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Irak : défaite et responsabilités

mercredi 6 août 2008 - 06h:41

Visions alternatives - Editorial

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Des déclarations de Barack Obama étayent la perception très répandue que l’aventure militaire entreprise par l’administration Bush, n’a pas été une tentative pour lutter contre le terrorisme mondial, mais une manoeuvre pour projeter les intérêts géostratégiques et économiques de la mafia politico-entreprenariale qui contrôle toujours la Maison Blanche.

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Soldat des troupes américaines d’occupation forçant l’entrée d’une maison à Al-Askari - Photo : AFP

Le candidat désigné du Parti Démocrate à la présidence des États-Unis, Barack Obama, a déclaré hier que s’il gagnait les élections de novembre prochain, il mettrait fin à la guerre en Irak « de manière responsable » et chercherait à « mettre un terme positif » au combat contre l’organisation terroriste Al-Qaida et les Talibans. Le sénateur de l’Illinois a aussi reconnu que la croisade guerrière qui a été initiée au début de cette décennie par le président George W. Bush a été particulièrement désastreuse pour la sécurité, l’économie et l’image globale des États-Unis, et que « le front central dans la guerre contre le terrorisme n’est pas en Irak, et ne l’a jamais été. »

Ces déclarations démontrent la perception très répandue que l’aventure militaire entreprise il y a cinq ans par l’administration Bush qui, depuis le début a rencontré la désapprobation de la communauté internationale et le rejet massif des sondages de l’opinion publique, n’a pas été une tentative pour lutter contre le terrorisme mondial ni pour éliminer les armes de destruction massive imaginaires, mais une manoeuvre pour projeter les intérêts géostratégiques et économiques de la mafia politico-entreprenariale qui contrôle toujours la Maison Blanche.

Ce que dit Obama est positif et porteur d’espoir, parce qu’il reconnaît l’urgente nécessité de mettre fin à une guerre qui a considérablement aggravé l’insécurité mondiale, qui a entraîné destruction, violence, mort, souffrances et troubles en Irak et dans le monde, et qui a coûté la vie à plus de 4 mille soldats américains et à des centaines de milliers de civils irakiens innocents. En outre, le simple fait que de telles déclarations proviennent d’un des candidats aux présidentielles (celui qui est en tête dans les sondages) donne de la viabilité à une perspective qui, pour des considérations humanitaires élémentaires, a été souhaitée depuis longtemps.

Cela suppose toutefois, que le retrait éventuel des troupes américaines du territoire irakien, même si Obama arrive à la Maison Blanche, se heurterait à l’opposition des héritiers des groupes militaristes et colonialistes traditionnels des États-Unis (dont fait partie le candidat républicain John McCain), obstinés à maintenir l’occupation militaire illégale et dévastatrice de cette nation asiatique. De manière significative, McCain lui-même l’a dit hier, en réponse au discours de son adversaire, que la soi-disant « guerre contre le terrorisme » a été une « réussite » et que « avec le nombre approprié de soldats, » les Etats-Unis peuvent « gagner à la fois en Irak et en Afghanistan. »

L’une des principales difficultés à résoudre la catastrophe créée par Bush dans le golfe Persique est de vaincre le patriotisme et le faux triomphalisme dans ces secteurs. Et c’est que la fin de la guerre en Irak ne peut se limiter au retrait des troupes d’occupation, il faut, avant même que les forces d’invasion retournent dans leur pays d’origine, que l’opinion publique, la société et en particulier la classe politique des États-Unis reconnaisse avec réalisme que la superpuissance a perdu la guerre et qu’elle assume la défaite militaire, politique, diplomatique et même morale que cela implique. En effet, dans la guerre en Irak la société américaine se rend compte que parmi les nombreux perdants du conflit, il y a, en outre, un seul bénéficiaire : le groupe entreprenarial de consultants et contractuels dirigé par Halliburton, dont les membres ont profité du désastre et de la tragédie et ont gagné des sommes astronomiques.

Cette reconnaissance est nécessaire pour que l’agresseur fasse le compte des destructions humaines et des dégâts matériels causés par cette guerre et, conformément à cette reconnaissance, pour que le gouvernement qui prendra la tête du pays en janvier prochain procède comme le font les États perdants : avec le retrait de ses troupes, le transfert de certaines parties du territoire irakien sous le contrôle de l’ONU (afin que l’organisme responsable du lancement d’un processus de paix surveille la mise en place du processus de transition démocratique et la normalisation de sa vie institutionnelle).

En outre, devant la dévastation injustifiée de l’Irak et de son peuple, les États-Unis ont une responsabilité internationale à contribuer financièrement à la reconstruction de l’Irak et d’accepter les procès pour crimes contre l’humanité perpétrés au cours des cinq années qu’a duré l’occupation. Sur le plan intérieur, George W. Bush devrait être tenu responsable pour avoir associé son pays, par le biais de mensonges délibérés, à une guerre catastrophique.

Si on ne procède pas de cette façon, il n’y aura pas moyen d’arrêter la dégradation morale provoquée dans la vie institutionnelle américaine par son (encore) président , ni d’effacer l’immense et justifié ressentiment semé dans le monde arabe au cours des cinq dernières années et qui n’a pas disparu. Tôt ou tard, ce ressentiment finirait par générer des manifestations de haine équivalentes à celles de 11 septembre 2001.

16 juillet 2008 - Prensa Latina - Vous pouvez consulter cet article à :
http://va.prensa-latina.cu/index.ph...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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