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Adoptez un docteur, adoptez un malade, adoptez une fenêtre, adoptez un repas

samedi 3 mai 2008 - 06h:00

Felicity Arbuthnot - UN Observer

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Votre aide est indispensable et tout ce qui vous est possible de donner, aussi petit que cela soit, peut faire la différence.

Les dons peuvent être envoyés en passant par Pay Pal : http://www.doveanddolphin.co.uk/hel....

"We travel like other people, but we return to nowhere ...
"We have buried our loved ones in the darkness of the clouds, beneath the roots of trees ...
We have a country of words. Speak, speak, so we may know the end of this travel."
"We travel like other people"
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« Nous voyageons comme tout le monde, mais nous retournons nulle part...
« Nous avons enterré nos êtres aimés dans l’obscurité des nuages, sous les racines des arbres...
« Nous avons un pays fait de mots. Parle, parle afin que nous parvenions à la fin de ce voyage. »
« Nous voyageons comme tout le monde »

Tiré de « Victims of a Map » de Mahmoud Darwish.


Tandis qu’Israël planifie les célébrations (qui marquent soixante années de morts, de déplacements et de douleurs palestiniens) avec un pavillon culturel de l’héritage juif, on ne peut qu’espérer dans l’intérêt d’une authenticité et une exactitude historique, que ce pavillon inclura des répliques de monticules d’anciennes maçonneries, de vestiges des foyers ancestraux palestiniens détruits et des terres sur lesquelles Israël s’est construite. Certaines images de l’exode d’un niveau biblique de générations d’occupants légitimes de par leur droit de naissance, nourris et vénérés par leurs ancêtres, aujourd’hui enterrés avec amour dans la terre qu’ils ont servie, pourraient paraître provocatrices. Alors qu’Israël a démoli, effacé l’histoire même, la replaçant par des colonies modernes grossières, les Palestiniens ont laissé (et laissent) leur héritage, n’emmenant que ce qu’ils pouvaient transporter ou, pour les chanceux, prenant un peu de cet héritage à dos d’âne, dans des charrettes ou en voiture.

Une autre touche authentique pour le pavillon serait d’exposer pour chaque année des photographies des soixante années de destructions d’antiques oliveraies, des vergers d’agrumes, des innombrables arbres en fleurs. L’entrée, tissée de branches d’oliviers, pourrait être surmontée par une colombe avec une branche d’olivier dans son bec, ces symboles de paix dont la genèse était le symbole de paix lors de l’établissement d’Athènes (pour le premier) et de l’arche de Noé (pour le deuxième) ; deux symboles reconnus par le monde et qui transcendent les religions et les ethnies. Une déclaration dans cet instant favorable, visant à tourner la page, un mea culpa et un engagement à ne plus être le voisin satanique.

Il est vrai qu’il y a encore un long chemin à faire. L’Etat d’Israël bien sûr n’est pas seulement une histoire moderne mais un travail en progression. Mahmoud al-Zahar, chirurgien et fondateur du Hamas et aujourd’hui son ministre des Affaires étrangères, écrit dans le Washington Post du 17 avril 2008 « ...le rapport des Palestiniens-Israéliens tués en 2007 est de 40 pour 1. ». La punition collective « en violation des conventions internationales » est flagrante, écrit-il, en ajoutant de façon poignante :
« J’ai enterré mon fils Hussam il y a seulement trois mois de ça, un fils qui étudiait la finance au collège et qui voulait devenir un expert-comptable. Il a été tué par un raid aérien israélien. En 2003, j’ai enterré Khaled mon aîné quand un F-16 israélien m’a visé, blessant ma fille et ma femme et aplatissant l’immeuble d’appartements où nous vivions, blessant et tuant beaucoup de nos voisins. L’année dernière, mon gendre a été tué. » (*) On ne peut s’empêcher de penser à du terrorisme d’Etat.

Le Hamas, bien sûr, a été élu légalement en tant que gouvernement palestinien en janvier 2006. Des centaines de superviseurs indépendants dont l’ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter, qui a été l’agent intermédiaire pour l’accord de paix de 1979 entre l’Egypte et Israël puis le lauréat du prix Nobel de la Paix en 2002, a déclaré que c’était l’élection la plus juste jamais tenue au Moyen-Orient arabe.

Le président Carter est revenu cette semaine dans la région et est entré en collision directe avec « la seule démocratie du Moyen-Orient » qui lui a refusé la permission de se rendre à Gaza et de rencontrer les représentants politiques du Hamas dont l’élection avait été approuvée comme étant démocratique, libre et juste. Tandis qu’il était empêtré par la complexité de ne pas pouvoir rencontrer les mauvais genres de démocrates, Israël était en train de frapper un camp de réfugiés à Gaza avec, selon les rapports, 6 attaques d’hélicoptères endommageant gravement l’hôpital de réhabilitation médicale El Wafa qui se trouvait encerclé par 10 tanks israéliens Merkava.

Les hôpitaux : « ...bénéficient d’un statut de protection spécial selon la loi humanitaire internationale. Le fait d’attaquer délibérément un hôpital ou toute autre unité médicale, qu’elle soit civile ou militaire, est considéré comme un crime de guerre. Il est également illégal de prendre en otage un hôpital pour appuyer une opération militaire... ».

Les attaques contre des équipes médicales, des installations médicales, des malades et des blessés sont interdites selon la Convention de Genève de 1949 et 1977. Les Etats criminels qui occupent l’Afghanistan, l’Irak et la Palestine ont, il semble bien, abandonné les règles de droit et visent délibérément tout ce qui a été garanti avec difficulté comme étant protégé depuis que les premières lois sur les conflits ont été conçues.

A part les fragments sanglants à peine reconnaissables qui avaient été des parents, famille, enfants qui essayaient de vaquer normalement pendant une journée anormale, il y avait plein d’autres choses que le président Carter ne devait pas voir. Si on peut dire que le pilonnage d’une institution médicale est plus déviant, effarant et inhumain que d’autres choses, les dommages infligés à l’hôpital El Wafa qui avait été attaqué le 16 avril, mérite une mention spéciale dans le Hall de la Honte du 60ème anniversaire d’Israël.

Le directeur médical de l’hôpital, le Docteur Khamas Elessi, explique que cet hôpital est le seul lieu où les cas de moelle épinière et les graves cas de blessures de la tête peuvent être traités. Les patients sont paralysés ou dans un état comateux et dépendent entièrement des divers équipements de survie, de soins constants, de pompes respiratoires, soins qui reposent totalement sur des qualifications médicales spécialisées élevées et des installations techniques sophistiquées. L’attaque, dit le Docteur Elessi, a provoqué « des dommages colossaux aux départements, une rupture totale d’électricité et d’eau et a endommagé le seul générateur, ce qui met en grave danger la vie des patients paralysés et comateux qui ont besoin d’une assistance médicale et de soins constants. »

« Les malades et le personnel sont en état de choc » dit le Docteur Elessi, leurs vies ont été mis en danger et quant aux patients : « notre hôpital était le poumon à travers lequel nos clients handicapés pouvaient respirer ». Le fait même de respirer maintenant est risqué. De plus, des morceaux de shrapnels et des balles « ont pénétré dans les chambres des malades dans chaque section de l’hôpital ». Les comateux au moins ne pouvaient pas réaliser la situation. Mais on peut à peine imaginer la terreur des malades paralysés et si l’électricité meurt, alors eux aussi mourront. La salle d’opérations a été fermée. De toute façon, les produits anesthésiques sont épuisés.

C’est la deuxième fois que l’hôpital et son infrastructure sont attaqués. En 2002, le Docteur Elessi raconte que « deux membres de notre équipe d’infirmières ont été abattus par les forces militaires israéliennes alors qu’ils s’occupaient de l’un des patient atteint à la moelle épinière dans la salle 214. » Tout commentaire est inutile.

Le Docteur Elessi implore « la communauté internationale, les organisations des droits humains, les Nations unies, l’OMS et le Comité international de la Croix-Rouge, de mettre fin à ces agressions répétées contre les civils, les institutions de santé, les malades et le personnel. » Etant donné le silence assourdissant au plus haut niveau de tous ceux mentionnés ci-dessus, cela ne vaut pas la peine de retenir son souffle.

Votre aide est indispensable et tout ce qui vous est possible de donner, aussi petit que cela soit, peut faire la différence. A cause du siège israélien sur Gaza, le personnel de l’hôpital qui travaille par amour et dévouement n’a pas été payé depuis 5 mois. La nourriture pour le personnel - et pour les malades pour qui une nutrition correcte est vitale - souffre de manques. Les fenêtres de l’hôpital doivent être remplacées suite à l’attaque. Les médicaments et les équipements ont besoin de réparation ou d’être remplacés.

David Halpin, un chirurgien spécialiste en traumatologie et sa femme Sue, une ancienne infirmière, qui étaient à Gaza et ont passé du temps le mois dernier à l’hôpital El Wafa, ont une organisation pour Gaza, Dove and Dolphin, où on peut envoyer des dons : http://www.doveanddolphin.co.uk.

David Halpin, suite à de nombreuses visites, a une grande perception de la situation, même en ce qui concerne les fenêtres. Il écrit : « La réparation de fenêtres est une compétence très aiguisée à Gaza car des milliers d’entre elles sont brisées chaque année à cause des booms de la barrière du son des F-16 et des millions de balles et d’obus dirigés sur les maisons et autres domaines protégés comme les écoles. Bien sûr, il y a aussi parfois des destructions totales comme le nivelage du ministère de l’Intérieur dans un quartier résidentiel de la ville de Gaza. » Des tessons de verre en provenance des fenêtres fracassées par la pression deviennent des armes meurtrières, des tessons tranchants volant à toute vitesse, déchiquetant, mutilant et démembrant les êtres humains. Les employés du ministère et les habitants dans leurs blocs à étages ont dû être, pour les sauveteurs, une vision à vous tordre les entrailles et vous donner envie de pleurer.

Malgré les défis d’une telle énormité, Halpin commente le dernier scandale en disant que « El Wafa s’occupe des cas les plus difficiles et ce, avec humanité et une grande compétence. Les docteurs qui ont visité cet hôpital font remarquer qu’il n’y a aucun signe d’escarres, ce qui montre bien l’excellence des soins ».

Au sujet de sa visite récente et son trajet à El Wafa, Sue écrit : « ...difficile de décrire le sentiment d’abandon, les bâtiments fracassés... les cicatrices laissées par les tirs », les routes inutilisables défoncées par les tanks israéliens. Juste avant leur arrivée, 130 personnes avaient été tuées dans une autre attaque, la plus jeune victime n’était âgée que de quelques jours. A l’hôpital : « Nous pouvions entendre les obus tombant assez près et voir les bouffées de fumée. » La route vers la guérison représente une gageure à Gaza. Elle écrit sur l’isolement des gens, ?encapsulés’ au cours d’une visite dans une maison où un enfant de trois ans a essayé de les enfermer pour les empêcher de sortir parce qu’il était si heureux de rencontrer enfin des étrangers venant d’un autre pays. Mahmoud al-Zahar parle de « la guerre continuelle et l’isolement forcé des habitants de Gaza ».(*)

Dans cette dernière attaque qu’un des médecins occidentaux définit comme « une tuerie et une mutilation impitoyable et continuelle de personnes innocentes », la BBC a rapporté que l’Hôpital El Wafa a été pris dans « un feu croisé ». Mais la description du Docteur Elessi indique que cela n’était pas le cas : « L’hôpital a été touché par 4 obus israéliens et par beaucoup de balles... Je suis 100% sûr que les éclats d’obus venaient des Israéliens du fait du nombre d’obus tirés les uns après les autres ; Les roquettes des militants ne sont pas si précises ». De plus, « une personne de la Croix-Rouge est venue constater les dommages. Les balles étaient de fort calibre et elles provenaient de tanks israéliens alors que les balles plus petites proviennent des armes de militants palestiniens. »

L’attaque a duré 4 heures, raconte le Docteur Elessi ; L’hôpital était dans le noir, l’équipe qui n’était pas de permanence a été incapable d’atteindre l’hôpital pour apporter de l’aide avant 6 heures du matin. Dans un geste de ténacité et de courage extraordinaire, le docteur décrit comment « notre patient le plus âgé dans la cinquantaine, a réussi à se jeter hors de son lit et à traîner les autres malades sur leurs draps de lit vers un couloir interne qui était un peu plus à l’abri ».

Le président Carter, parlant à l’université Américaine du Caire le lendemain de l’attaque, a décrit la situation critique de Gaza comme étant « une atrocité commise pour punir les habitants de Gaza. C’est un crime ». Et aussi, ajouta-t-il, une « abomination ».

Mahmoud al-Zafar fait remarquer l’ironie suprême et profonde : « Il y a soixante-cinq ans de ça, les courageux juifs du ghetto de Varsovie se sont élevés pour défendre leur peuple. Nous les Gazaouis, vivant dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde, nous ne pouvons pas faire moins ». (*)

Si les gouvernements décident d’attendre sans rien faire, leurs citoyens de conscience ne sont pas obligés de faire de même. Adoptez un docteur, adoptez un malade, adoptez une fenêtre, adoptez un repas à l’hôpital de réhabilitation médicale d’El Wafa.

Les dons peuvent être envoyés en passant par Pay Pal : http://www.doveanddolphin.co.uk/hel....




* Voir : "Pas de paix sans le Hamas".


Dove and Dolphin est une organisation enregistrée en GB qui aide beaucoup d’initiatives imaginatives et pratiques à Gaza où même les piles pour les appareils auditifs des enfants sourds ont été refusés par Israël. Alors que le pays célèbre son anniversaire, les Palestiniens se souviennent de la Nakba (catastrophe) qui leur « tombée dessus » à sa naissance et qui continue.

Pour toute question ou problème : david@infoaction.org.uk.

Felicity Arbuthnot est une journaliste et activiste qui s’est rendue maintes fois dans les pays arabes et musulmans. Elle a écrit et diffusé sur l’Irak et sa couverture a été distinguée pour plusieurs prix. Elle a également été la chercheuse principale pour le documentaire de John Pilger qui a été primé : "Paying the Price : Killing the Children of Iraq" et l’auteur avec Nikki van der Gaag, de "Baghdad" dans la série "Great Cities for the world", pour Almanac Books (2006).

Voir aussi (bilingue arabe/anglais) :

- "Victims of a Map" de Mahmud Darwish.

- "El Wafa Hospital under fire, Gaza Strip".

- "Non reporting", by the BBC.

- "Gaza hospital hit in crossfire".

21 avril 2008 - http://www.unobserver.com/index.php... ou http://www.uruknet.info?p=43267
Traduction : Ana Cléja


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