Il est douloureux d’assister aux événements de Gaza et de la Cisjordanie où le Fatah et le Hamas se battent comme une bande de gangs armés. Dans le monde entier, les Palestiniens sont à la fois désespérés, sombres, tout à la fois embarrassés et parfois honteux.

Policiers du Hamas (AP)

Les Arabes et les partisans des Palestiniens sont perplexes. Il ne sera pas surprenant de voir certains amis de la Palestine s’éloigner en silence en marmonnant que si les Palestiniens veulent s’entretuer et détruire leur propre société, qu’ils le fassent. Le monde les repoussera facilement dans l’oubli.

C’est une époque sinistre pour les Palestiniens, mais elle n’est pas inhabituelle dans le monde arabe en général. Triste à dire, voir des groupes politiques claniques à Gaza s’entretuer est chose courante dans de nombreuses parties du Moyen-Orient. Cela n’arrange rien. Cela montre simplement que le dysfonctionnement national s’exprimant dans une violence politique mutuellement destructrice est un mal arabe régional et non pas spécifiquement palestinien.

Les Palestiniens, et spécialement leurs dirigeants politiques, doivent endosser la plus grande partie du blâme pour cette série de conflits absolument incompréhensible à un moment où des pressions économiques et des sanctions ont réduit Gaza non seulement à un camp pénitentiaire, mais aussi à une cour des miracles.

Israël et les autres ennemis des Palestiniens seront heureux de les voir se battre entre eux. Un ch ?ur de skinheads et de racistes dans le monde trouvera dans ces batailles la preuve qu’Israël, qui s’est retiré de Gaza, n’a reçu en retour que les roquettes tirées par les hooligans qui contrôlent tout dans la Bande. Ils auront raison, mais en apparence seulement.

Il faut voir les roquettes lancées depuis Gaza dans le contexte d’une guerre qui fait toujours rage entre Israéliens et Palestiniens, guerre qui s’est calmée plus ou moins en raison d’un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.

Les luttes intestines entre Palestiniens ne sont pas aussi faciles à comprendre. Ce n’est pas non plus la première fois que les Palestiniens se disputent ou se battent. Ils l’ont fait pendant les années 40 et pendant les années 80 dans les camps de réfugiés au Liban ; maintenant ils recommencent dans leur contexte étriqué de Gaza.

C’est le dernier exemple le plus troublant de la manière dont un mouvement national de libération, imposant et digne, s’est laissé glisser dans l’ineptie. Ces conflits n’augmenteront pas les chances de libérer la Palestine, de forcer Israël à négocier une paix honorable et juste ou de donner aux Palestiniens la possibilité de vivre une vie plus sûre, plus stable et plus prospère. Ce qui en sortira est comparable à ce qu’obtiendrait un enfant qui s’emparerait d’une cabane construite dans un arbre et qui clamerait que cette prise est une grande victoire.

La réputation autrefois respectable dont le Fatah et le Hamas jouissaient auprès des Palestiniens s’érode lentement. A cause de leurs bagarres dans les rues des villages et les ruelles des camps de réfugiés, il est encore plus difficile de mener une lutte intègre et crédible contre le colonialisme, la brutalité et l’expansionnisme israéliens.

Au niveau mondial, la cause palestinienne est le mouvement anticolonialiste le plus ancien dans son genre, raison pour laquelle il rencontre tant de soutien. Les gens ordinaires de partout comprennent que les Palestiniens luttent contre un ennemi sioniste dont les buts prédateurs territoriaux sont enracinés dans le sol hideux de l’impérialisme et du colonialisme européens du 19ème siècle quand il était admissible de conquérir, de tuer et de déposséder d’autres peuples et de les envoyer en exil.

Les Palestiniens luttent pour l’intégrité de leur communauté et leurs droits nationaux depuis plus d’un siècle, mais ils ont perdu à chaque moment décisif à cause, notamment d’un leadership médiocre.

L’immaturité politique qui se traduit par les luttes internes est un autre problème récurrent. Par son recours massif et brutal à la force, Israël a contribué à fractionner la société palestinienne et à transformer certains de ses groupes en desperados qui iront jusqu’à se battre entre eux pour maintenir un minimum de contrôle sur leurs vies de plus en plus restreintes et vides.

La confusion et la faiblesse parmi les partisans arabes des Palestiniens ont aussi posé des problèmes à l’occasion. L’indifférence pratique de la communauté internationale devant l’effet des dures politiques israéliennes rend le contexte régional plus propice à un comportement arabe irrationnel et autodestructeur.

La période est sombre pour les Palestiniens, et ce n’est pas fini. Quand ils arriveront au fond, et ils y sont presque, ils trouveront un meilleur leadership qui pourra reconstituer leur cohésion et leur crédibilité ainsi que leur respect de soi.

A partir des décombres que laissent les attaques criminelles menées par leurs organisations politiques contre leur propre peuple, les Palestiniens reconnaîtront bientôt que vivre dans une cabane perchée dans un arbre peut être passionnant pour un enfant de neuf ans, mais que cela ne sied pas à un mouvement politique national qui tombera immanquablement dans les oubliettes si cette dérive n’est pas arrêtée et que la barre n’est pas bientôt redressée.

* Les articles de Rami G. Khouri sont publiés deux fois par semaine dans le THE DAILY STAR.

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6 août 2008 - Daily Star - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : amg