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L’ambition d’Hillary Clinton

mardi 20 mai 2008 - 06h:24

Suzanne Baroud - CounterPunch

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Rien ne semble correctement marcher comme prévu pour la sénatrice Hillary Rodham Clinton dans ses tentatives d’élire domicile une fois de plus à la Maison Blanche.

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Hillary Clinton en plein zèle pro-israélien ... Cela deviendrait-il un handicap ?

Le sénateur Barack Obama, en dépit des polémiques artificiellement gonflées, poursuit son chemin vers la nomination [comme candidat] du Parti Démocrate avec une victoire écrasante et à une mince défaite, respectivement dans les primaires de la Caroline du Nord et celles de l’Indiana.

Selon le décompte de l’Associated Press, le 7 mai, un jour après les primaires de ce mardi, Obama serfait en tête avec le soutien de 1846 délégués, tandis que Clinton est à la traîne avec 1696 délégués. Pour gagner la nomination au Parti Democrate pour la candidature à la présidence, Obama ou Clinton doit obtenir le soutien de 2025 délégués. Pour rattraper Obama, Clinton maintenant aux abois doit gagner au moins 63% des voix restantes, ce qui s’avère presque impossible si l’on considère la dégradation de ses dernières performances. Obama est à peine à 178,5 délégués du seuil requis pour la nomination.

Les analystes contestent que l’un ou l’autre candidat soit susceptible d’obtenir les voix nécessaires, mais Obama parait être en meilleure position alors que la campagne contre-productive de Clinton atteint le point où sa crédibilité est contestée, comme l’est l’appel du parti Democratie alors que celui-ci s’attend à une bataille sévère contre le sénateur républicain John McCain en novembre prochain. Le réalisateur de film et critique politique américain Michael Moore, connu pour son franc-parler, a comparé une éventuelle présidence de McCain, dans une entrevue récente avec Larry King de CNN, à un troisième mandat pour George W. Bush. La déclaration de Moore ne peut pas être plus précise.

La campagne de Hillary Clinton a perdu de son élan peu après avoir commencé. Les premiers chiffres reflétant un large avantage par rapport à ses adversaires démocrates se sont rapidement estompés, en même temps qu’est devenu palpable son échec à vouloir se présenter comme une claire alternative à l’archétype du politicien de Washington. Bien que la flexibilité morale d’Obama’ soit également devenue flagrante, il a gardé un avantage par rapport à son adversaire si entêtée : il peut parler en tant qu’étranger à « l’establishment » , ce qui est cohérent avec ses proclamations au sujet du besoin de changement, du besoin d’unité et d’espoir. Clinton, bien qu’elle prétende le contraire, est une politicienne typique de Washington, égoïste, opportuniste, et passionnée de politique partisane.

Plus les appels d’Obama étaient entendus, plus on lui mettait des bâtons dans les roues, l’incitant ainsi a donner des réponses qui ont paru contradictoires avec ses engagements initiaux. Une fois confronté à l’affirmation qu’il manquerait des qualités d’un dirigeant, il s’est mis à parler en août dernier de bombarder le Pakistan, un des principaux alliés des Etats-Unis, dans la chasse contre al-Qaeda ; lorsque son engagement pro-israélien a été mis en cause, il a carrément accusé les Palestiniens d’être responsables de leurs malheurs, y compris du siège israélien mortel contre Gaza ; pour faire cesser les rumeurs sur sa supposée vie musulmane secrète, il a désavoué une des plus grandes religions du monde comme s’il s’agissait d’une forme de maladie contagieuse ; et pour finir, lorsque le révérend Jérémie Wright, pasteur d’Obama pendant beaucoup d’années, a fait ses déclarations publiques controversées, de ce fait mettant le feu à une frénésie médiatique exploitée sans vergogne par la sénatrice Clinton, Obama a parlé de Wright comme d’un homme différent de celui qu’il avait connu.

On s’attendait en particulier à ce que la polémique à propos du révérend Wright complique, voir compromette définitivement la candidature d’Obama à la Maison Blanche. La campagne de Clinton devait rebondir, ou c’est du moins ce que les médias prophétisaient. Sa campagne a essayé d’exploiter les ennuis d’Obama, présentant les opinions du prédicateur afro-américain comme étant les siennes.
Dans la même veine, dans leurs récents spots publicitaires de campagne à la télévision, le camp de Clinton a inséré de sinistres images d’Oussama Ben Laden, espérant exploiter la culture de la peur distillée par l’administration Bush et ses soutiens néo-conservateurs à la suite des attaques terroristes du 11 septembre.

Quant à Israël, Clinton a voulu marquer des points une fois pour toutes, se plaçant en tant que candidate la plus pro-israélienne — spécialement lors de la récente visite récente de John McCain en Israël, lequel a une fois de plus remonté la barre pour savoir qui était l’ami le plus fidèle d’Israël. Dans une entrevue à « Good Morning America » d’ABC, Clinton a affirmé que les Etats-Unis pourraient « totalement annihiler » l’Iran en riposte à une attaque nucléaire contre Israël. « Je veux que les Iraniens sachent que si je suis la présidente, nous attaquerons l’Iran (s’il attaque Israël), » a déclaré Clinton, ajoutant : « ceux qui pourraient envisager follement dans les 10 années à venir de lancer une attaque sur Israël, nous pourrons les annihiler complètement. »

Mais rien n’a semblé marcher jusqu’ici : ni l’exploitation de la peur, ni le chantage, ni le fait de pousser al-Qaeda et le Hamas sur la scène, ni l’utilisation abusive des déclarations publiques du révérend Jeremy ; Obama continue à gagner la confiance de plus en plus de partisans du Parti Démocrate.

Écrivant pour le site Web de CBC, Mike Flannery commente : « Obama était du côté gagnant ?de l’honnêteté’ ». Interrogés pour savoir qui était honnête et digne de confiance, 66 % des électeurs de l’Indiana ont cité Obama et 33 pour cent ont estimé le contraire.

Cinquante-quatre pour cent ont estimé que Clinton était digne de confiance et 45 pour cent ont indiqué qu’elle ne l’était pas. En Caroline du Nord, Obama a été jugé digne de confiance par 71% des personnes interrogées, l’opposé étant de 27%. Quarante-neuf pour cent des électeurs en Caroline du Nord ont estimé de leur côté que Clinton était digne de confiance, et un pourcentage équivalent a pensé qu’elle ne l’était pas. »

La campagne déjà désespérée de Clinton est devenue bien plus désespérée encore après que les médias aient signalé que la sénatrice de New York avait investi dans sa campagne une nouvelle somme d’argent estimée à 6,4 millions de dollars, avec en même temps divers appels de Démocrates influents disant qu’elle devrait décider de sortir de la course, sauvant ainsi un peu de grâce, d’intégrité, et l’espoir de maintenir le parti uni.

Une de ces voix est celle de George McGovern, âgé de 85 ans, une figure historique selon les standards du parti Democrate. On apprenait en effet que le 7 mai McGovern avait abandonné son soutien à Clinton au profit d’Obama, disant que le jeune sénateur de l’Illinois semblait sûr de gagner la nomination pour les prochaines élections présidentielles en novembre. Trois autres « super-délégués » ont aussi fait connaître leur soutien à Obama après les primaires de mardi.

Il reste six élections partiellesavant de décider de la nomination du candidat Democrate devant la convention du Parti cet été : la Virginie Ouest, le Kentucky, l’Orégon, Porto Rico, le Montana et le Dakota du Sud. Deux cent dix-sept délégués sont en jeu. Les méthodes d’élection à la proportionnelle employées par le Parti Démocrate empêcheront Obama de gagner le nombre nécessaire pour garantir sa nomination. En plus des 800 « super-délégués », 215 autres doivent encore faire leur choix, laissant Clinton et Obama faire feu de tout bois pour gagner leur soutien.

Dan Balz, écrivant dans son blog pour le Washington Post, a cité un vétéran du Parti Démocrate, un des beaucoup qui souhaitent que Clinton se retire et préserve ainsi l’unité du Parti : « Se retirer avec honneur et grâce, ou perdre sans l’un ni l’autre, en laissant pour toujours l’image d’une égoïste, indifférente à l’unité du parti ou à la cause. »

Si on tient compte des derniers communiqués de Clinton, celle-ci semble résolue à poursuivre la course pour la Maison Blanche, quel qu’en soit le prix. « Je crois que je suis le meilleur candidat contre le sénateur McCain et je crois que je serais le meilleur président parmi les trois candidats de notre courant, » a déclaré Clinton. « Ainsi, nous continuerons à concourir pour ces élections et à aller de l’avant. »

* Suzanne Baroud est écrivain de nationalité américaine et éditrice de plusieurs ouvrages. Elle est aussi éditrice en chef de PalestineChronicle.com

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12 mai 2008 - CounterPunch - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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