16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

B’Tselem avertit qu’un grave déficit en eau menace la Cisjordanie

jeudi 17 juillet 2008 - 06h:53

B’Tselem

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le déficit chronique en eau en Cisjordanie qui découle d’une distribution injuste de ressources en eau entre les Palestiniens et Israël sera beaucoup plus grave cet été à cause de la sécheresse. Dans le nord de la Cisjordanie, la consommation en eau est tombée à un tiers de la quantité minimale nécessaire.

La sécheresse de 2008, la plus grave dans la région de cette décennie, aggrave le déficit intrinsèque et constant d’eau en Cisjordanie. La pluviosité dans le nord de la Cisjordanie cette année était d’une moyenne de 64% alors que dans les sections sud de la Cisjordanie elle était de 55%. En conséquence, l’eau de pluie stockée a déjà été utilisée. La « Palestinian Water Authority (PWA) » estime le déficit en Cisjordanie de cette année de 42 à 69 millions de mètres cubes (Mm3). La consommation totale en Cisjordanie est de 79 Mm3. La PWA a déjà demandé à Mekorot (la compagnie d’eau israélienne) une provision urgente de 8Mm3.

Grave déficit en eau pour les besoins personnels

Selon l’OMS, la quantité minimum per capita pour les besoins domestiques et urbains est de 100 litres par jour. Suite au déficit chronique, la consommation dans le nord de la Cisjordanie est tombée à un tiers de cette quantité. A Tubas, la consommation per capita est de 30 litres ; à Jénine, elle est de 38 litres. A Naplouse et dans les Collines Sud de Hébron, le chiffre est légèrement au-dessus de 50 litres par jour.

La consommation moyenne per capita dans toute la Cisjordanie est de 65 litres, soit un tiers de la quantité minimale nécessaire selon l’OMS. Ces chiffres incluent l’eau pour le bétail ce qui signifie que la consommation personnelle est encore moindre.

En comparaison, la consommation moyenne en eau dans les villes israéliennes est de 235 litres et de 214 litres dans les conseils municipaux locaux soit 3.5 fois supérieur à la consommation en eau de la Cisjordanie.

Villages non reliés au réseau d’eau

Un total de 227.500 Palestiniens dans 220 villes et villages de Cisjordanie ne sont pas connectés au réseau d’eau, 75% d’entre eux se trouvent dans le nord de la Cisjordanie. 190.000 autres Palestiniens vivent dans des villages qui ne sont que partiellement reliés au réseau. Quelques 20% de Palestiniens en Cisjordanie ne sont pas connectés à un réseau de distribution d’eau.

Même dans les villes et villages qui sont reliés au réseau, l’alimentation en eau n’est pas régulière une grande partie de l’année. L’eau n’est approvisionnée que quelques heures dans la journée et parfois en alternance. Dans les zones distantes, l’approvisionnement en eau peut être déconnecté pendant des jours voir des semaines. Les habitants des communes qui ont un réseau connecté à Mekorot rapportent que la compagnie les discrimine, réduisant l’alimentation en eau aux habitants palestiniens afin de pouvoir répondre aux besoins accrus des colonies.

Ce qui aggrave encore la situation c’est que les fermiers se raccordent illégalement au réseau de distribution d’eau dans les communes palestiniennes dans la Zone C. Les autorités israéliennes qui sont responsables du renforcement de la loi dans ces régions, ne mettent pas fin au piratage.

L’eau à prix gonflés

Par manque d’alimentation en eau, beaucoup de Palestiniens sont obligés d’acheter l’eau à des marchés privés. L’année dernière le prix d’un mètre cube d’eau allait de 15 à 30 shekels soit trois à six fois le prix payé par les ménages israéliens. Cette année, le prix de l’eau risque d’être encore plus élevé. Le taux élevé de chômage et de pauvreté en Cisjordanie fait que l’achat d’eau devient une charge économique pour une grande partie de la population.

Discrimination dans la répartition des sources d’eau

Israël a un contrôle total sur les sources d’eau qui sont partagées entre Israël et les Palestiniens, principalement le « Mountain Aquifer », et un ordre de l’armée interdit à tout Palestinien de forer des puits sans permis. En même temps, Israël tire de la Cisjordanie (principalement de la Vallée du Jourdain) quelques 44 Mm3, soit 5 millions de plus que l’approvisionnement qu’elle fournit à l’Autorité Palestinienne. Israël n’alloue aux Palestiniens que 20% de l’eau en provenance du « Mountain Aquifer » et elle empêche la PWA (Palestinian Water Authority) de développer d’autres sources d’eau qui pourraient permettre d’apporter plus d’eau aux Palestiniens de Cisjordanie.

Les obligations d’Israël selon la loi internationale

En tant que puissance occupante, Israël a le devoir selon la loi humanitaire internationale d’assurer l’ordre public et la sécurité dans les territoires occupés et ce, sans discrimination. De plus, la Convention sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels, (convention ratifiée par Israël) garantit l’accès à de l’eau potable propre sans discrimination. La loi humanitaire internationale garantit également le droit aux Palestiniens d’utiliser et de jouir librement de leurs ressources naturelles.

B’Tselem demande au gouvernement israélien de garantir immédiatement et sans discrimination, un approvisionnement adéquat et régulier en eau à tous les habitants de la Cisjordanie. B’Tselem presse également le gouvernement à permettre à l’Autorité Palestinienne de développer de nouvelles sources d’eau.

1 juillet 2008 - B’Tselem - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.btselem.org/english/wate...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.