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Israël échange des prisonniers contre des cadavres

vendredi 18 juillet 2008 - 07h:34

Juan Miguel Muñoz

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La seconde guerre du Liban, la première dont Israël a eu à en souffrir les retombées sur son propre territoire durant ses 60 années d’histoire, est maintenant terminée.

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Réception des restes par les représentants du gouvernement israélien - Photo : Reuters

Deux années et quatre jours après la guerre déclenchée après la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah, le gouvernement d’Ehud Olmert et la milice chiite ont terminé hier l’échange de leurs restes funéraires contre des prisonniers libanais. Un échange qui a provoqué un trouble profond en Israël et une joie démesurée dans le pays arabe.

Sous un soleil impitoyable, Rosh Hanikra, une enclave militaire frontalière entre Israël et le Liban, a été investie par l’armée israélienne qui a baptisé l’opération d’échange « Les garçons sont rentrés (?) ».

Cette procédure complexe a duré 10 heures. Elle incluait la restitution de 199 corps, la majorité de Palestiniens tués dans les dernières décennies, et la libération de quatre miliciens du Hezbollah ainsi que de Samir Kuntar — le terroriste condamné à quatre réclusions perpétuelles suite au meurtre de quatre personnes dans la ville israélienne de Nahariya en 1979 [Samir Kuntar ayant cependant toujours nié sa responsabilité dans la mort de ces 4 personnes - N.d.T]. La milice chiite a retourné les corps d’Ehud Goldwasser et Eldad Regev, les réservistes capturés en juillet 2006, et les restes d’autres militaires.

Les vicissitudes qui ont entouré l’échange permettraient d’écrire une encyclopédie : des voyages permanents du médiateur allemand Gerhard Konrad ; deux votes du gouvernement ; des consultations auprès des rabbins de l’armée ; des manifestations pour exiger l’échange ; des entrevues des parents des soldats avec le premier ministre Ehud Olmert ; le rejet de la libération de Kuntar par les services de renseignements et par des parents des victimes, et la position favorable de l’armée dont la priorité est de récupérer ses soldats morts ou vifs.

Le Hezbollah a attaqué la frontière plusieurs fois avant la date fatidique du 12 juillet 2006. Avec un seul objectif : la capture d’israéliens pour forcer à un échange. Le premier sur la liste était le druze Kuntar. Il est retourné hier dans son pays natal. Vivant. Goldwasser et Regev sont aussi rentrés. Dans des cercueils noirs. L’incertitude sur le sort des soldats a été maintenue jusqu’à la fin. Hassan Nasrallah, le dirigeant charismatique du Hezbollah, a fait souffrir l’indicible aux israéliens.

La douleur, la rage et la frustration se voyaient hier en Israël. L’opinion publique supporte mal la libération de Kuntar bien qu’elle soutienne le principe de l’échange comme moyen de récupérer des soldats. La classe politique ajoutait d’autres raisons. Si la commission officielle qui a enquêté sur les actes du gouvernement pendant la guerre a décrit un panorama de désolation, les avatars de l’après-guerre démontrent qu’Israël est sorti touché du conflit.

Les analystes politiques israéliens dans leur immense majorité qualifiaient l’épisode d’hier de triomphe complet pour le Hezbollah. Olmert a promis, en déchaînant les attaques aériennes dévastatrices sur les villes et villages du sud du Liban, que la guerre s’arrêterait seulement lorsque Goldwasser et Regev seront rentrés chez eux et quand le Hezbollah aura été désarmé.

Le cessez-le-feu a été proclamé le 14 août 2006, suite à la résolution 1701 des Nations Unies. Mais le Hezbollah a conservé sa force militaire. Et ce qui est encore plus significatif : la milice chiite, loin de livrer ses armes, a substantiellement augmenté son arsenal. « La résolution 1701 a été un échec. Elle n’a pas fonctionné et ne fonctionnera jamais », a déclaré lundi Ehud Barak, le ministre israélien de la défense.

La guerre, qui a causé des destructions énormes dans le sud du Liban et dans les infrastructures de tout le pays, et plus de 1000 morts libanais [la majorité des civils] et 160 israéliens [le quart étant des civils qui ont souffert du lancement de 4000 fusées Katiusha] est considérée aujourd’hui comme une décision extrêmement précipitée.

Et les questions réapparaissent depuis des jours. Pourquoi Olmert s’est-il embarqué dans une guerre qui a produit un tel fiasco pour finir ensuite par négocier ? Les spécialistes ont peu de doutes. Le premier ministre était sur le point de tomber après que la commission d’enquête ait émis son avis officiel très sévère sur la guerre.

Aujourd’hui acculé contre les cordes, touché par un important scandale lié à la corruption, Olmert a accéléré l’échange. Il a parlé hier de l’« obligation morale » de récupérer les soldats. Il y pense trop tard. Personne n’imagine que l’opération d’hier puisse sauver sa carrière politique.

Du même auteur :

- Le Liban reçoit ses libérés en héros
- Interdiction de rentrer chez soi, même en touriste
- Terroriste en free-lance
- Attaque palestinienne au c ?ur de Jérusalem

17 juillet 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Claude Zurbach


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