16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

L’UPM en débat au Caire - Discordances arabes

dimanche 25 mai 2008 - 08h:45

M. Saâdoune/Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Pourtant, il est clair que la question palestinienne - dont le Hamas est un acteur essentiel - restera au coeur de toute démarche visant à créer un espace euroméditerranéen commun.

L’UPM en débat au Caire

par Kharroubi Habib

Aucun Etat arabe riverain de la mer Méditerranée n’a exprimé de franche opposition au projet « d’Union pour la Méditerranée » proposé par le président français Nicolas Sarkozy. Pas même la Libye qui s’était exclue du processus euro-méditerranéen dit « de Barcelone ». Tous ont donné leur accord de principe à l’initiative française, mais avec des tonalités dans l’énoncé montrant qu’ils l’apprécient diversement, avec « enthousiasme » pour les uns, avec circonspection pour d’autres. Ce qui, pour d’autres raisons, a été l’attitude des pays de l’Union européenne qui, eux aussi, sont partagés sur le projet sarkozyen. C’est pour tenter de dégager une position consensuelle. C’est en prévision du sommet de Paris, le 13 juillet, devant donner le top départ de la construction euro-méditerranéenne projetée, que les représentants de ces Etats arabes se sont rencontrés hier au siège de la ligue arabe dans la capitale égyptienne.

La grande question pour ces Etats est de se déterminer sur un projet qui, à peine annoncé, a fait l’objet d’une controverse euro-européenne sur son contenu et ses contours. Débat qui leur fait comprendre que la majorité des membres de l’Union européenne veulent s’en tenir avec eux au cadre et au partenariat du processus de Barcelone dont les résultats ont été plus que décevants et se trouve être, de ce fait, en panne. Il leur faut, par ailleurs, se prononcer sur les conditions qu’ils devront formuler à la participation, à leur côté, de l’Etat d’Israël dans cette « Union pour la Méditerranée ». Et enfin se mettre d’accord sur la répartition entre eux des postes et responsabilités qui seront dévolus à la rive sud dans les mécanismes institutionnels de la nouvelle Union pour la Méditerranée.

Le consensus sur les trois points n’est pas facile à bâtir. Il est évident que chaque Etat arabe a sa conception spécifique de sa position dans cette Union pour la Méditerranée et de ses intérêts nationaux qu’il veut faire prendre en compte. Ils ne sont pas tout autant à l’unisson dans leur attitude à l’égard du cas Israël.

Tout comme ils ne le sont pas, sur l’intention prêtée au président français, de vouloir favoriser les ambitions d’influence de certains d’entre eux dans les mécanismes de l’entité méditerranéenne, au détriment d’autres moins perméables selon son point de vue à la prétention française d’exercer le leader ship de la nouvelle construction. Le projet, dont Sarkozy est le promoteur, ne s’annonce pas aisé à concrétiser au vu des problèmes qu’il soulève déjà des deux côtés de la Méditerranée. Il a révélé que si tout le monde est d’accord sur le principe de la coopération entre l’Europe et la rive sud de la Méditerranée, il y a, toutefois, difficulté pour les concernés à s’entendre sur la forme que cette coopération doit revêtir et les objectifs qui lui seront assignés.

Tout comme l’Europe a clairement défini au président français comment elle conçoit l’Union pour la Méditerranée projetée. Il est maintenant au tour des Etats arabes d’en faire autant ce qui, dans leur cas, s’apparente à la mission impossible.

Le Quotidien d’Oran - Analyse

Discordances arabes

par M. Saâdoune

Les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis au Caire pour discuter de l’Union pour la Méditerranée, n’étaient pas tous sur la même longueur d’onde. Le ministre égyptien, en dépit de ses efforts, ne pouvait le masquer. On connaît les objections : aspect encore flou, arrière-pensée de contournement de l’adhésion de la Turquie à l’UE et surtout normalisation gratuite avec Israël. La question ne se pose pas pour ceux qui ont des relations avec Israël, elle se pose pour des pays comme la Syrie, la Libye ou l’Algérie.

L’offre de paix du sommet de Beyrouth de 2002 reste la ligne : normalisation contre retrait des territoires occupés. On est loin du « front du refus », mais il est souhaitable que cette ligne minimaliste soit réaffirmée. Ce n’est pas un secret que l’UPM est suspectée dans le monde arabe de servir de tremplin à la normalisation. La réorientation de la diplomatie pro-américaine de Nicolas Sarkozy est donc un élément qui renforce les doutes persistants à l’égard de l’UPM.

L’évaluation est indirectement corroborée par les dernières déclarations d’Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, qui défend de manière particulièrement limpide la nécessité d’établir des canaux de communication avec le Hamas palestinien. Ce discours, frappé au coin du principe de réalité et peut-être coordonné avec le Quai d’Orsay, est-il l’annonce d’un réajustement significatif de la diplomatie française ? En tout cas, il est révélateur du handicap induit par l’alignement français sur la stratégie des ultraconservateurs américains et Israël. La France y a perdu ce qui faisait sa force et son originalité : une certaine indépendance vis-à-vis des Etats-Unis.

L’alignement est d’autant plus contre-productif qu’il se situe précisément au moment du reflux des thèses bellicistes des faucons de la Maison-Blanche et à la veille, fin de mandat oblige, d’une réévaluation annoncée de la désastreuse politique étrangère de Bush. Hubert Védrine a d’ailleurs énoncé quelques vérités premières. Il reconnaît au Hamas la qualité d’indiscutable émanation démocratique du peuple palestinien. Que l’on apprécie ou non ce fait, il n’en est pas moins avéré. Cette évolution est peut-être énoncée par les contacts officieux avec le Hamas, qui ont d’ailleurs déplu à Washington. Pourtant, il est clair que la question palestinienne - dont le Hamas est un acteur essentiel - restera au coeur de toute démarche visant à créer un espace euroméditerranéen commun. Les réserves formulées au Caire, et elles sont encore plus prononcées au sein des opinions publiques, montrent la nécessité d’un rééquilibrage des diplomaties française et européenne. Les propos de Védrine, qui a défendu les contacts avec le Hamas, mettent en débat les éléments fondateurs d’une politique étrangère dont les termes avaient été, on s’en souvient, lyriquement exposés devant les Nations unies par un autre ministre français des Affaires étrangères, De Villepin.

Aujourd’hui, dans de larges secteurs de l’opinion arabe - et au-delà - l’image du pays des droits de l’homme et des libertés est brouillée. Ce retour à la réalité et aux principes essentiels suggéré par Védrine ne peut qu’être salué. Il reste à le traduire sur le terrain. Et pas seulement avec les Etats. Car si l’Union pour la Méditerranée est peut-être un projet novateur, elle ne peut échapper à la question centrale, celle du peuple palestinien. Et cette question est aussi celle des peuples arabes.

Le Quotidien d’Oran - Edito


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.