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Motifs et obstacles de la réconciliation palestinienne

dimanche 29 juin 2008 - 09h:11

Hassan Abou-Taleb - Al-Ahram/hebdo

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Il va sans dire que lorsque le Hamas a mis la main sur les organismes gouvernementaux à Gaza, il y a un an, il a infligé un coup dur à l’unité palestinienne...

...Du coup, la lutte se fait dans deux sens opposés. D’abord, il s’agit de continuer à lutter pour la libération nationale, de mettre fin à l’occupation et d’instaurer un Etat indépendant et viable. Un objectif dont la réalisation nécessite de négocier avec les forces de l’occupation. Ensuite, il est question de faire prévaloir les situations politiques légitimes, y compris l’unité de la Cisjordanie et de Gaza.

La division palestinienne a porté une grave atteinte aux négociations de Mahmoud Abbass avec Tel-Aviv sous le parrainage américain. Et ce conformément aux recommandations de la Conférence d’Annapolis tenue en novembre 2007 durant laquelle le négociateur palestinien donnait l’impression d’être le porte-parole d’un demi-peuple, incapable de faire un quelconque accord avant la fin de l’année courante. Cependant, l’Autorité du Hamas et le gouvernement du fait accompli à Gaza ne sont pas dans une meilleure position. Malgré la résistance du peuple palestinien à Gaza face à l’embargo et aux agressions israéliennes quotidiennes, il est difficile de fermer les yeux sur l’ampleur de la souffrance et des sacrifices que les Palestiniens ont endurés l’année dernière. En même temps, le gouvernement du Hamas semble incapable d’améliorer la situation dans le sens d’une réelle détente consistant à mettre fin à l’embargo et aux agressions israéliennes et à effectuer des négociations réelles dans le sens d’un Etat palestinien. Même si l’accalmie entamée jeudi dernier aboutit, elle n’est en fin de compte qu’un traitement partiel à des causes vitales quotidiennes, ni plus ni moins.

Tous ces facteurs dévoilent l’impasse dans laquelle se trouve l’Autorité palestinienne et expliquent l’appel d’Abou-Mazen à amorcer un dialogue national conformément à l’initiative yéménite. Ce, deux jours avant le premier anniversaire de ce que l’Autorité palestinienne a considéré comme un renversement militaire du Hamas. Ils expliquent également la position du Hamas qui a favorablement accueilli l’appel et l’a considéré nécessaire à l’ombre des conjonctures palestiniennes et régionales en cours. En conséquence, une trêve médiatique réciproque s’est instaurée entre le Fatah et le Hamas. Pourvu que cela apaise la situation entre les deux camps.

Cet accueil favorable manifesté par le Hamas ne signifie pas que les événements vont bouger dans le sens d’une détente rapide, ou bien que le dialogue national interpalestinien engendrera des résultats satisfaisants en un temps record. Il existe effectivement des difficultés, et la première est celle du dialogue national et qui comporte des interprétations opposées de l’initiative yéménite. Nous devons prendre en considération dans ce contexte les interventions américaines et israéliennes qui ne soutiennent guère l’assimilation du Hamas - qu’ils considèrent comme un mouvement terroriste - à un processus politique palestinien sous le label de la réconciliation nationale. C’est cette réconciliation palestinienne qui confère au négociateur palestinien une force supplémentaire et par conséquent une capacité d’améliorer les conditions d’un futur accord sur un Etat palestinien.

L’élément le plus important dans ce contexte est les bases sur lesquelles reposera la réconciliation entre les deux pôles du projet national sur le sol palestinien. Au moment où le président Abbass insiste sur le fait que l’OLP soit l’ombrelle du dialogue, le Hamas considère que le dialogue est assuré avec le Fatah et non pas avec l’organisation. Et au moment où l’Autorité nationale estime que l’objectif du dialogue est le retour à la situation qui prédominait avant le renversement mené par le Hamas. Ce dernier estime que ce qui est requis, c’est un dialogue suivant la règle : ni vainqueur ni vaincu. C’est-à-dire sans conditions préalables, tel qu’il a été déclaré par Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement du Hamas à Gaza. Il n’en demeure pas moins que des sources au sein du mouvement se demandent si le fait de faire prévaloir les situations d’avant le 14 juin 2007 signifierait que le Hamas préside encore une fois le gouvernement d’union nationale, conformément à l’accord de La Mecque en mars 2007.

Selon des sources au sein du mouvement Fatah et de l’Autorité nationale, l’objectif de l’amorce d’un dialogue national du président Abbass est de chercher à mettre en vigueur l’initiative yéménite. Le second objectif est celui de prouver que le président Abou-Mazen n’a pas l’intention de former un nouveau gouvernement à cette heure-ci. L’initiative d’Abou-Mazen sous-entend également que l’actuel gouvernement est celui d’une entente nationale et non pas d’union nationale semblable à celui qui gouvernait avant le 13 juin 2007. Pour lui, ce gouvernement doit s’attirer l’appui arabe et international, et la participation du Hamas n’est pas une condition essentielle. Dans cet ordre d’idées, l’objectif du dialogue national est de créer une issue adéquate au mouvement Hamas pour faire en sorte que l’Autorité nationale contrôle la situation à Gaza. Abou-Mazen planifie également pour que le Hamas ne participe pas nécessairement à un futur gouvernement, quel qu’il soit, et pour amener le mouvement à accepter le principe des élections législatives prématurées qui auront lieu à la suite de la tenue des élections présidentielles prévues en janvier prochain. Ces conditions et ces interrogations ne sont pas passagères parce qu’en réalité, elles touchent à l’essence de tout dialogue palestinien. D’autre part, elles révèlent l’ampleur du fossé existant entre les deux parties et les priorités de chacune. Cependant, un grand problème apparaît à l’horizon. Il est probable, théoriquement, de parvenir à un accord de principes palestino-israélien qui sera rendu public à la fin de cette année. Et il est probable également que le Hamas le désapprouve. Car si le Hamas détient une majorité parlementaire et ne participe pas au prochain gouvernement et si on suppose la réussite du dialogue national palestinien, comment sera-t-il alors approuvé par le peuple palestinien ? Surtout qu’il sera facile à l’ombre de telles conjonctures de provoquer les sentiments contre n’importe quel accord ne satisfaisant pas le minimum des droits palestiniens, tels que le droit au retour et de Jérusalem-Est comme capitale à l’Etat palestinien.

En outre, le facteur de l’accalmie convenue qui est entré en vigueur depuis le 20 juin dernier peut engendrer des résultats contradictoires. Si l’accalmie a lieu, suivie de l’ouverture des points de passages et de la levée graduelle de l’embargo qui étouffe Gaza, le Hamas pourrait alors se vanter de sa force et de sa capacité à gérer le conflit avec l’occupation israélienne. Par conséquent, il serait difficile qu’il renonce à la participation au prochain gouvernement. Mais si l’accalmie est avortée et si le blocus persiste, il sera probable que cela ne soit pas en faveur de n’importe quel dialogue national palestinien. Cependant, le Hamas peut sembler plus intransigeant malgré l’ampleur de la souffrance que vivent les Palestiniens à Gaza. A ce moment-là, il sera difficile de parler d’un quelconque accord palestino-israélien, ou bien d’élections présidentielles en Palestine. Et dans ce cas-là, le choix d’élections législatives prématurées sera totalement irraisonnable.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 25 juin au 1er juillet 2008, numéro 720 (Opinion)


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