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L’inexorable asphyxie

jeudi 4 janvier 2007 - 13h:43

Achraf Aboul-Hol

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Autant que les attaques israéliennes ou les conflits politiques internes, le chômage, la pauvreté et la faim plongent la population dans un gouffre dont elle ne perçoit pas le fond.

Que se passera-t-il en 2007 ? Très pessimistes, les Palestiniens s’interrogent. En effet, les circonstances actuelles dans les territoires occupés ne cessent de s’aggraver : blocus étranger, agression israélienne continue, chaos sécuritaire et conflit de pouvoir. Aujourd’hui, la priorité du citoyen palestinien est son gagne-pain. Dans les régions de l’autorité nationale, la situation économique est aussi détériorée que la situation sécuritaire et politique. Cependant, les victimes du recul économique sont beaucoup plus nombreuses que celles de l’agression armée.

Le Dr Georges Al-Abd, gouverneur de l’autorité monétaire en Palestine, signale que la situation est de plus en plus alarmante à cause des pratiques israéliennes. « Des restrictions sont imposées aux produits et exportations palestiniens, sans oublier le blocus international », déclare-t-il. Il précise également que les activités publiques et privées sont paralysées, ce qui a contribué au recul du PNB palestinien de 28 % fin 2006, à 2,9 USD pour l’année 2006 contre 4,04 USD en 2005.

Pour ce qui est de la situation financière de l’Autorité palestinienne, Al-Abd assure que le gouvernement passe par une phase difficile puisqu’il ne reçoit plus aucune aide extérieure et n’a pas reçu les sommes de la perception de taxes par les Israéliens, évaluée à 2 milliards de shekels (460 millions de USD). Alors le gouvernement ne peut plus assumer ses responsabilités et n’a d’autre choix que de compter seulement sur les revenus locaux évalués à 25 millions de dollars par mois. Le ministre de l’Economie nationale, Alaeddine Al-Aârag, mentionne que le gouvernement palestinien a en revanche décidé d’entreprendre certaines procédures visant à alléger les effets néfastes du blocus économique et financier, comme en tête la baisse des dépenses de 75 % au cours du deuxième semestre de l’année 2006.

Al-Aarag regrette que le côté israélien ne reverse pas à l’Autorité palestinienne la part lui revenant des sommes perçues, ce qui influence directement la marche du processus économique. Surtout pour ce qui est des salaires des fonctionnaires de l’Autorité et toutes les activités relatives à l’investissement. Cette situation a causé des crises supplémentaires aux niveaux social et économique. Par exemple, le nombre de chèques impayés a augmenté et les taux d’emprunts bancaires ont beaucoup diminué. Chose menaçant autant le secteur privé que le secteur bancaire. Al-Aarag mentionne également que le taux de précarité dans les territoires occupés a atteint 66 %, et engendré des phénomènes graves comme la hausse du nombre d’enfants travailleurs et d’enfants qui ont quitté l’école. En plus des taux élevés de malnutrition.

D’autre part, l’Organisme central palestinien pour les statistiques a publié un rapport en novembre dernier affirmant que le nombre de chômeurs s’est élevé lors du troisième trimestre de 2006, représentant 30,3 % de la population active, contre 20,2 % lors du même trimestre de 2000. Selon le rapport, les taux de chômage les plus élevés sont enregistrés parmi les jeunes.

Récoltes avariées

Si le conflit autour du pouvoir entre le Hamas et le Fatah ainsi que le chaos sécuritaire ont joué un grand rôle dans la souffrance économique du peuple palestinien, les pratiques israéliennes de répression ont encore plus contribué à la détérioration de la situation économique. On peut même dire que c’est le facteur principal qui a déclenché le conflit politique entre la présidence et le gouvernement palestiniens. Car, en fait, les émeutes de part et d’autre brandissaient des slogans demandant « le déblocage économique ».

De fait, plus le conflit a gagné en intensité, plus les Israéliens augmentaient le blocus économique. Ainsi ne se sont-ils pas contentés d’empêcher le transfert de centaines de millions de dollars à l’Autorité palestinienne, contrairement aux stipulations des accords d’Oslo. Israël a aussi employé les points de passage comme carte de pression politique et commerciale contre l’Autorité palestinienne. Ainsi, l’Etat hébreux a-t-il fermé les points de passage vers la Cisjordanie et Gaza. De sorte que le transport des denrées agricoles soit interdit. Donc, une grande partie des récoltes a été avariée et les agriculteurs ont dû assumer des pertes énormes. Il en est de même pour les commerçants, puisqu’il a été aussi interdit de transporter les produits alimentaires et les prix ont connu des hausses exorbitantes.

C’est pourquoi Al-Aarag préconise la nécessité d’isoler les points de passage du conflit politique. Il met aussi en garde contre le danger de leur fermeture. Il explique que depuis le début de l’année 2006, le passage commercial Al-Montar (Karni) a été complètement fermé pendant presque la moitié des jours de travail officiels. Et pour le reste de l’année, le passage a fonctionné à moins de 10 % de sa capacité.

Selon Al-Aarag, l’activité dans les secteurs essentiels de l’économie nationale, c’est-à-dire l’agriculture, l’industrie, le commerce, le tourisme et les services, a connu un recul considérable. Le résultat est que l’action des capitaux et des affaires a sensiblement ralenti. Surtout que le côté israélien s’est donné le droit de décider seul des produits qui entrent sur le marché palestinien ou qui sont exportés, afin de répondre aux demandes et aux intérêts du secteur privé israélien.

Achraf Aboul-Hol, correspondant à Gaza
Al-Ahram Hebdo - Semaine du 3 au 9 janvier 2007, numéro 643


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