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Après Beyrouth, les combats s’étendent au reste du Liban

samedi 10 mai 2008 - 08h:40

Al Jazeera.net

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La coalition qui dirige le gouvernement du Liban a qualifié la prise de contrôle de Beyrouth ouest par le Hezbollah de « coup de force armé » visant à ramener la Syrie dans le pays et à servir les intérêts de l’Iran, tandis que des signes montrent que les combats s’étendent au reste du pays.

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Les combattants de l’opposition ont rapidement pris le contrôle de Beyrouth ouest

La coalition du 14 mars a déclaré dans un communiqué donné en lecture ce vendredi par Samir Geagea, chef des forces libanaises, un parti pro-gouvernemental [et responsable avec les israéliens des crimes de Sabra et Chatila - N.d.T] : « Le coup armé et sanglant qui est mis en oeuvre vise à ramener la Syrie au Liban et à étendre l’influence de l’Iran jusqu’à la Méditerranée. »

Depuis Washington, Condoleezza Rice, la secrétaire d’état américaine, a réaffirmé son soutien à Fouad Siniora, le premier ministre libanais, et a fait savoir que les Etats-Unis « fourniraient l’appui requis » pour l’aider à répondre aux actions de Hezbollah.

Les réactions se sont produites après que Hezbollah et ses alliés du Amal — les deux principaux groupes chiites — aient pris le contrôle du secteur musulman de Beyrouth, ce qui comprend quasiment toutes les positions et tous bâtiments stratégiques tenus par les partisans de la coalition du 14 mars.

Dans la soirée [de vendredi], des combats ont eu lieu dans la ville méridionale de Sidon et les combattants du Hezbollah contrôlaient la principale rue commerçante Al Hamra dans Beyrouth.

Le Hezbollah maîtrise toutes les routes menant à l’aéroport international de Beyrouth, seul lien aérien du Liban avec le monde extérieur.

Selon Elie Zakhour, un des responsables du port, le port maritime de Beyrouth a été également arrêté « jusqu’à nouvel ordre » en raison de la situation, rapporte l’agence de presse nationale libanaise.

Les forces liées au gouvernement ont commencé à prendre position dans quelques quartiers de Beyrouth ouest abandonnés par les groupes partisans du gouvernement.

Un responsable de l’opposition a déclaré que les barrages routiers placés par les opposants au gouvernement ne seraient pas levés tant que le gouvernement n’aurait pas annulé ses mesures contre le Hezbollah et accepté un dialogue national.

Un autre porte-parole de l’opposition a menacé d’attaquer ce qu’il a décrit comme étant les centres de sécurité de Walid Jumblatt, le principal dirigeant du Parti Socialiste Progressiste [druze] et un des premiers alliés de Siniora, dans la région de Chouf au Mont Liban.

Dans une déclaration à Al Jazeera, Weam Wahab, un ancien ministre du Hezbollah, a ordonné à l’armée libanaise de prendre le contrôle de ces secteurs dès vendredi soir ; sinon [l’opposition] agirait sous peu pour s’en charger elle-même.

Forte escalade

Les batailles de rue qui ont éclaté pour la première fois au Liban mercredi, ont fait au moins 12 morts et plus de 20 blessés.

La tension entre le gouvernement et le Hezbollah est montée rapidement lorsque le cabinet gouvernemental a estimé que le réseau privé de télécommunications du Hezbollah était illégal et représentait une attaque contre la souveraineté du pays.

Le Hezbollah a répondu être très contrarié par les allégations du gouvernement selon lesquelles il espionnait l’aéroport de Beyrouth et par la décision du cabinet de limoger le responsable de la sécurité dans les aéroports.

James Bays, correspondant d’Al Jazeera, rapporte depuis Beyrouth ce vendredi que des tirs ont éclaté à l’extérieur de l’hôtel le plus connu de la ville, le Phoenicia Intercontinental.

« C’est une démonstration de force par les combattants de l’opposition. Ils ont pris positions à côté d’une statue de Rafiq Al-Hariri [l’ancien premier ministre libanais assassiné], et cela peut être considéré comme un message envoyé aux combattants pro-gouvernmentaux selon quoi ce sont eux qui commandent. »

On rapporte qu’une femme et son mari ont été tué à Sidon et un autre femme encore à Bar Elias, dans la vallée de la Bekaa, durant les afrontements de vendredi.

Auparavant deux personnes ont été tuées et deux autres blessées dans la ville de Khaldeh, au sud de Beyrouth.

« Il y avait une confrontation entre les partisans sunnites du bloc de la majorité et des combattants fidèles à Talal Arsalan [un politicien druze d’opposition]... Deux personnes ont été tuées et deux autres ont été blessées, » a déclaré un fonctionnaire libanais des services de sécurité.

Il a fait savoir que les personnes tuées étaient des partisans d’Arsalan.

La télévision cesse d’émettre

À Beyrouth, un bâtiment appartenant au réseau Futur TV, appartenant à Saad Hariri, un des principaux politiciens pro-gouvernmentaux, était mis hors de fonction par des partisans de l’opposition.

L’attaque est survenue après qu’une fusée lance-roquette ait frappé la barrière de la résidence fortement protégée d’Hariri dans la banlieue de Koreitem, un secteur musulman de Beyrouth ouest.

Hariri, le chef du Bloc du Futur, le plus important partenaire dans la coalition du 14 mars, devait être à l’intérieur mais il est indemne.

Un peu plus tôt, des hommes armés appartenant au Hezbollah avait obligé Futur News, la chaîne du Bloc du Futur, à cesser d’émettre dans Beyrouth.

« Des hommes armés ont entouré le bâtiment, puis ont donné l’assaut par le garage et ont exigé que l’armée fasse stopper la station, » a expliqué un des dirigeants de la chaîne télévisée.

Les troupes libanaises ont évacué le personnel des studios de la station de télévision terrestre et par satellite dans le secteur de Kantari dans Beyrouth ouest.

Les sources des services de sécurité ont indiqué que le Hezbollah et ses alliés avaient envahi les bureaux du groupe d’affaires de Hariri, toujours dans Beyrouth ouest.

Les sièges sociaux du journal Al-Mustaqbal [Bloc du Futur] ont été également encerclés par des combattants qui ont tiré des grenades, mettant le feu à un étage d’après le rédacteur en chef. [...]

Lisant un communiqué de la coalition gouvernementale ce vendredi, Geagea a indiqué que ce qui s’est produit était un coup de force armé contre la constitution et l’état libanais.

L’armée libanaise devrait intervenir pour protéger les vies du peuple du Liban, at-il encore dit.

Demande d’aide

Geagea a invité les forces modérées dans le monde arabe à intervenir pour faire pression sur le Hezbollah pour qu’il arrête son coup de force, et la communauté internationale à ne pas rester à l’écart.

Il a également réitéré le soutien de la coalition du 14 mars au gouvernement de Siniora.

La condamnation de Geagea des actions de Hezbollah a été précédée par un communiqué d’Amin Gemayel, un autre allié du gouvernement, depuis la région de Kataeb, une zone principalement chrétienne maronite.

Gemayel a invité les chrétiens à rester en dehors des combats et a accusé Hezbollah de faire un coup de force.

De son côté, Jumblatt, le chef du PSP pro-gouvernemental, a indiqué dans une interview exclusive avec Rula Amin d’Al Jazeera qu’il ne regrettait pas son soutien à la décision de limoger le responsable de la sécurité de l’aéroport de Beyrouth, que le gouvernement avait accusée d’être trop proche du Hezbollah.

« Il a déclaré que le gouvernement devrait avoir pris ce genre de décisions plus tôt, mais il prévoit que les combats cesseront bientôt, » nous dit Amin en faisant référence à Jumblatt.

« Je n’avais pas prévu une réplique aussi forte du Hezbollah, mais... oui... le groupe est beaucoup plus fort que les autres milices armées, » a encore dit Jumblatt.

Il a également déclaré : « Si vous voulez savoir ce que sera la prochaine étape pour Hezbollah, interrogez [Mahmoud] Ahmadinejad [président iranien]. Cette question dépasse les frontières libanaises. »

Demande d’un retour à la normale

De l’autre côté du spectre politique, Michel Aoun, un chef chrétien allié avec le Hezbollah, a demandé à ce que les rues retrouvent une situation normale.

« Le train qui avait déraillé est maintenant à nouveau sur la voie. Nous espérons que maintenant les évènements retrouveront un cours normal. »

Aoun a indiqué qu’il avait envoyé une lettre à Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, et à divers états membres du Conseil de sécurité, mais « qu’il n’a pas trouvé une réponse claire pour résoudre la crise ».
Sur le front diplomatique, l’Arabie Saoudite et l’Egypte ont réclamé une réunion urgente des ministres des affaires étrangères arabes pour essayer de stopper la violence.

« Une réunion d’urgence des ministres des affaires étrangères arabes au Caire pour discuter de la crise se tiendra dans les deux jours, » a dit vendredi Hossam Zaki, porte-parole égyptien du ministère des affaires étrangères.

Le Conseil de sécurité d’ONU a également demandé « le calme et la retenue », invitant toutes les parties à revenir au dialogue.

La Syrie, un allié des organisations de l’opposition au Liban, a indiqué que le conflit était « une affaire intérieure » et a exprimé l’espoir que les partis en conflit trouveraient une solution par le dialogue.

Mike Hanna d’Al Jazeeral rapporte de Jérusalem que : « le gouvernement israélien ne considère pas la situation actuelle comme menaçante, mais la voit comme une question interne. »

« Israël, cependant, a toujours soutenu l’idée que le projet du Hezbollah est de faire basculer le Liban. »

10 mai 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : Info-Palestine.net]


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