inespérée, les différents dirigeants israéliens ont commencé à marchander, à tricher et, finalement, avec Sharon, à rejeter complètement toute négociation pour un compromis raisonnable. Israël a répondu à l’offre arabe de paix et de réconciliation avec des violences, des destructions et des humiliations sans limite.

Au cours des deux dernières années, Israël a réussi à provoquer une colère et une haine sans précédent à travers le monde arabe dans sa totalité. En conséquence, il est de plus en plus douteux qu’Israël se voit offrir de la part des arabes une deuxième chance d’accepter l’existence nationale d’une communauté juive au Moyen-Orient.

Les crimes de Sharon-Perez-Mofaz sur la côte Ouest et à Gaza, la réponse arrogante au plan de paix saoudien, le rejet des avertissements du Président Mubarak, pourraient bien représenter l’arrêt de mort de l’existence nationale juive dans l’Arabie de l’Ouest. Comme avec n’importe quelle conduite paranoïaque, la réaction violente à une "menace arabe" imaginaire peut provoquer une réelle menace arabe à l’existence nationale d’Israël

2 - Il y a un plan

Contrairement à ce que beaucoup de commentateurs disent, Ariel Sharon n’est pas fou. Il est brutal, il n’a aucune limite politique ou éthique - aucun "feu rouge", il se moque des victimes, y compris des victimes israéliennes - mais sa brutalité sanguinaire n’est pas le produit d’un désordre mental. Elle fait partie d’un projet politique. En fait, Sharon est le premier dirigeant israélien depuis David Ben Gourion à avoir une vraie stratégie compréhensible et un projet politique. De plus, comme au Liban il y a vingt ans, il a deux plans : un Petit et un Grand.

Le Grand plan est d’expulser autant de Palestiniens que possible de la côte Ouest vers la Jordanie, où leur présence déstabilisera le royaume Hachémite résultant de la formation d’un Etat palestinien. Un tel projet exige une guerre régionale et dépend donc de facteurs qui ne sont pas totalement sous le contrôle d’Israël. C’est pourquoi Sharon a aussi besoin, entre-temps, d’un Petit plan. Dans celui-ci, Israël signifie Eretz-Israël et, en tant que tel, les territoires palestiniens occupés doivent être colonisés aussi rapidement que possible. "La guerre d’indépendance n’est pas encore terminée", disait Sharon dans un célèbre entretien au quotidien Ha’aretz l’an dernier, "on ne doit pas chercher à atteindre un accord politique qui fixerait des frontières définitives à Israël".

Le projet de colonisation de Sharon était soigneusement planifié dès 1978 lorsqu’il était Ministre de la Défense dans le Cabinet Begin, sous le label de "Squares plan". Celui-ci prévoyait des blocs de rues et de bâtiments - du nord au sud et de l’ouest à l’est - enclavant les zones bâties palestiniennes. Ces enclaves seraient sous contrôle palestinien, dirigées par des chefs locaux désignés avec l’accord d’Israël. S’ils le souhaitaient, ils pouvaient les nommer État palestinien. Contrairement aux scenarii israéliens précédents, le Petit plan de Sharon a toujours été - et est - un projet de bantoustanisation : des zones avec leurs propres règles enclavées dans un État israélien qui irait de la Méditerranée au Jourdain.

Pour pouvoir mettre en ?uvre un tel plan, Sharon a besoin que le peuple palestinien capitule, que l’OLP soit détruite et de trouver des collaborateurs palestiniens. Le but de l’opération militaire à grande échelle actuelle est d’obtenir cette capitulation.

3 - Pacification, pas guerre

Nous devons rejeter le concept de guerre lorsque nous décrivons l’offensive militaire en cours dans les villes de la côte ouest, les camps de réfugiés et les villages.

Une guerre signifie que deux armées se confrontent, même si leurs forces sont inégales. Dans le cas de la Palestine, l’armée israélienne n’est confrontée à aucune armée. L’offensive en cours n’est pas non plus une "opération anti-terroriste", parce que pour démanteler un réseau terroriste, on n’utilise pas des dizaines de milliers de soldats, plus d’un millier de chars, des hélicoptères de combats et des avions F16.

Ce dont nous sommes témoins, c’est en fait d’une opération de pacification coloniale typique, et pas très originale : comme en Algérie, comme au Vietnam, comme en Angola. Chaque guerre coloniale a eu ses opérations de pacification : une utilisation de la force pour terroriser la population civile, pour "assécher l’eau dans laquelle nage la résistance armée" (Général Massu en Algérie), pour "les renvoyer à l’âge de pierre à coup de bombe" (Général Curtis, chef d’État-major de l’US. Air Force au Vietnam).

Cette tentative de pacifier la côte Ouest est combinée à une "opération punitive" (une autre très vieille notion coloniale) pour "apprendre aux habitants" comment se conduire et les punir de rejeter "les plans de paix israéliens". Les opérations punitives et les campagnes de pacification visent toujours les populations civiles et utilisent des méthodes de destruction massive, le meurtre et le vandalisme.

Cela n’a rien à voir avec un combat militaire. En fait, c’est souvent une technique utilisée par des milices paramilitaires plutôt que par des armées régulières. Comme Robert Fisk l’a décrit le mois dernier dans "The Independant", l’armée israélienne ne se conduit pas comme une armée mais comme une milice, détruisant tout sur son passage et saccageant à une échelle de masse.

4 - Déshumanisation

Parce qu’elles sont lancées contre une population civile, les campagnes de "pacification" impliquent toujours une déshumanisation de la population visée. Selon la conception des leaders israéliens et aux yeux du soldat israélien, les résidents de Naplouse ou de El-Bireh ne sont ni des palestiniens, ni même des êtres humains mais des terroristes. L’Administration Bush a déjà parlé des "États fourbes" et Sharon essaie maintenant de traiter avec une "nation terroriste".

Le vandalisme de masse, la destruction de chaque symbole de civilisation et de culture sont le résultat d’une telle déshumanisation et un moyen de la confirmer. C’est pourquoi les soldats se sont acharnés à attaquer le personnel médical, écrasant voitures et ordinateurs, détruisant les maisons palestiniennes. Les palestiniens ne sont pas des êtres humains et on devrait éradiquer tout ce qui peut indiquer qu’ils existent. Raison pour laquelle les soldats israéliens ont pu si facilement détruire les maisons ou tirer sur les enfants. Ils ont cessé de les percevoir comme des êtres humains.

Un tel processus de déshumanisation n’aurait pas été possible sans Oslo. Oslo était destiné à réaliser une séparation physique mais, bien plus que cela, pour la plupart des israéliens, Oslo a fait disparaître les palestiniens non seulement de leurs vies, de leurs vues mais aussi de leurs conscience.

La renaissance de l’Intifada a rendu les palestiniens à nouveau visibles. Cependant, en même temps qu’ils étaient à nouveau présents dans la mentalité israélienne, leur image a été distordue par la propagande israélienne, pour assouvir les ambitions d’un État israélien. Les palestiniens ont réapparus, dans le meilleur des cas, comme des intrus / envahisseurs qui doivent être écrasés et, dans le pire des cas, comme une catastrophe naturelle qui doit être éradiquée.

5 - Schizophrénie paranoïde collective

Le palestinien post-Oslo a été recréé comme menace existentielle par une double "mystification" qui écarte à la fois le personnel et le politique, ce qui crée, en fin de compte, une schizophrénie nationale.

La première mystification à l’ ?uvre est celle créée par Ehud Barak qui, après Camp David, a clamé que le rejet par Yasser Arafat de son "offre la plus généreuse" a prouvé que le palestinien n’avait jamais eu l’intention de faire la paix avec Israël. Cette mystification établit que l’agrément du processus d’Oslo par les palestiniens n’était rien d’autre qu’une tactique destinée à affaiblir Israël pour mieux le détruire.

L’assassinat de Rabin, l’évident sabotage des négociations par Netanyahu, l’énorme offensive dans les territoires, les actes de provocation à Haram-el-Sharif, tout ça a été oublié et remplacé par la mystification, très bien organisée, d’Ehud barak.

En poursuivant ce raisonnement, si l’accusation de duplicité palestinienne d’E. Barak est correcte, la réponse à la situation actuelle par Ariel Sharon l’est aussi.

Sharon prétend que telle est la position palestinienne, dans le processus de paix, depuis le début et a rejeté l’accord d’Oslo dès l’origine.

Dans l’habituelle logique distordue du peuple israélien, il s’en suit que la politique brutale de Sharon est la seule façon de déjouer le "complot" palestinien. Les opérations - suicide à l’intérieur d’Israël, bien qu’elles soient intervenues après les dommages créés par les mensonges de Barak, ne servent qu’à confirmer aux yeux de la plupart des israéliens qu’ils sont bien dans une guerre défensive.

Les attentats - suicide sont également devenus la "pierre d’achoppement" d’une prochaine menace existentielle. Là le peuple israélien est victime d’une mystification cynique basée sur la confusion entre leur sécurité individuelle, qui est bien sûr menacée par ces attentats à l’intérieur d’Israël, et la sécurité nationale israélienne, qui, elle, n’est pas du tout menacée, ni par la résistance palestinienne, ni par les États arabes.

En résumé, l’ensemble de la société israélienne est devenue folle. En dépit de la réalité et du rapport de forces, Israël est convaincu qu’il y a une menace immédiate sur son existence nationale. Le fait que - à part George Bush, personne ne partage cette évaluation mais perçoit plutôt Israël comme l’agresseur et les palestiniens comme les victimes, est une preuve supplémentaire que "le monde entier est contre nous" (chanson enfantine israélienne) et "se dresse pour nous anéantir" (prière des morts).

Pour comprendre la folie collective qui s’est emparée de la société israélienne, nous ne pouvons limiter notre analyse aux ravages de cette double mystification et il nous faut essayer de comprendre comment cela a pu arriver si rapidement, si facilement. On peut trouver la réponse dans le sentiment de soulagement (sic) qui caractérise la mobilisation de la société israélienne dans sa nouvelle "guerre" contre les arabes.

Dans un monde normal, on aurait pu s’attendre à ce que la prise de conscience que la paix n’est qu’une illusion, que les arabes en réalité n’ont qu’un but : nous détruire, aurait provoqué parmi la population israélienne un sentiment de déception profonde et de tristesse. En fait, c’est le contraire qui s’est produit. C’est comme si après 7 années de confusion et de difficultés réelles à essayer de s’adapter à un "processus de paix" totalement nouveau, le peuple israélien était revenu à sa "normalité de guerre", à ces vieux réflexes et habitudes. Dans ce contexte inversé, la normalité, pour la plupart des israéliens, c’est l’état de siège, qu’il soit réel ou virtuel, l’unité nationale contre l’ennemi et la mobilisation - commandement N° 8.

La population israélienne ne se sent pas à l’aise dans un "processus de paix" qui l’oblige à changer d’habitude et d’attitude, non seulement vis-à-vis des palestiniens, mais aussi d’elle-même.

Apprendre que les palestiniens n’ont pas renoncé à leur engagement de nous détruire, et que l’Intifada est bien une bataille pour la destruction d’Israël, pour la plupart des israéliens, c’est une bonne nouvelle.

6 - Une fois de plus dans le camp de la paix israélien

Le camp de la paix israélien a clairement été la principale victime de la mystification Barak - le mythe du rejet du bon accord. Aujourd’hui, la majorité de ceux qui se seraient spontanément placés dans le camp de la paix soutiennent la "guerre" de Sharon. Plus que toute autre chose, ceci montre, après coup, combien l’évolution politique du camp de la paix a été limitée pendant les années 80 - 90, combien ce fut facile de les ramener dans le consensus national et à une identification totale avec le sentiment anti-palestinien raciste dominant. Le "peacenik" israélien n’est pas moins nostalgique des "bons vieux jours" de 1967 et 1973 que son alter ego de Droite, et il endosse l’uniforme avec même plus de plaisir. Il estime avoir prouvé son patriotisme et son appartenance à la tribu.

Dans un tel cadre, la décision de centaines d’officiers de réserve et de soldats de refuser de servir dans les territoires occupés est encore plus significative. Contrairement à l’invasion du Liban en 1982, ils nagent à contre-courant du camp de la paix. En dénonçant une guerre qui est présentée comme une "guerre obligée", ils s’identifient à un ennemi que les médias présentent comme une menace à l’existence même de l’État d’Israël. Ces résistants du contingent fournissent un exemple vivant de ce qui devrait être fait : désobéissance, refus de collaborer à un crime contre l’humanité, résistance active plutôt que simples protestations et dénonciations. Seule une telle résistance peut laisser ouverte une fenêtre sur l’opportunité offerte par l’OLP dans les années 80. Il pourrait y avoir ainsi une chance pour les israéliens d’obtenir l’agrément du monde arabe, malgré les crimes et les destructions. Pour sauver Sodome et Gomorrhe, 10 Justes furent sollicités. Ils n’étaient pas disponibles.

Si notre premier objectif est, indépendamment du nombre, d’organiser une solidarité active avec le peuple palestinien, notre second objectif est de modifier l’opinion publique israélienne de manière à ce qu’un jour, nous ayons le droit de dire : "Il y eut à Sodome suffisamment de Justes pour plaider contre sa destruction".

7 - Au sujet des crimes, massacres et dommages collatéraux

Un massacre n’implique pas l’intention de le commettre. Dans la répression du soulèvement du Ghetto de Varsovie, il y eut un massacre (tir sur toute personne en mouvement et destruction des maisons sur leurs occupants), bien que l’intention des Waffen SS ne soit pas de massacrer les juifs mais de les capturer et de les massacrer ensuite à Treblinka.

Un massacre ne nécessite pas non plus des "centaines" de pertes. On ne peut nier qu’à Kafr Qassen, en 1956, il y eut un massacre, bien que moins de 60 personnes furent brutalement tuées. Un massacre, c’est le fait qu’un individu, une bande, une milice ou une unité militaire tue des civils désarmés. Il y eut un massacre à Jénine. Mais la vraie question, ce sont les crimes de guerre, ainsi que peut-être l’accusation de "crime contre l’humanité". Les crimes de guerre sont des crimes commis par une armée violant les lois de la guerre. Comme l’a souligné un des observateurs officiels de l’IDF dans une lettre d’avertissement au Commandant en Chef de l’Armée israélienne, "les dommages collatéraux" doivent être proportionnels aux objectifs militaires, sinon ces dommages peuvent être considérés comme des crimes de guerre.

Les opérations de pacification israéliennes furent d’énormes dommages collatéraux dans une offensive supposée destinée à neutraliser des réseaux terroristes. La destruction de la totalité de l’infrastructure civile palestinienne, l’assassinat de centaines de civils, la destruction de centaines ou de milliers de maisons sont, selon les lois de la guerre, complètement disproportionnées avec les buts supposés de l’offensive. Dans ce sens, ce sont des crimes de guerre. La portée de ces actions peut même justifier l’accusation de "crimes contre l’humanité", accusation à partir de laquelle aucun leader politique, aucun officier ou soldat, impliqués dans de tels crimes, n’obtiendra jamais aucune impunité. Le Tribunal de La Haye et la Cour Internationale de Justice nouvellement créée attendent des centaines de criminels de guerre israéliens.

8 - Autocritique et apologie de Yasser Arafat

Tout au long du processus d’Oslo, beaucoup de commentateurs palestiniens, internationaux et même israéliens ont constamment prévenu que Yasser Arafat allait capituler ; qu’Oslo était un marché entre Israël et la direction de l’OLP pour implanter des bantoustans palestiniens sur la côte ouest et dans la bande de Gaza. Certains de ces commentateurs ont même comparé le Président de l’OLP à Antoine Lakhed ou au Maréchal Pétain et la police palestinienne à l’armée du Sud Liban ou à la milice française pendant l’occupation nazie en France.

Je devine que certains de ces experts n’auront aucune difficulté à prouver qu’il n’y a pas de contradiction entre leur analyse précédente et le fait que Sharon est obligé de détruire l’Autorité palestinienne et les forces de police palestiniennes pour pouvoir implanter des bantoustans. Et qu’il y a une continuité logique entre la présentation de Yasser Arafat comme collaborateur et le besoin de le neutraliser, ou même peut-être de l’assassiner, de manière à imposer une capitulation au peuple palestinien. Il y a toujours eu, même dans les partis de Gauche, des gens incapables de faire la différence entre un mouvement de libération nationale et une bande de collaborateurs. Ces gens-là ne méritent pas trop d’attention.

Mais parmi ceux qui ont partagé ces prédictions et développé ce genre d’analyse, il y a eu des intellectuels intelligents et des partisans honnêtes de la cause palestinienne. De leur part, nous sommes en droit d’attendre d’honnêtes autocritiques, et peut-être aussi un coup de téléphone ou une lettre d’excuses au Président Arafat, dont la vie est en ce moment même menacée par Israël, et qui résiste, héros national, à toutes les tentatives de le faire capituler devant le dictat israélien.

9 - Résistance héroïque

Il n’y a pas de mots pour saluer la résistance des palestiniens et des palestiniennes. J’étais à Ramallah le jour qui a suivi le retrait des forces armées israélienne après le siège de la plupart des villes. Si les images de la résistance militaire à Naplouse et Jénine rappellent à nombre d’entre nous les combattants des ghettos de Varsovie et Bialistok (résistant avec des fusils et des grenades à la puissante armée allemande qui détruisait des bâtiments entiers pour neutraliser quelques résistants), les hommes et les femmes de Ramallah me rappellent les juifs du ghetto de Lodz, essayant d’organiser une vie normale dans une situation totalement anormale, reconstruisant ce qui avait été détruit, envoyant leurs enfants à l’école, rouvrant les magasins, etc.

Leur volonté et leurs efforts collectifs incroyables pour maintenir de l’humanité et de la normalité, cette impressionnante lutte pour la vie est la résistance la plus héroïque, une résistance que Shaul Mofaz et ses milices n’arriveront pas à vaincre.

Cette résistance est l’ultime démonstration que les palestiniens gagneront leur lutte pour la liberté.


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