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Quid de la dimension humaine dans l’UPM ? - Pas de miracle à Djeddah

dimanche 22 juin 2008 - 09h:43

Kharroubi Habib - M. Saâdoune - Le Quotidien d’Oran

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UPM : la coopération et le partenariat euro-méditerranéen ne foncionnent qu’à sens unique.
Djeddah : Les Occidentaux n’entendent pas agir pour mettre un frein aux mouvements spéculatifs.

Quid de la dimension humaine dans l’UPM ?

par Kharroubi Habib

Si la « mayonnaise » n’a pas pris dans le processus de Barcelone, c’est parce que les pays de la rive sud de la Méditerranée ont fini par se rendre compte que la coopération et le partenariat euro-méditerranéen auxquels ils ont été conviés ne fonctionnent qu’à sens unique. Celui qui mène à la concrétisation de politiques centrées sur les préoccupations sécuritaires de l’Union européenne et la consolidation de ses intérêts géopolitiques et économiques dans le bassin méditerranéen.

Quoi de plus normal par conséquent que des pays de la rive sud de la Méditerranée se montrent circonspects à l’égard du projet d’Union de la Méditerranée, dont il a été clairement annoncé, côté européen, qu’il est une continuité du processus de Barcelone. Et de fait, l’Union européenne ne propose pas dans ce projet une vision différente à la coopération qu’elle entend instaurer avec la rive sud de la Méditerranée. Ce sont toujours les mêmes priorités et les mêmes préoccupations européennes qui sont mises en avant, enrobées dans de vagues promesses-appâts à la consistance hypothétique.

L’Union européenne s’est construite sur le socle d’une identité civilisationnelle, culturelle, géographique, à la réalité admise et partagée par toutes les communautés nationales qui la composent. Une réalité qui a fait que la dimension humaine dans cette Union a autant d’importance que celles économique ou politique. Il n’en est rien de cette réalité dans l’Union projetée par l’ensemble européen avec les pays de la rive sud du bassin méditerranéen. D’où la portion congrue réservée à cette dimension humaine dans le projet en question.

Il ne faut pas se voiler la face, l’Europe n’a nullement l’intention de se fondre dans une union avec les riverains sud de la grande bleue dans laquelle sa population et les leurs jouiraient des mêmes traitements et avantages. Elle a signifié par avance les limites qu’elle assigne à cette Union pour la Méditerranée en durcissant sa politique sur l’émigration, dont le flux le plus important provient précisément de ces pays de la rive sud de la Méditerranée.

Et c’est cette même Union européenne qui prône et dicte le principe de la libre circulation des capitaux et des marchandises, sachant que cette liberté est à l’avantage de ses intérêts. Qu’est-ce alors pour les citoyens du sud de la Méditerranée cette Union dans laquelle il leur est demandé leurs ressources, leur argent, leur sueur, mais dans laquelle ils sont interdits, eux, de circulation ?

Cette interrogation, Belkhadem l’a d’emblée exprimée à François Fillon à l’entame de leur première discussion, après l’arrivée de celui-ci dans la capitale. Si elle a semblé concerner d’abord les restrictions que la France met à la dimension humaine dans ses relations bilatérales avec l’Algérie, tout le monde, et notamment celui à qui elle s’adressait, a compris qu’elle vaut tout autant pour le projet d’Union pour la Méditerranée que l’Europe veut concrétiser avec les pays du sud de la Méditerranée.

Le Quotidien d’Oran - Analyse

Pas de miracle à Djeddah

par M. Saâdoune

La rencontre entre producteurs et consommateurs de pétrole s’ouvre aujourd’hui à Djeddah. Certains pays du Golfe, comme les Emirats et le Koweït, pourraient suivre l’Arabie saoudite et augmenter leur production. A l’opposé, d’autres pays membres de l’Opep ont signifié qu’ils ne suivraient pas cette tendance. Certains pourraient même envisager de réduire leur production, a indiqué Chorki Ghanem, président de la compagnie pétrolière libyenne National Oil Corporation.

Faut-il parler de division au sein des pays de l’Opep ? C’est un souhait occidental à peine caché, qui rêve à une réédition du scénario de 1986 où l’Arabie saoudite, rompant avec la politique des quotas de l’Opep, avait inondé le marché et cassé les prix. De nombreux pays, dont l’Algérie, conservent le souvenir cuisant d’une baisse vertigineuse des recettes pétrolières et d’une plongée dans une crise économique sans précédent. Un tel scénario est-il possible dans le contexte d’aujourd’hui ? Beaucoup en doutent. Et l’Arabie saoudite elle-même, tout en essayant de satisfaire les demandes américaines, ne peut occulter le fait que le marché pétrolier est largement plombé par l’action des spéculateurs. Le prince Abdelaziz Ben Salman, vice-ministre du Pétrole, l’a admis en indiquant que son pays allait demander aux gouvernements occidentaux d’agir contre la spéculation qu’il considère comme un des principaux facteurs de la hausse des cours.

« Les gouvernements ont un rôle à jouer pour organiser et structurer les marchés (pétroliers), de manière à ce que les spéculateurs ne puissent pas se comporter d’une manière qui a permis aux prix du pétrole d’atteindre les niveaux actuels ». Le constat est juste mais il est vain d’attendre des pays occidentaux qu’ils agissent contre la spéculation, tant le « marché » est élevé au rang de religion. Sans compter que les banques occidentales, qui ont été si irresponsables dans leur gestion - comme en témoigne la crise des subprimes -, sont en train de se refaire une santé grâce à la spéculation effrénée sur les matières premières et notamment le pétrole.

Le fait que les Occidentaux choisissent de demander aux pays pétroliers de pomper davantage de pétrole est un indicateur qu’ils n’entendent pas agir pour mettre un frein aux mouvements spéculatifs qui, selon des experts, sont responsables pour au moins 40% dans la flambée des cours pétroliers.

Autre élément que l’on feint d’ignorer : la valeur excessivement basse du dollar a, immanquablement, un effet sur la flambée des prix. Il reste un autre aspect important, celui de la politique américaine à l’égard de l’Iran, qui crée des incertitudes et favorise des projections pessimistes. Il est vrai qu’une attaque contre l’Iran - toujours agitée par Bush et les Israéliens - comporte un risque sérieux d’une réduction des quantités pétrolières mises sur le marché. L’Iran n’est pas un petit producteur et même la mise à contribution de l’Arabie Saoudite ne pourra le compenser.

L’Opep, qui ne représente que 40% du marché mondial, ne peut réparer l’irresponsabilité des pays consommateurs et principalement du plus puissant d’entre eux. Djeddah peut être une rencontre utile, elle n’a pas de solution miracle, même si elle est si proche de La Mecque.

Le Quotidien d’Oran - Editorial

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