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Iran : "Nous plaidons pour un Moyen-Orient dépourvu de bombe atomique"

jeudi 31 juillet 2008 - 11h:00

Kazem Jalali/Stéphane Bussard

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IRAN. Porte-parole de la Commission pour la sécurité du parlement, Kazem Jalali juge improbable une attaque américaine. Pour lui, son pays est dans la légalité du droit.

Alors que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, continue de faire monter les enchères en affirmant que l’Iran possède désormais entre 5 000 et 6 000 centrifugeuses, les Américains mettent en garde. La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a précisé que Washington ne tolérerait aucun retard à propos de la réponse que Téhéran est censé donner samedi aux six puissances négociatrices dans le dossier nucléaire. L’Occident suspecte Téhéran de développer un programme nucléaire à des fins militaires. Après avoir montré patte blanche à la sécurité du Majlis - le parlement iranien - Le Temps a été reçu par Kazem Jalali, porte-parole de la Commission pour la politique extérieure et la sécurité du pays, qui revient sur les pourparlers de Genève.

Le Temps : L’Iran ne cesse d’affirmer que les pourparlers de Genève du 19 juillet ont été constructifs. Pourtant, rien ne s’y est passé...

Kazem Jalali : Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne ont participé aux négociations, sur la base de deux « paquets », celui de Javier Solana (ndlr : chef de la diplomatie de l’Union européenne) et celui de l’Iran. Ce qui est positif, c’est que toutes les parties en présence ont manifesté leur intention de résoudre le problème par la voie des négociations. Il ne faut toutefois pas se faire d’illusions. A ceux qui croient qu’on peut régler tous les problèmes en une négociation, il faut dire que c’est impossible. C’est pourquoi nous demandons de la tolérance de la part des acteurs en présence. Javier Solana fait de son mieux. Malheureusement, lui et Mohamed ElBaradei (ndlr : directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique) subissent les pressions des superpuissances. Sans cela, il y a longtemps que la crise serait résolue.

- Malgré les incitations économiques, politiques et énergétiques des Six, l’Iran n’en démord pas. Bien qu’économiquement peu intéressant, il juge indispensable d’enrichir l’uranium.

- Il y a 7-8 ans, on voulait nous interdire toute centrale nucléaire. Aujourd’hui, certaines superpuissances continuent de mépriser d’autres Etats pour maintenir leur statut. En Iran, nous avons confiance dans les règles internationales, dans le Traité de non-prolifération nucléaire. Mais il faut lire le TNP correctement. Ce traité ne dit pas que certains Etats peuvent enrichir l’uranium et d’autres ne le peuvent pas. En revanche, il prévoit que les puissances nucléaires doivent désarmer. Cela n’a pas été fait. Contrairement à la République islamique d’Iran, Israël n’a pas signé le TNP. Nous plaidons pour un Moyen-Orient sans bombe nucléaire.

- Votre programme d’enrichissement d’uranium est censé, dites-vous, couvrir les besoins en électricité du pays, qui ont explosé. Mais dans un monde global, cette volonté d’autosuffisance énergétique n’est-elle pas illusoire ?

- On ne parle pas de cela dans le cas présent. Tout pays qui a la connaissance nucléaire doit pouvoir y recourir. L’approche colonialiste n’est plus indiquée.

- Ali Akbar Velayati, conseiller du guide suprême en matière de politique étrangère, estime que l’Iran devrait accepter le compromis des six puissances.

- Ces propos ont été mal interprétés. J’étais avec lui quand il a accordé son interview à la presse. Il n’a jamais dit qu’il fallait accepter les propositions de Javier Solana, mais qu’il fallait poursuivre les discussions sur la base des propositions des uns et des autres, qui contiennent des points communs. C’est d’ailleurs ce que nous demandons : parler d’abord des points communs et ensuite des divergences. Si ces dernières apparaissent d’emblée, l’échec est programmé.

- Dans ce cas, craignez-vous une attaque américaine ?

- Nous vivons dans un monde réel. Tout peut arriver. Mais je ne crois pas en une attaque des Etats-Unis ou de la communauté internationale. Actuellement, les tons belliqueux sont peu populaires aux Etats-Unis, notamment en raison de la campagne électorale. De plus, récemment, des intellectuels dont Noam Chomski ont écrit à Barack Obama pour l’encourager à négocier avec l’Iran.

- Vingt-neuf personnes viennent d’être exécutées en Iran. Vous étiez à Genève voilà quelques jours à l’Union interparlementaire, où vous avez parlé de droits de l’homme. Qu’y avez-vous dit ?

- Les droits de l’homme sont un sujet sérieux. Dans la région du Moyen-Orient, l’Iran a un meilleur bilan que tous les autres pays. Dans certains Etats, la femme n’a pas le droit de conduire. Il n’y a pas d’élections. Les prisons sont horribles. Nous avons des élections chaque année et le président est élu démocratiquement. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des lacunes en matière de droits de l’homme chez nous. Mais regardez en Occident, il y en a aussi. Prenez Guantanamo et Abou Ghraib.

Téhéran, le 31 juillet 2008 - Le Temps


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