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Nos Forces de Défense, nos crimes de guerre, notre terrorisme

vendredi 16 mai 2008 - 05h:47

Bradley Burston - Chroniquespalestine

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Je veux m’excuser pour l’impardonnable. Il est temps pour nous d’arrêter de « comprendre » pourquoi nous tuons tant de civils palestiniens.

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Palestiniens kidnappés dans Gaza par les forces d’occupation, le 14 mai 2008 - Photo : AP/ehuda Lahiani

Il est temps pour nous d’arrêter de justifier les morts qu’on excuse comme étant le produit regrettable et accidentel dérivé d’une terrible guerre.

Si cela avait été un incident isolé, une aberration tragique, j’aurais gardé mon calme, me serais tu et aurais juste continué d’avancer.

Mais le même crime, le même - appelons-le par son vrai nom - atrocité, a été commise maintes et maintes fois, dans les mêmes circonstances, pour les mêmes raisons, avec le même résultat indéfendable.

Quelqu’un portant un uniforme de l’IDF, dans un poste à responsabilités, a donné un ordre. Nous ne saurons probablement jamais qui. Nous ne saurons jamais, non plus, qui a chargé l’obus dans le tank, si c’est vraiment cela qui s’est passé, ou qui a armé le missile air-surface, si c’est cela qui s’est passé, qui a pointé la cible, qui a donné l’ordre de tiré, qui l’a exécuté.

Ce que nous savons c’est que cette mère de Beit Hanoun, une zone dévastée du Nord de Gaza, d’où des Qassams et des mortiers sont tirés sur Israël, était avec ses quatre jeunes enfants lundi matin au petit déjeuné quand leur monde a éclaté.

Nous savons qu’ils sont tous morts.

L’armée a dit avoir tiré deux missiles sur des activistes palestiniens près de la cabane en taule de la famille de Abu Meatik, faisant sauter des explosifs transportés par les activistes et déclenchant une "explosion secondaire" qui frappa la maison.

Des témoins ont dit qu’un obus traversa le toit et tua tout le monde à l’intérieur, parmi eux Rudina Abu Meatik, 6 ans, ses frères, Saleh, 4ans et Mousab, 15 mois, et sa s ?ur de trois ans, Hana.

Nous nous consolons, ici, du côté israélien de la frontière, en nous disant qu’à l’inverse du kamikaze, du terroriste au cutter, du mitrailleur embarqué, du tireur de Merkaz Harav, la morts de ces enfants et de leur mère à Beit Hanoun était un cas épouvantable de mauvaise fortune.

Nous apaisons nos doutes en soulignant le fait que - et c’est vrai - l’armée israélienne ne vise jamais intentionnellement des non-combattants. Nous protégeons nos fragiles consciences en refoulant, cas après cas, les victimes civiles palestiniennes.

Nous évitons notre culpabilité en retournant la faute sur le Hamas, même sur le Jihad, - et pour cela je m’excuse mille fois - l’échec des civils palestiniens à s’insurger et à arrêter les terroristes.

Nous sommes préparés à l’excuser encore et encore. Nous l’avons excusé quand nous avons entendu les informations aujourd’hui, tout comme nous l’avons excusé en Novembre 2006, quand une pièce d’artillerie des IDF tua 19 personne de Beit Hanoun, dont des enfants, endormis dans leurs lits lorsque l’obus frappa.

Plus jamais.

Nous gagnerions, à cet égard, à réexaminer les raisons pour lesquelles les roquettes Qassam et mortiers palestiniens tirés sur des centres de civils sont considérés comme un crime de guerre. "Car les Qassam ne sont pas capables de viser précisément, c’est illégal de les utiliser dans ou près de zones habitées par des civils," a déclaré Human Rights Watch après qu’une une mère de Sderot et ses deux enfants furent tués par une Qassam, quelques jours après que 19 personnes, principalement des femmes et des enfants, furent tués à Beit Hanoun.

Nous gagnerions, à cet égard, à reconnaître que, malgré une technologie d’avant-garde, nous ne pouvons viser ni obus ni missile avec assurance.

"Le Droit International Humanitaire interdit les attaques directes contre des civils ou des objets civils tout comme les attaques hasardeuses et les attaques qui causes des dégâts disproportionnés sur les civils," a déclaré l’organisation. "Une attaque hasardeuse interdite comprend l’utilisation d’armes incapables de distinction entre des civils et des combattants ou entre des objets civils et militaires."

Nous savons tous pourquoi nous envoyons les hélicoptères d’assaut, et les tanks, et les chasseurs-bombardiers, et les utilisons contre les Palestiniens. Nous les utilisons pour la même raison que nous nous sommes retirés de Gaza. Pour épargner nos propres soldats. Nous savons que l’occupation prend un très grand nombre de troupes. Nous utilisons une armure contre des humains, afin de limiter l’exposition au risque de nos propres soldats.

La manière dont nous les utilisons, cependant, tue des enfants.

Il y a ceux qui, de notre côté, qui par principe, doutent des récits de témoins palestiniens, et qui préfèrent croire la version de l’armée. Je suis prêt à croire que la version de l’armée, dans un sens étroit, était correcte. Mais même la version de l’armée n’explique pas le peu de cas fait à la proximité des civils.

Je ne suis, cependant, pas disposé à accepter l’approche du Ministre de la Défense Ehud Barak, dont on peut clairement voir l’influence en politique militaire actuelle à Gaza. "Nous considérons le Hamas comme responsable de ce qui arrive ici, de toutes les victimes," a déclarer Barak, en réaction aux morts de lundi à Beit Hanoun.

"L’armée agit, et continuera d’agir, contre le Hamas, y compris à l’intérieur de la Bande de Gaza. Le Hamas est aussi en partie responsable, par le biais de son activité auprès de la population civile, des pertes humaine parmi les civils non impliqués," a dit Barak.

En même temps, l’armée a ordonné une enquête spéciale pour l’incident. C’est exactement ce qui doit advenir. Les soldats et, particulièrement, leurs commandants, doivent savoir qu’il y aura des investigations intensives et impartiales et des conséquences graves pour les meurtres de civils palestiniens.

Et tandis que nous sommes à cela, laissons l’Israélien qui est abasourdi et frappé par la terreur palestinienne, commencer à reconnaître que des mises à morts fortuites de civils sont notre honte, nos crimes de guerre, nos attentats-suicides, les massacres pour lesquels nous, vertueux comme nous croyons l’être, sommes directement coupables.

Note de l’auteur :

Ceci est la seconde version de cet article. La première a été écrite, je l’admet librement, dans la colère et la suspicion, notamment en raison de nombreux cas de meurtres gratuits de civils palestiniens qui ne sont pas communiqués, minimisés, dissimulés, ou falsifiés par les médias israéliens. Aussi parce qu’à l’origine l’armée ne voulait pas apporter sa version de l’histoire, et a été peu disposée à en parler depuis.

Permettez-moi, s’il vous plait, de préfacer cet article en signalant à ceux d’entre vous qui ont commencé leurs commentaires "Si vous aviez déjà servi dans les IDF ..." que c’est parce que j’ai servi dans les IDF, en tant qu’infirmier de guerre, en tant qu’homme enrôlé et réserviste pendant 16 ans, que j’ai écrit ce que j’ai écrit et que j’ai ressenti ce que j’ai ressenti. Et si ce que j’ai écrit était exagéré, c’est aussi pour cette raison.

Permettez-moi d’ajouter, aussi, que je crois qu’un effort extraordinaire a été fait par les IDF pour limiter les victimes de civils palestiniens, particulièrement depuis la fin 2006, et les statistiques le confirment. Mais je crois toujours que d’avantage peut, et doit, être fait à cet égard.

29 avril 2008 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://chroniquespalestine.blogspot.com
Traduction de l’anglais : Laura


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