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Gaza : grave pénurie de fournitures médicales et de soins vitaux

dimanche 25 mai 2008 - 06h:00

B’Tselem

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Bande de Gaza : grave pénurie de fournitures médicales et de traitements médicaux vitaux d’urgence

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Hôpital Nasser pour enfants, ville de Gaza - Photo : Muhammad Sabah

La situation de la santé dans la Bande de Gaza se détériore régulièrement depuis qu’Israël a renforcé son siège sur la région en juin 2007 à la suite de la prise de pouvoir par force du Hamas. Le bouclage de toutes les entrées et sorties de Gaza a empêché les malades de recevoir les soins qui ne sont pas disponibles à Gaza et a provoqué une grave pénurie de médicaments tandis que les arrêts sporadiques des livraisons de combustibles empêchent les infrastructures de fonctionner pleinement. Ceci a été exacerbé par le fait que les disputes palestiniennes internes ont conduit à des grèves au sein du système de santé de Gaza.

Selon les chiffres de l’OMS de janvier 2008, 19% des médicaments essentiels et 31% d’équipements vitaux manquent à Gaza. Il y a également un déficit grave de pièces de rechange des équipements et d’articles jetables comme les pansements, les seringues ou des plâtres. Les réductions de livraisons de combustibles ont énormément réduit les activités des ambulances, des cliniques de santé et les infrastructures qui assurent le maintien des conditions élémentaires de santé telles que l’eau potable et l’enlèvement des déchets solides. Au début de 2008 par exemple, les services de diagnostics et les services dentaires dans 32 des 56 centres médicaux d’urgence dirigés par le Ministère de la Santé Palestinien, se sont arrêtés par manque de combustibles pour faire fonctionner les générateurs. Fin février, 23 des 56 ambulances du Ministère et 7 des 40 ambulances du Croissant Rouge ont cessé toute opération pour les mêmes raisons.

Israël a en plus diminué la délivrance de permis pour entrer dans le pays pour les centaines de malades qui chaque mois, nécessitent des traitements immédiats et perfectionnés indisponibles à Gaza. Les malades ont parfois la permission de passer par le point de passage d’Erez pour se rendre dans des hôpitaux en Israël et dans des structures de soins en Cisjordanie, Egypte et Jordanie. Mais depuis que le Hamas a pris le contrôle de la Bande de Gaza, le nombre de malade qui n’ont plus le droit de quitter Gaza pour des « raisons de sécurité » a augmenté sans arrêt. L’OMS a rapporté que durant les 3 premiers mois de 2007, Israël avait approuvé 90% des demandes ; les trois derniers mois de 2007 après la prise de contrôle du Hamas, ce pourcentage est tombé à 69%.

Le point de passage de Rafah entre Gaza et l’Egypte, est fermé depuis juin 2007. Début mars et début mai 2008, il a été ouvert pendant plusieurs jours suite à un accord entre le Hamas et l’Egypte et ce, uniquement pour un groupe sélectionné de patients de Gaza pour qu’ils soient soignés en Egypte. Le point de passage demeure actuellement fermé.

En juin 2007, la Haute Cour de Justice a rejeté une requête des Physicians for Human Rights (PHR), une organisation israélienne, contre la politique impropre du département de la défense qui distingue entre les personnes en danger de mort qui ne peuvent pas être soignés à Gaza et les malades que le département de la défense considère « que leur qualité de vie risque d’être en danger » tels que des soins pour prévenir l’amputation. Ces derniers ne reçoivent généralement pas de permis. La décision de la Cour, écrite par le Juge Elyakim Rubinstein, refuse aux habitants de Gaza le droit à la santé et soutient cette politique malgré sa violation évidente de l’éthique médicale.

Une autre requête déposée à la Haute Cour par le PHR en décembre 2007 attaque la légalité d’une nouvelle procédure par laquelle chaque permis de sortie de Gaza pour soins médicaux nécessite une vérification de l’Agence Israélienne de Sécurité (ISA). Selon le PHR, dans plusieurs cas, l’ISA a exploité son enquête en faisant pression sur les malades pour obtenir des informations en échange du permis de sortie.

Selon le Ministère Palestinien de la Santé et l’OMS, quelque douzaines de Palestiniens sont décédés lorsqu’Israël a retardé ou refusé les permis de sortie de Gaza à des malades qui avaient besoin de traitement médical. Certains de ces malades étaient atteints d’une maladie incurable et leur mort ne peut pas forcément être attribué aux délais ou au refus de permis. Mais il est clair que le droit de ces malades à un traitement optimal et rapide a été violé.

Responsabilité d’Israël

L’étendue du contrôle continu d’Israël sur les aspects les plus importants de la vie à Gaza lui impose la responsabilité de la sécurité et du bien-être des habitants en accord avec les lois sur l’occupation, lois spécifiées dans les Conventions de La Haye et de Genève. En dehors de toute question concernant le statut légal de la Bande de Gaza, la loi humanitaire internationale et la loi internationale sur les droits humains exige qu’Israël protège les civils dans les moments de conflits armés, qu’elle sauvegarde les blessés et les malades, qu’elle empêche la détérioration de la situation humanitaire, qu’elle permette l’envoi des médicaments et qu’elle prennent les dispositions pour que le standard de santé soit adéquat. Dans toutes ses actions concernant la Bande de Gaza et ses habitants, Israël viole gravement le droit des habitants à des soins médicaux optimaux et accessibles.

B’Tselem presse l’état d’Israël de répondre à ses obligations légales mentionnées ci-dessus et qu’elle permette aux habitants de la Bande de Gaza d’exercer leur droit à la santé et ce, en empêchant l’effondrement du système médical à Gaza et en permettant aux malades de quitter Gaza afin de recevoir les traitements médicaux appropriés en Israël ou ailleurs.

Communiqué de Presse, 15 mai 2008 : Arrêtez de faire souffrir les civils : les guerres ont aussi des règles

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Civil israélien tué par une fusée Qassam

A la lumière de l’escalade récente de la violence autour de la Bande de Gaza y compris les frappes de roquettes Grad sur un centre commercial dans la ville israélienne d’Ashkelon, l’organisation des Droits Humains B’Tselem réitère sa demande que tous les partis protègent les civils des combats. Les règles de la guerre obligent tous les partis d’un conflit à faire leur possible pour protéger les civils. Il est strictement interdit de viser délibérément les civils.

B’Tselem condamne fermement les tirs de roquettes sur les civils israéliens. Ces attaques sont des crimes de guerre et ceux qui en sont responsables doivent être poursuivis. Israël n’a pas seulement le droit mais aussi l’obligation de protéger ses citoyens. Mais néanmoins cela implique aussi d’utiliser des moyens en accord avec la loi humanitaire internationale (LHI). Israël doit considérer toutes ses actions à la lumière des principes de cette loi et agir d’une manière proportionnée en faisant la distinction entre les civils et les combattants.

Témoignage : la vie d’une famille à Sderot sous la menace de roquettes Qassam

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(Extraits)

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Ya’acov Swisa

Yaacov Swisa est un technicien informaticien au chômage. Il est marié et père de 2 garçons. Son témoignage a été donné le 13 mars 2008 à la maison des témoignages à Maayan Geva (coordinateur des informations de B’Tselem).

« Je suis né à Sderot et ai vécu ici presque toute ma vie. J’ai toujours aimé cet endroit...on se sentait en sécurité et on ne fermait même pas les portes la nuit. J’avais l’habitude de me promener dans le marché de Gaza et je n’avais jamais peur »....

« La vie était normale jusqu’à il y a 7 ou 8 ans. Je travaillais. Nous n’étions pas riches mais vivions correctement » ...

« Je suis handicapé mais à l’aide d’une prothèse je pouvais me déplacer et aller au travail... Le 6 novembre 2007, à la suite d’un tir de roquette, je suis tombé et ma jambe a été écrasée. Depuis je dois me déplacer en fauteuil roulant...je devais subir 3 opérations mais je ne peux pas me déplacer seul et en plus je n’ai pas d’argent pour les soins et les opérations. De plus les freins de mon fauteuil roulant sont cassés et je n’ai pas les moyens de le faire réparer ou d’en changer...Je suis donc au chômage et ma femme est aussi handicapée (problèmes de yeux)...Mon employeur n’a plus les moyens de me payer une indemnité si quelque chose arrivait et de toutes façons ses affaires ont périclités à Sderot et il a à peine les moyens de subvenir à ses propres besoins... »

« Les enfants à l’école ne sortent plus pendant les récréations et même après l’école ils doivent rester chez eux à la maison. Ils ne jouent plus dehors, ne font plus de sport...toute une génération grandit à Sderot dans des abris de bombes... »

« Tous ceux qui avaient les moyens de partir sont partis ...la ville avant était avant pleine de vie mais cette année presque plus personne ne fait la fête... Depuis 6 mois, un homme du kibboutz vient deux fois par semaine et nous apporte de l’alimentation. Il aide également d’autres familles de Sderot. Nous avons de la chance d’avoir encore quelques personnes qui s’inquiètent de nous... »

« Une guerre devrait se faire entre armées et non entre civils. Cette guerre se fait aux dépens de gens innocents...Nous devrions tous repenser à ce que nous faisons... »

« J’estime que les media ne donnent pas une image correcte de notre vie à Sderot. Des juifs et des arabes vivent toujours ensemble dans cette ville. Cela peut prendre du temps, mais je pense que la vie peut redevenir normale un jour. L’état doit prendre ses responsabilités et penser aux enfants nés sous les roquettes Qassam. J’espère que cette génération ne grandira pas avec la haine dans leurs c ?urs ... »

« Nous ne partirons pas de Sderot. Même aujourd’hui, j’aime cette ville. Il y a des gens formidables ici et une atmosphère comme nulle part ailleurs. Tout le monde est prêt à vous aider comme dans le passé. Nous nous connaissons tous et prenons soin des une et des autres... »

13 mai 2008 : La Police militaire mène une enquête au sujet d’un tir de balle d’acier recouverte de caoutchouc contre un manifestant non armé à Bil’in

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Suite à une lettre de B’Tselem, la police militaire a ouvert une enquête au sujet d’un incident qui a eu lieu le 15 mars pendant lequel un officier a tiré dans le village de Bil’in une balle d’acier recouverte de caoutchouc sur un manifestant et l’a blessé.

Cet incident qui fait partie de nombreux cas de coups de feu lors de manifestations, a été filmé par deux caméras de vidéo. La scène montre que l’officier (de grade de second lieutenant) a tiré à bout portant sur un manifestant non armé, qui ne lançait pas de pierres, qui ne mettait pas en danger les forces de l’ordre et qui ne faisait rien qui pouvait justifier une telle utilisation de force contre lui. Le manifestant a été transporté dans l’hôpital Asaf Harofe où il a dû subir une opération pour lui retirer la balle qui s’était logée dans sa cuisse.

Il parait clair dans la vidéo que le tireur n’était qu’à quelques mètres du manifestant au moment où il a tiré. Les règlements de l’armée interdisent l’utilisation de tirs de balles d’acier recouvertes de caoutchouc à moins de 40 mètres étant donné que cette munition peut être létale si tirée à une plus petite distance.

Le porte-parole de l’armée dans une déclaration au journal Ha’aretz a déclaré au sujet de l’incident que « les moyens ont été utilisés en conformité avec les ordres et la distance permise et seulement sur des personnes qui troublaient la paix ». La vidéo montre que quelques minutes avant le coup de feu de l’officier, les manifestants n’avaient ni lancé de pierres ni n’étaient entrés en conflit avec les soldats. Etant donné que la déclaration du porte-parole est totalement contradictoire avec les faits, il y a un grave soupçon que les forces de sécurité ont déposé des faux rapports sur leur activité.

B’Tselem a demandé au JAG (Procureur Général des Armées) qu’une enquête de la police militaire soit menée. B’Tselem insiste sur la nécessité d’enquêter sur la responsabilité des officiers supérieurs sur le terrain pour avoir donné des ordres illégaux et pour leur implication dans le fait d’avoir remis de faux rapports à leurs supérieurs.

Contexte

La violence et les tirs des forces de sécurité (IDF et Police des Frontières) sont fréquents lors des manifestations hebdomadaires dans le village de Bil’in. Un acte d’accusation a été enregistré dernièrement contre un policier des frontières pour avoir provoqué de graves blessures à un manifestant israélien sur lequel il avait tiré lors d’une manifestation à Bil’in en août 2006.

Le Département des Enquêtes de Police a récemment informé B’Tselem qu’il avait décidé de ne pas inculper un policier des frontières qui avait tiré dans le village en mai 2007 sur un manifestant palestinien qui était à peine à quelques mètres de lui.

Selon des témoignages donnés à B’Tselem et aux média, des manifestants palestiniens, israéliens et étrangers ont été blessés ces derniers mois à Bil’in par des balles réelles recouvertes de caoutchouc. Un des manifestants, un Japonais, a perdu la vue dans un ?il à la suite de ça. Un caméraman vidéo indépendant et un caméraman de Reuters ont également été blessés à cette même époque.

Communiqué de Presse :

9 mai 2008 : les résultats de l’officier responsable de l’enquête ne dégagent pas Israël de sa responsabilité dans la mort de la famille Abu Me’tiq

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Une des très jeunes victimes emportée à l’hôpital - Photo : Reuters

Suite à la publication des résultats de l’officier responsable de l’enquête sur la mort des 5 membres de la famille Abu Me’tiq le 28 avril à Beit Hanoun, B’Tselem a réitéré sa demande au Jag d’ouvrir une enquête de la police militaire sur ce cas. B’Tselem écrit dans sa lettre que la séquence vidéo filmée par un drone militaire (UAV) montrant une partie de l’événement, renforce le soupçon que les mesures létales utilisées par l’armée n’adhéraient pas aux principes de proportionnalité de la loi humanitaire internationale.

B’Tselem a réitéré sa position selon laquelle quiconque a tiré le missile d’origine porte la responsabilité de l’explosion qui a provoqué les morts des membres de la famille. Le missile a été tiré sur un militant qui était sur le pas de porte d’un quartier résidentiel très peuplé et ce malgré que ce dernier transportait des munitions.

Dans sa lettre, B’Tselem ajoute qu’il est conscient de la réalité dans la Bande de Gaza ou des militants palestiniens opèrent au milieu d’une population civile et dirigent des attaques contre des civils israéliens en violation des lois de la guerre. Mais cela ne justifie pas que les forces de sécurité se dérobent de leur obligation à savoir faire la différence entre les civils et ceux qui prennent part aux hostilités et de faire tout leur possible pour éviter de faire du mal aux civils et ce, d’une manière disproportionnée.

15 mai 2008 - B’Tselem- Vous pouvez consulter ces articles à :
http://www.btselem.org/English/Emai...
Traduction de l’anglais : Ana Cléja


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