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Noyés sous les eaux des égoûts

samedi 28 juin 2008 - 06h:21

- PCHR Gaza

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Siège de Gaza : témoignage Gaza 17.
« Je pense que la mer est sans doute polluée. Parfois j’ai des marques blanches étranges sur la peau mais nous allons tous les jours à la plage car nous n’avons nulle autre endroit où aller ». .

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Cette conduite des eaux d’égouts est adjacente à un restaurant sur le front de mer de la ville de Gaza et se trouve à moins de 100 mètres d’une plage populaire

Samer et ses amis traînent sur la plage de la ville de Gaza près de l’ancien port de pêche et s’apprêtent à sauter dans la mer. Un des garçons tient une bouteille en plastique dans laquelle se trouvent plusieurs petits poissons et un petit crabe. Les poissons sont morts. A moins de 100 mètres de là, un conduit d’eaux d’égouts déverse une eau souillée dans un flux de résidus d’égouts noirs qui s’écoule vers la mer là où Samar et ses amis se baignent.

L’été est extrêmement chaud dans la Bande de Gaza et les familles se rendent en masse à leur plage locale. Mais dans certaines de ces plages, les baigneurs nagent littéralement dans des eaux d’égouts. Selon OCHA (UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) depuis janvier de cette année, 50 à 60 millions de litres d’eaux d’égouts non traités et partiellement traités ont été déversés chaque jour dans la Mer Méditerranée entourant la Bande de Gaza. « Ces eaux ne peuvent pas être traitées à cause d’un manque régulier d’alimentation électrique dans la Bande de Gaza » explique un rapport récent d’OCHA sur la question sanitaire de Gaza. Hamada Al-Bayari travaille pour OCHA. « Nous sommes très inquiets car la mer devient de plus en plus sale et contaminée à cause des carences chroniques de combustibles et de pièces de rechanges » raconte-t-il. « Les centrales de traitement des eaux d’égouts de Gaza ont besoin en urgence de 14 jours d’électricité ininterrompus pour faire fonctionner un cycle de traitement d’eaux d’égouts correcte et ce, pour le bien de la santé publique de Gaza ».

Le CMWU (Gaza Coastal Municipal Water Utility) est responsable du provisionnement en eau potable dans toute la Bande de Gaza ainsi que du fonctionnement des trois sites de traitement des eaux usées. A cause des déficits chroniques et continuels d’électricité, de combustibles et de pièces de rechanges, l’eau non filtré du robinet est saline et non potable dans toute la Bande de Gaza et aucune des installations de traitement ne fonctionnent normalement. Le CMWU a récemment été obligé d’augmenter le volume des eaux usées non traitées qui est déversé dans la mer à 77 millions de litres par jour et ce, afin d’éviter d’inonder les zones résidentielles surpeuplées comme dans le camp de réfugiés de Jabaliya au nord de la Bande, camp où 3 millions de litres d’eaux d’égouts ont dû dernièrement être pomper dans un lagon d’eaux d’inondations.

Malgré la signature la semaine dernière de la Tahdiya (ou trêve entre le Hamas et Israël) l’approvisionnement normal en combustibles n’a pas repris et il ne reste au CMWU qu’un tiers de combustible nécessaire pour faire fonctionner un service de traitement complet des eaux d’égouts et des eaux usées à Gaza. Israël a entre temps restreint sévèrement depuis juillet 2007 l’entrée de pièces de rechanges indispensables aux usines de traitement des eaux usées et des eaux d’égouts de Gaza.

Une inquiétude se répand maintenant au sujet de l’état de la Mer Méditerranée autour de la Bande de Gaza. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a récemment pris des échantillons dans 30 sites de rivages de la Bande de Gaza et les a testés et a détecté des risques de contaminations fécales humaines et animales. Treize zones couvrant sept plages le long de la Bande ont été identifiées comme étant polluées et impropres aux baignades, y compris 3 plages le long de la Bande de Gaza centrale et méridionale et 4 plages dans et autour de la ville de Gaza. La plage à côté du port de Gaza où Samer et ses mis se baignent chaque jour, est l’une d’elles.

L’OMS a avertit que « des éruptions d’origine hydriques doivent être particulièrement être évitées à cause de leurs prédisposition à provoquer une grande proportion d’infections simultanées dans la communauté ». Ces éruptions peuvent inclure des gastroentérites, des infections des oreilles, des dermatites, de la dysenterie, des infections de l’appareil respiratoire et urinaire, des infections des yeux, provenant de souches de colibacilles. Les directives de santé de l’OMS précisent que les microbes pathogènes transmis par l’eau sont l’une des causes mondiale de mort et de maladies et tout comme OCHA, l’organisation répète que les usines de traitements des eaux d’égouts de Gaza ont besoin en urgence d’être modernisées et d’avoir plus de combustibles.

« Ces restrictions sont une claire violation du droit universel à la santé et à un environnement sain » dit Khalil Shaheen, le directeur de l’Unité pour les Droits Economiques et Sociaux du PCHR. « Selon la loi humanitaire internationale, Israël en tant que puissance occupante est dans l’obligation de faciliter l’accès à tous les équipements locaux. L’accès à de l’eau potable propre et à l’eau de mer n’est rien d’autre qu’un droit humain fondamental ».

Cette dernière enquête sur la qualité de l’eau de mer de Gaza ne suggère pas de menace mortelle imminente pour la santé publique mais le fait néanmoins demeure que la mer à Gaza est sale et contaminée parce que les forces d’occupation israéliennes refusent de donner aux habitants de Gaza les moyens de traiter leur propres eaux d’égouts et personne ne sait exactement jusqu’à quel point les risques pour la santé sont sérieux.

Les punitions collectives envers une population civile violent la loi humanitaire internationale mais Israël continue d’une manière flagrante ses violations et aujourd’hui l’eau du robinet de Gaza est imbuvable et son eau de mer est de plus en plus impropre à la baignade. La Tahdiya du 19 juin a été signée dans le but de faire cesser les hostilités entre Israël et la Bande de Gaza et éventuellement le siège sur Gaza. Mais à ce jour, les points de passages demeurent fermés et les équipements les plus fondamentaux de Gaza tels que les services sanitaires, ont atteints un point de rupture.

Lisez les autres témoignages :

- Informations PCHR Gaza
- Rapports PCHR Gaza

26 juin 2008 - Palestinian Centre for Human Rights [PCHR] - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/files/campa...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


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