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Le 1° Mai révèle les souffrances des enfants palestiniens à Jenin

mardi 6 mai 2008 - 06h:09

Ali Samoudi

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Alors que le siège, les incessantes attaques israéliennes et les violations se poursuivent dans les territoires palestiniens, la journée internationale des travailleurs, ou le 1er Mai comme certains choisissent de l’appeler, ne fait aucune différence pour les travailleurs palestiniens qui n’ont de toute façon pas de travail.

Même les enfants sont maintenant touchés ; cet article raconte les histoires d’enfants palestiniens forcés de travailler à cause des mauvaises conditions de vie dans les territoires occupés.

1er Mai ou pas, cela ne fait pas vraiment de différence pour Ibrahim Al Qahqwaji, surnommé Al Qahwaji, en référence au type de travail qu’il fait, (Al Qahwaji signifie la personne qui vend du café).

Il a commencé cette “profession” il y a deux ans après avoir laissé l’école pour pouvoir fournir un gagne-pain à ses jeunes frères, particulièrement après que son père soit tombé malade et se soit fait renvoyé par ses employeurs israéliens alors qu’il travaillait en Israël. Ses employeurs l’ont renvoyé et ne lui ont versé aucune compensation.

“Maintenant, je n’ai pas d’autre solution que de travailler”, dit Ibrahim, “ma mère m’a dit que je devrais peut-être devenir un Qahwaji et vendre du café. C’est un travail dur mais maintenant je m’y suis fait et j’aide mes frères, ils sont tous plus jeunes que moi. Mon père a perdu son job. Je suis heureux quand je réussit à fournir à mes frères et mes parents ce dont ils ont besoin, ça me fait oublier toute ma douleur”.

Ibrahim travail presque dix heures chaque jour ; il a maintenant des “ clients permanent ” qui boivent son café tous les matin. Il a aussi réussit à établir de fortes relations avec ses “clients” qui préfèrent son café aux cafés des autres vendeurs.

“Je m’assure aussi de leur fournir le meilleur café, je leur donne aussi le café en fonction de ce qu’ils réclament et de leurs désirs”, ajoute Ibrahim.

Ses clients sont des ouvriers, des avocats, des docteurs, des ingénieurs et des employés de différentes institutions. Mais aujourd’hui, Jour des Travailleurs, il est allé à leurs établissements pour leur vendre son café et a trouvé tout fermé.

C’est un travailleur pourtant, mais il ne savait pas qu’aujourd’hui, 1er Mai, il devrait être en congé. Mais il n’a jamais prit de congé, chaque jour sans travail est un jour sans argent, et un jour sans argent est un jour où il ne peut apporter à manger ni de revenu à sa pauvre famille.
Un autre jeune, Mahmoud Khalid, a la même “profession”, et aujourd’hui, Journée Internationale des Travailleurs, il mérite aussi un congé. Lui, tout comme de nombreux enfants qui ont du quitté l’école pour pouvoir apporter un gagne-pain à leur famille, mérite de se reposer.

Mahmoud a 15 ans ; il a quitté l’école il y a un an et a commencé à vendre du café à Jenin aux employés des différents bureaux et institutions qui sont devenus ses clients réguliés.

Le 1er Mai, il est allé travailler comme il le fait chaque jour, mais fut surpris de voir tous les bureaux fermés, puis il s’est demandé “qu’est-ce que le Jour des Travailleurs ?!” “Je n’ai jamais entendu parler de ce jour avant”.

La tristesse était évidente sur son visage ; d’habitude les jours de fêtes sont des bons jours pour lui, les gens donnent des cadeaux et des présents, et il a d’avantage de travail. Mais aujourd’hui pas de travail, pas d’argent.
“Aujourd’hui j’ai perdu au moins dix clients”, dit-il, “qui va me dédommager pour ça. Mon père n’a pas de travail depuis quatre ans. Nous n’avons pas de revenu ni de soutien depuis que mon père a perdu son travail à Haïfa”.

Mahmoud et Ibrahim sont un petit échantillon du nombre important et du pourcentage d’enfants ouvriers à Jenin. Bayer Sa’id, le directeur du bureau de l’Union des Travailleurs Palestiniens de Jenin, déclare qu’“ils sont en train de payer le prix du siège et des barrages israéliens et de l’augmentation du taux de chômage”.
“La ville de Jenin, dans la partie Nord de la Cisjordanie, est maintenant connue pour être la capitale de la pauvreté en Palestine”, ajoute-t-il.

Il dit aussi que l’Union tente de contrer le travail des enfants, mais dans ces conditions, incursions incessantes, fermetures, barrages routiers, ils ne peuvent rien y faire tant qu’aucune alternative ne peut être trouvée.
Les familles pauvres deviennent incapables de fournir des conditions de vie décentes à leurs enfants, les familles ne peuvent pas payer les frais nécessaires pour la scolarisation, et maintenant leurs enfants commencent à travailler.

C’est vraiment triste de voir ça se passer ; des efforts nationaux sont nécessaires pour trouver une vrai solution pour sauver les enfants, leur assurer un meilleur futur et une vraie éducation.

Un habitant, Khalid Hussein, dit que “quand tu as a faim, tu ne peux pas penser à l’éducation et à l’école”.
“Je suis incapable de trouver un travail, incapable de nourrir mes enfants, où puis-je trouver de l’argent pour les envoyer à l’école”, dit-il, “Je reçoit de l’aide, mais à peine assez pour la nourriture. Avant je travaillais en Israël, mais maintenant je ne réussis pas à obtenir de permit pour travailler là-bas”.

“Je dois priver mon fils Hussein, 15 ans, d’aller à l’école, je n’ai jamais voulu ça”, ajoute Khalid, “Mon fils porte des paquets pour les gens et est payé en retour. Quel est l’intérêt de parler de la Journée des Travailleurs alors que les travailleurs palestiniens ne peuvent pas rapporter de pain à leurs familles. Nous avons besoin d’une vraie solution, nous avons besoin d’une alternative au travail des enfants”.

A Jenin, vous trouverez des dizaines d’enfants qui effectuent différents types de travaux ; certains d’entre eux essaient de vendre des vêtements, d’autres des parfums ou des produits d’entretien, d’autres font le ménage dans des appartements ou des immeubles.

Awad est un enfant qui travaille 12 heures par jour dans un magasin, il est payé seulement 30 NIS par jour, (1 US Dollar vaut 3.44 NIS selon le taux d’aujourd’hui).
Awad travaille dur, son père travaillait avant et subvenait aux besoins des huit membres de sa famille, mais il a perdu son emploi il y a plus de cinq ans.

Othman est un autre enfant, sa mère a dû vendre son or pour qu’il achète une charrette et il a commencé à vendre des légumes. Son père l’aide, et ils doivent douze heures par jour, sous la pluie et dans le froid ou sous le soleil brûlant de l’été.

“Le travail ne marche pas très bien, il y a beaucoup de vendeurs comme moi, mais nous devons seulement être patients, nous n’avons pas d’autre solution”, dit Othman, “Merci à Dieu pour tout, j’espère qu’à la prochaine Journée des Travailleurs j’aurai un meilleur emploi, j’espère que je pourrai avoir un jour de congé et, me reposer, mais comment pouvons-nous nous reposer alors qu’il y a le siège et des prix élevés pour tout, comment pouvons-nous avoir un jour de congé alors que nous gagnons à peine de quoi nous nourrir nous-mêmes”.

Du même auteur :

- Tentative de kidnapping de militants du Jihad islamique à Qabatiya
- Echec d’une embuscade israélienne près de Jénine
- Interview d’une détenue emprisonnée par Israël
- L’armée israélienne ferme une radio à Jénine

2 mai 2008 - IMENC - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.imemc.org/article/54593
Traduction de l’anglais : Laura


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