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Journal de Gaza : stress et épuisement

lundi 28 juillet 2008 - 06h:29

Omar - Al Jazeera.net

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Malgré la trêve entre le Hamas et Israël, il semble que très peu de choses aient changé.

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Des familles palestiniennes essaient de fuir la désastreuse situation à Gaza en se rendant au point de passage de Rafah dans l’espoir d’entrer en Egypte [GALLO/GETTY].

Des milliers de personnes ne peuvent pas travailler, des milliers n’ont pas d’accès permanent à l’eau ni à l’électricité de façon durable ; des centaines de médecins n’ont pas les moyens nécessaires pour faire leur travail.

Rien ne semble avoir changé pour le 1,5 million de personnes encore en cage sur une langue de terre parmi les plus peuplées du monde.

Dans la pratique, il y a eu des changements, mais je ne suis pas certain qu’ils soient directement liés à la trêve.

Par exemple, vous recevez un coupon vous donnant droit à 10 litres d’essence une fois que vous avez enregistré votre voiture auprès du ministère des transports.

Le coupon suivant, vous ne pouvez le recevoir que toutes les x semaines et de toute façon avec dix litres d’essence, vous n’allez pas loin. J’ai donc décidé de ne plus utiliser ma voiture du tout. Elle est réservée pour les cas d’urgence se produisant dans l’ensemble de la famille.

Epuisement, maux de tête

Je vais bien actuellement, mais c’est pour ma femme que je me fais du souci. Elle a constamment des maux de tête et elle est épuisée.

Nous avons couru les médecins pour essayer de savoir ce que cachent ces symptômes. Nous avons eu la chance de pouvoir lui faire passer un scan et on a vu qu’elle avait une grosseur dans la nuque.

Heureusement, ce ne serait rien de grave. Le médecin a dit qu’il a les mêmes symptômes, tout comme 80% des personnes qu’il soigne. La grosseur dans sa nuque provient du stress qu’elle a enduré.

En regardant en arrière, surtout la dernière année, ce n’est pas surprenant. Notre vie, notre histoire sont pleines de stress, de peurs et de soucis.
« Que faire pour soigner ce stress ? » ai-je demandé au médecin espérant trouver une solution au problème de ma femme.

« Je compte quitter Gaza » m’a-t-il répondu.

Les enfants ont réussi leurs examens

Malgré tout, aujourd’hui est un jour fantastique. Mes enfants ont reçu les résultats de leurs examens - et bravo - ils ont réussi ! Je suis ravi et fier de leurs résultats. L’année a été difficile pour eux.

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Rafah
Des Palestiniens attendant au passage de Rafah pour entrer en Egypte [EPA]

Parfois, ils ont dû étudier à la lueur d’une chandelle avec leurs pieds dans l’eau chaude pour se protéger du froid car il n’y avait pas de carburant pour se chauffer.

Toute la matinée, ils m’ont demandé que je leur achète des cadeaux pour les récompenser. Je les emmènerai dans les magasins demain, mais il n’y a pas grand-chose à acheter.

La plage leur reste interdite malgré leurs protestations : 70 000 mètres cubes d’eaux usées sont pompées dans la mer quotidiennement - la plage est donc interdite sur 7 km.

Il est un peu difficile de ne pas aller à la plage car vous vous trouvez dans le plus grand camp de réfugiés du monde, appelé à juste titre le Camp de la Plage.

Série télévisée turque

Nous devons trouver le moyen d’occuper les enfants pendant l’été d’autant plus que la plage est interdite et qu’ils n’ont pas grand-chose à faire.

J’ai démarré une ferme organique communautaire il y a un certain temps ; cela remplacera la plage cet été. Les enfants aiment se salir les mains et manger des pastèques fraîches.

Mes enfants ont aussi récemment pris l’habitude de regarder une série turque à la télévision doublée en Arabe. Je la regarde avec eux et elle est devenue l’objet de beaucoup de questions pertinentes.

Ils ont bientôt commencé à me demander : « Papa, quand est-ce que la frontière va s’ouvrir pour que nous puissions aller en Turquie ? »

Ils voient ce qu’ils ont en commun avec les enfants turcs qu’ils voient à l’écran, mais ils se rendent aussi compte des nombreuses différences. Ils me demandent : « Pourquoi est ce qu’ils (les enfants turcs) ont le droit de voyager et pas nous ? ».

J’essaie de leur dire que les frontières sont fermées et que c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas aller en Turquie.

Mais quand ils demandent à la façon des enfants « pourquoi ? », qu’est-ce que je vais leur dire ?

* Omar est travailleur humanitaire et collabore avec Oxfam

Du même auteur :

- La sinistre réalité dans Gaza
- Rafah aujourd’hui - 26 juin, 1er juillet
- Rafah aujourd’hui - 10 avril 2007

27 juillet 2008 http://english.aljazeera.net/focus/...
Traduction : amg


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