A moins de solliciter l’intervention militaire de ses protecteurs israélien et américain, Mahmoud Abbas n’a ni la popularité ni la force armée qui lui permettraient de défaire le Hamas et de réinstaurer ainsi son autorité sur les deux territoires palestiniens.

Depuis que la trêve a été décrétée entre l’Etat sioniste et les factions palestiniennes, la guerre et la violence se poursuivent dans les territoires occupés. Les Palestiniens qui sont tombés depuis cette date ne sont pas les victimes de la soldatesque israélienne, mais celles de la guerre fratricide que se livrent le Fatah et le mouvement Hamas. Une guerre qui a la tournure d’une véritable épreuve de force, dans laquelle les deux belligérants ont recours à l’arme lourde, aux roquettes, sans ménagement pour la population civile prise en otage entre eux.

L’affrontement entre les deux factions rivales s’est déclenché après l’attentat à la bombe du 25 juillet qui a fait cinq morts à Gaza : quatre activistes du Hamas et une fillette de cinq ans, aussitôt imputé par le mouvement islamiste à des militants de la formation rivale. La chasse à ses militants, déclenchée par le Hamas dans la bande de Gaza, a eu en réplique celle engagée en Cisjordanie contre ses partisans par le Fatah.

Le geste de Mahmoud Abbas ordonnant la libération de certains militants du Hamas et celui réciproque fait par les responsables du mouvement islamiste n’ont guère fait tomber la tension et il est à craindre que les affrontements armés vont se poursuivre entre les frères devenus d’irréductibles ennemis, à la grande satisfaction de l’Etat sioniste.

Mahmoud Abbas a une responsabilité écrasante dans cette tragédie qui s’ajoute à celle que vit son peuple depuis 1948. Il ne se conduit pas et n’agit pas en effet en président élu de tous les Palestiniens, mais en chef de faction. En tant que président, il se devait de préserver l’unité nationale de son peuple en privilégiant le dialogue avec ses adversaires politiques. Il a choisi de suivre « les conseils » de la Maison-Blanche et de Tel-Aviv, lui enjoignant de rompre avec le Hamas et de ne rien faire qui rende ce mouvement un interlocuteur obligé.

A moins de solliciter l’intervention militaire de ses protecteurs israélien et américain, Mahmoud Abbas n’a ni la popularité ni la force armée qui lui permettraient de défaire le Hamas et de réinstaurer ainsi son autorité sur les deux territoires palestiniens. La seule solution dans l’intérêt de la cause palestinienne est qu’il renoue le dialogue avec le mouvement islamiste. C’est l’évidence que des forces étrangères agissent pour empêcher les Palestiniens de ressouder leur unité nationale. Il est dramatique que des responsables palestiniens soient devenus les relais et les exécutants de stratégies étrangères pour qui la cause palestinienne est uniquement un moyen et non une fin.

La détresse du peuple palestinien s’est tragiquement aggravée. Trahi par ses dirigeants politiques, abandonné par la « communauté internationale », son sort ne sollicite que d’hypocrites apitoiements. Même celui de l’Etat sioniste qui s’offre « la générosité » de jouer au bon samaritain en recueillant et soignant chez lui les Palestiniens pourchassés ou blessés par leurs frères. Abou Ammar, Abou Ayad et les autres héros disparus de la cause palestinienne doivent se retourner dans leurs tombes.

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4 août 2008 - Le Quotidien d’Oran - Analyse