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Tempête politique contre le ministre israélien qui menace de bombarder l’Iran

jeudi 12 juin 2008 - 06h:37

Juan Miguel Muñoz

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« Attaquer l’Iran pour suspendre son programme nucléaire semble inévitable ». La phrase prononcée vendredi par le ministre des transports israéliens, Saul Mofaz, n’a pas seulement provoqué une augmentation du prix du pétrole déjà galopant.

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Saul Mofaz, criminel de guerre, ancien chef d’état-major et directement responsable des massacres de Jénine et Naplouse en 2002

Elle a aussi déchaîné la colère des responsables hébreux et de la Maison Blanche qui tentent de limiter les effets d’une fanfaronnade qui a causé des dommages à la politique israélienne en ce qui concerne la gestion du dossier atomique iranien.

Le premier ministre, Ehud Olmert, et le ministre de la Défense ont critiqué hier les propos tenus par l’ancien chef d’état major. Le porte-parole d’Olmert, qui préconise de renforcer les sanctions économiques, l’a dit en termes voilés : « la position israélienne a été précisée au cours de la récente visite du chef du gouvernement à Washington ». La menace de Mofaz « rend très difficile de persuader davantage de pays de s’allier aux sanctions » contre Téhéran, déplore le ministre de la Défense.

En Israël, les dirigeants politiques qui cherchent le devant de la scène sont légions. Et Mofaz, que les programmes de télévision humoristique montrent comme le plus macho des hommes, a mis la barre aussi haute que celle du coût du baril de pétrole brut. Il est aussi courant qu’un ministre s’élève contre les directives établies par le chef du gouvernement. C’est le système politique israélien marqué par une forte personnalisation et pour la lutte sans merci entre les prétendants. Et en période de crise, comme celle-ci, avec le premier ministre accusé dans un énième scandale de corruption, les aspirants à la succession de son parti (Kadima) et dans le gouvernement égarent les papiers.

Imprudence ? Irresponsabilité ? « Transformer le sujet le plus important en matière de sécurité en jeu politique, en l’utilisant pour l’éventuelle campagne interne de Kadima, est quelque chose qui ne se fait pas », affirme le vice-ministre de la Défense, le travailliste Matan Vilnai, qui a lui aussi été l’auteur de retentissantes déclarations. Il y a quelques mois il a été l’objet de violentes attaques pour avoir remarqué un « holocauste contre les Palestiniens ».

Mofaz a fait échouer la politique israélienne qui consistait à laisser entre les mains des Etats-Unis et de l’Union Européenne le traitement de l’épineux programme nucléaire iranien. La dernière chose que veut le gouvernement est d’apparaître en première ligne de la pression croissante diplomatique et économique contre le régime de Téhéran. Olmert cherche a imposer un blocus naval sur l’Iran, qui interdise à ses ressortissants de voyager dans les pays occidentaux et qui empêche aussi que le pays importe du pétrole raffiné. Mais son idée est que ce soit Washington qui conduise l’opération.

« Contrairement à la guerre en Irak, pour laquelle les Etats-Unis ont eu des difficultés à former une coalition internationale, il existe un soutien fidèle de l’Europe, à commencer par la France, pour empêcher que l’Iran ait un armement atomique. Les paroles inconvenantes d’Israël rendent la formation de cette coalition difficile », a écrit hier l’analyste du journal Maariv, Amir Rappaport.

Mofaz a osé dire que « les sanctions sont inefficaces ». Et Vilnai a répliqué que « cette déclaration est inadmissible et très préjudiciable ». Il a conseillé au chargé des transports de garder le silence. Une utopie. Les bagarres internes sont le reflet immédiat du fonctionnement d’un gouvernement de coalition dans lequel chaque parti prend des positions en prévision d’une éventuelle avance d’échéance électorale.

Un exemple récent. Mofaz a visité la semaine dernière le plateau du Golan (volé à la Syrie en 1967) et a rejeté sa restitution à Damas. Il se moque que son chef, Olmert, tente de garder dans le plus grand secret les tout premiers contacts avec la Syrie. Que ce soit un subterfuge ou une tentative sincère de négocier la paix, beaucoup pensent que les jours du premier ministre sont comptés. D’où la précipitation des aspirants à sa succession pour se mettre en avant.

Du même auteur :

- Israël menace d’attaquer l’Iran s’il n’arrête pas son programme nucléaire
- Echange d’un prisonnier libanais contre les restes de soldats juifs
- La pression monte en Israël pour des élections anticipées
- La crainte de l’Iran incite au dialogue

9 juin 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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