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Abbas : Ultime effort

samedi 26 avril 2008 - 11h:35

Khaled Amayreh

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"Il y a 40% de non-Juifs dans les territoires alloués à l’Etat juif [par la résolution de partition de l’ONU]. Cette composition n’est pas une base solide pour un Etat juif. Et nous devons regarder en face cette nouvelle réalité dans toute sa gravité et sa spécificité. Cette balance démograhique remet en cause notre aptitude à maintenir la souveraineté juive [...]. Seul un Etat ayant au moins 80% de Juifs est un Etat viable et stable."

Ben Gourion. Son intervention devant les dirigeants du Mapai (Parti des ouvriers d’Eretz Israël) du 3 décembre 1947.

"Le Nettoyage ethnique de la Palestine - Ilan Pappe - Fayard - (p. 78)

Abbas est allé voir Bush pour qu’il ramène Israël au pied.
Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a rencontré le président Bush à Washington jeudi dans un ultime effort pour sauver de l’effondrement le processus de paix soutenu par les Américains. Abbas est « sérieusement inquiet » car les perspectives d’avancées dans les négociations avec Israël, avant l’expiration du mandat de Bush à la Maison-Blanche, sont très minces.

Des sources palestiniennes à Ramallah ont déclaré à Al-Ahram Weekly qu’Abbas avait pressé l’administration Bush d’exercer « une pression réelle et significative » sur Israël afin d’assurer l’ébauche d’un accord sur le statut définitif avant fin 2008. Le dirigeant de l’AP a demandé à Bush d’insister en faveur d’un accord préliminaire détaillé qui conduirait à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien autant qu’à la création d’un Etat palestinien viable sur la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.

Israël préfère rechercher une « déclaration de principe » qui exposerait les orientations générales en vue d’une solution au statut définitif avec les Palestiniens. Mais l’AP n’est pas intéressée par une nouvelle déclaration à caractère général (les Accords d’Oslo étaient déjà une déclaration de principe) qui donnerait à Israël toujours plus de temps pour « créer une situation de faits » sur le terrain en Cisjordanie. « Une déclaration de principe serait vide de sens si on n’a pas d’accord sur les questions cruciales telles que Jérusalem, les colonies et les réfugiés » indiquait Abdullah Abdullah, législateur du Fatah et ancien directeur général au ministère palestinien des Affaires étrangères. Selon Abdullah : « une nouvelle déclaration de principe ne serait qu’une perte de temps car nous en avons déjà une, les Accords d’Oslo. Ce que nous voulons et ce que nous cherchons, c’est un accord cadre couvrant tous les aspects du conflit. Nous voulons savoir par exemple quand nos prisonniers seront libérés des prisons israéliennes et des camps de détention. »

Le président palestinien s’est plaint aussi auprès de Bush de la non application par Israël des dispositions clé de la Feuille de route élaborée sous l’égide du Quartet pour la paix entre Israël et les Palestiniens. Dans le projet de la Feuille de route, Israël s’est engagé à retirer des centaines de check-points et de barrages routiers en Cisjordanie, et de geler toute expansion des colonies juives.

Les Palestiniens et les groupes pacifistes d’observation dans les Territoires occupés accusent Israël d’être revenu sur sa parole. Ils arguent qu’Israël a maintenu l’immense majorité des barrières physiques en Cisjordanie et que, seuls, de rares barrages routiers d’importance secondaire ont été enlevés. Israël a entrepris une nouvelle série d’expansions de colonies en Cisjordanie, surtout à Jérusalem-Est. L’AP s’est plainte à maintes reprises auprès de Washington à cet égard, mais l’administration Bush n’a pas pu, ou pas voulu, exercer des pressions sur le gouvernement israélien pour qu’il cesse l’expansion coloniale sur les territoires arabes occupés.

Israël et l’AP ont poursuivi des négociations intenses pendant plus d’un an, mais sans parvenir à une avancée, surtout en ce qui concerne les questions du statut définitif. Abbas est soumis à d’énormes pressions de la part de l’opinion publique palestinienne pour, soit aller à un accord de paix digne, soit quitter les négociations. « Le peuple palestinien ne peut continuer à observer plus longtemps ce jeu de marionnettes. Si Abbas croit qu’un accord de paix avec Israël n’est pas possible, alors il doit avoir le courage de dire la vérité au peuple » dit un officiel palestinien. « Les Palestiniens sont mentalement épuisés par ce processus de paix. »

Outre l’épuisement mental provoqué par des discussions stériles avec Israël, Abbas s’aperçoit que sa carrière politique et sa crédibilité, en tant que président et chef du Fatah, seront sérieusement compromises s’il ne parvient pas à obtenir d’Israël un accord et la fin d’une occupation de 41 ans de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. Pour Azmi Shuebi, ancien ministre palestinien : « Selon moi, Abu Mazen (Abbas) finira par démissionner s’il n’obtient pas un accord de paix, ou au moins un accord préliminaire, d’ici la fin de l’année. »

Shuebi a déclaré à Weekly qu’Abbas recevait des rapports décourageants d’Ahmed Qurei à propos des nombreuses discussions, dont certaines secrètes, qu’il avait conduit avec ses homologues israéliens. « Nous savons qu’elles sont très lentes et qu’elles font très peu progrès ». Le Hamas a maintes fois critiqué les discussions israélo-AP comme « manquant de crédibilité » en raison du refus d’Israël d’arrêter son occupation militaire.

Olmert n’est pas en position de prendre des mesures radicales pour aller à un accord de paix avec l’AP comme, par exemple, arrêter l’expansion des colonies, et encore moins démanteler les colonies existantes. Le parti Haredi Shas, ultra orthodoxe, qui représente les juifs religieux du Moyen-Orient, a menacé de quitter le gouvernement Olmert si « la question de Jérusalem venait à être discutée avec les Palestiniens ». Shas est à l’origine des projets récemment annoncés pour la construction de milliers de logements pour les colons à Jérusalem-Est. Le parti fondamentaliste s’est vivement opposé à la fin de l’occupation israélienne de Jérusalem, ainsi qu’à autoriser le rapatriement d’un nombre significatif de réfugiés palestiniens dans leurs anciens villages et foyers qui se trouvent maintenant en Israël.

Pour certains chroniqueurs israéliens, tel Uri Avnery, le gouvernement d’Olmert n’est pas vraiment intéressé à conclure une paix véritable et durable avec les Palestiniens et la poursuite des discussions avec l’AP n’est qu’une façade pour la communauté internationale. Olmert, et d’autres dirigeants israéliens, considèrent le président Bush comme « un canard boiteux », déchargeant Israël de la nécessité de vraies avancées vers la paix avec les Palestiniens. Israël espère que les élections américaines et la période de transition qui va suivre lui donneront le temps de créer encore plus de faits accomplis sur le terrain en Cisjordanie, ce qui est censé mettre Israël plus en position de force pour négocier.

Cependant, l’AP n’acceptera probablement pas d’être entraînée une fois de plus dans une période incertaine de discussions floues avec Israël qui passeraient aux yeux des Palestiniens pour un d’exercice sans intérêt.

Du même auteur :

- "Encore des entretiens inutiles"
- "L’attentat amène un répit"
- "C’est le moment de dissoudre l’Autorité palestinienne"

Al-Ahram Weekly - 24 - 30 April 2008 - traduction : JPP


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