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Vague d’arrestations à l’Université de Birzeit

jeudi 3 juillet 2008 - 14h:32

Right to Education

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Depuis janvier 2008, 16 étudiants de l’université de Birzeit ainsi qu’un employé ont été arrêtés par l’armée israélienne.

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Les soudards israéliens font régulièrement des incursions dans le campus de Birzeit pour harceler et maltraiter les étudiants et les professeurs... Photo : Right to Education

Cela fait partie d’une vague d’arrestations qui a lieu à travers toute la Cisjordanie en utilisant comme prétexte que l’appartenance des personnes à ce que la loi israélienne appelle « une organisation illégale », ce qui signifie habituellement une organisation d’étudiants affiliée à un parti politique ...

Entre janvier et mars 2008, quelques 8 arrestations ont eu lieu dont 3 se trouvent en détention administrative : un système d’incarcération sans procès basé sur des « preuves secrètes ». La détention administrative est autorisée selon un ordre administratif au lieu d’un décret judiciaire sous l’allégation qu’il existe une preuve tenue « secrète » qui mérite la détention de l’étudiant. Les prisonniers peuvent passer beaucoup d’années en prison sans connaître les raisons de leur arrestation et sans pouvoir entrevoir la fin de leurs épreuves.

La souffrance psychologique provoquée par le fait de ne pas connaître les raisons de la détention peut être considérée comme une torture telle que cela est défini dans la Convention des Nations Unies Contre la Torture et plus le prisonnier est détenu longtemps, plus il y a des risques qu’il subisse aussi des tortures physiques. L’Université de Birzeit a actuellement un étudiant qui se trouve depuis 2.5 années sous détention administrative.

Les arrestations récentes incluent la tête dirigeante du Conseil des Etudiants, Abdullah Owais, arrêté en février et qui avait remplacé Fadi Hamad suite à la détention de ce dernier en décembre 2007. Il est accusé d’appartenir à une organisation illégale et de tenir un poste de responsabilité tout en appartenant à cette organisation. Fadi a été arrêté le 25 novembre par les forces militaires spéciales alors qu’il se trouvait sur la route reliant le camp de réfugiés d’Al-Jalazoon à la ville cisjordanienne de Ramallah. Le 6 décembre, il a été condamné à 1 an d’emprisonnement au motif qu’il appartenait au groupe estudiantin du Bloc Islamique qui, selon la loi militaire israélienne, est une organisation illégale tout comme n’importe quel autre groupe affilié à un parti politique.

La condamnation est le résultat d’un ordre de probation précédent qui exigeait de Fadi d’abandonner son adhésion à tout parti politique et ce, pour une durée de trois ans. En décembre 2004, Fadi avait déjà été arrêté au motif qu’il était membre du Bloc Islamique et il avait été condamné à 10 mois de prison. Puisqu’il n’avait jamais eu de lien avec une activité armée, il avait été libéré plus tôt sous probation (en septembre 2005) sous la condition qu’il ne joigne aucun groupe estudiantin pendant 3 années à venir.

L’avocat de la Campagne Right to Education de Birzeit a expliqué que Fadi était victime d’une vague d’arrestations politiquement motivées qui s’appuient sur des procédures peu convaincantes. « Cette fois-ci l’accusation s’est basée sur la confession d’un prisonnier obtenu par le Shin Bet (service de renseignements israélien), et qui déclarait que Fadi était en 2006 un membre d’Al Qutleh Islamieh (Bloc Islamique). L’armée a choisi de traduire cette affaire en justice maintenant ».

La loi militaire israélienne criminalise les adhésions à des conseils d’étudiants qui sont affiliés politiquement aux grands partis mais qui se concentrent sur le bien-être et le soutien des étudiants. Les arrestations continuelles de membres estudiantins est le moyen utilisé pour paralyser la résistance politique palestinienne. Dans le cas de Fadi, il a été arrêté seulement à cause de ses idées politiques car il n’y avait pas d’accusation de connexion à un mouvement armé. Cela sert d’avertissement à tous les étudiants palestiniens : « aujourd’hui c’est Fadi, demain cela pourrait être vous ».

Les détentions administratives et les arrestations d’activistes de conseils d’étudiants sont un moyen juridique de punir des jeunes Palestiniens engagés dans une activité politique. En mars 2008, l’Université de Birzeit avait 15 étudiants en détention administrative et 95 étudiants et employés en prison dont 38 n’ont toujours pas été inculpés.

Ce n’est pas la première fois que l’armée israélienne cible le Conseil des Etudiants de Birzeit. Depuis 2004, l’armée a arrêté 6 représentants élus du Conseil dont 3 étaient présidents au moment de leur arrestation. En 2007, Fadi Hamad avait commenté ces arrestations : « Les étudiants arrêtés qui travaillent pour le Conseil des Etudiants ne font qu’apporter un soutien local académique aux étudiants et rien d’autre. En réalité, ces arrestations ne servent qu’à discréditer et gêner le travail du Conseil en tant qu’institution et ne concernent en aucun cas la sécurité d’Israël ».

De plus la Campagne met en lumière le fait que 60% de toutes les arrestations ont été effectuées depuis 2004 au moment où Israël avait également empêché tous les étudiants de Gaza d’étudier en Cisjordanie et qu’elle avait déporté à Gaza 4 étudiants de Birzeit. Depuis, l’armée a aussi accru sa pratique d’interrogatoires arbitraires où des étudiants sans affiliation politique ont été emmenés pour être questionnés sur leurs amis et leurs familles et ce, sans raisons particulières.

Le Conseil des Etudiants déclare qu’au moins 30% des 2.200 étudiants vivant dans le village de Birzeit subissent des « interviews » de ce genre. La pression psychologique et l’anxiété provoquées par de tels « interviews » peuvent être considérées selon la loi internationale comme un traitement inhumain et dégradant. Les étudiants qui subissent ces interrogatoires sont également harcelés aux check-points, les permis de travail leur sont refusés et ils sont soumis à des incursions de domicile.

15 juin 2008 - Right to Education - Vous pouvez consulter cet article à :
http://right2edu.birzeit.edu/news/a...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


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