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Rencontre stérile

lundi 21 avril 2008 - 07h:27

Rania Adel - Al Ahram hebdo

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Un nouveau sommet palestino-israélien n’a produit aucune percée politique. Entre-temps, l’Etat hébreu poursuit ses incursions dans la bande de Gaza.

Les entretiens palestino-israéliens se suivent et se ressemblent, sans parvenir à apporter la moindre percée dans un processus de paix au point mort. Une énième rencontre au sommet a eu lieu dimanche sur fond de violence et d’incursion israélienne. Le président palestinien Mahmoud Abbass et le Premier ministre israélien Ehud Olmert se sont vus à Jérusalem dans une rencontre annoncée à la dernière minute. Les entretiens en tête-à-tête ont duré une heure et demie. Peu de choses ont filtré de la réunion qui s’est tenue à la résidence du chef du gouvernement israélien. Il s’agissait d’une réunion de coordination avant la visite de M. Abbass en Russie et aux Etats-Unis et celle du président américain George W. Bush en début mai. M. Abbass doit rencontrer le président Vladimir Poutine le 18 avril à Moscou et M. Bush le 24 avril à Washington.

Le président américain doit pour sa part assister aux festivités marquant le 60e anniversaire de la création de l’Etat hébreu les 8 et 9 mai et pourrait selon une source palestinienne non confirmée avoir un sommet en Egypte avec MM. Olmert et Abbass.

Les discussions Olmert-Abbass ont eu lieu dans le but souhaité de parvenir à un règlement de leur conflit vieux de 60 ans avant la fin du mandat de M. Bush en janvier 2009. Avant sa rencontre avec M. Olmert, M. Abbass avait reçu le général James Jones, l’envoyé des Etats-Unis chargé du suivi du dossier sécuritaire des pourparlers. « Le président Abbass a demandé au premier ministre de coopérer avec l’Egypte dans ses efforts en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza », a déclaré l’un des principaux négociateurs palestiniens, Saëb Eraqat, dans une conférence de presse à Ramallah en Cisjordanie. Il a aussi appelé les divers groupes armés palestiniens « à coopérer avec l’Egypte afin qu’un cessez-le-feu total protège la bande de Gaza des agressions israéliennes et empêche un désastre dans la région ».

Il faisait allusion au mouvement islamiste palestinien Hamas, hostile aux négociations avec Israël, qui contrôle la bande de Gaza depuis qu’il en a chassé les forces fidèles au Fatah de M. Abbass en juin 2007. Ce territoire palestinien, d’où sont tirées des roquettes sur le sud d’Israël, est souvent la cible d’opérations israéliennes meurtrières. Le Hamas avait menacé d’envahir la frontière avec l’Egypte si l’Etat hébreu ne cesse pas le blocus qu’il impose à la bande de Gaza.

Côté israélien, l’entourage d’Olmert s’est refusé à tout commentaire, l’un des proches du premier ministre parlant seulement de « discussions sérieuses ». Mais à voir le sort des précédentes rencontres, on pourrait certes être sceptiques quant aux résultats à attendre. En effet, les pourparlers de paix n’ont pas progressé depuis qu’ils ont été officiellement relancés en novembre 2007 à la conférence de paix d’Annapolis aux Etats-Unis. Israéliens et Palestiniens s’accusent mutuellement de bloquer toute avancée.

Les pourparlers ont jusqu’ici été minés par la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et par les ripostes d’Israël souvent meurtrières aux tirs de roquettes palestiniennes depuis Gaza.

Bien plus, les discussions palestino-israéliennes ont été suspendues le 19 février dernier, à la demande de M. Abbass après une opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza lors de laquelle 130 Palestiniens ont été tués.

C’est à la suite d’une médiation de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice que M. Abbass avait annoncé une reprise des rencontres avec le premier ministre israélien.

Le Hamas est hostile à ces négociations qui, selon lui, « masquent la poursuite de la colonisation, la judaïsation (de Jérusalem) et donnent une justification à la poursuite des crimes contre le peuple palestinien ».

Promesses non tenues

En effet, le point de vue du Hamas se justifie par le fait qu’Israël n’a jamais tenu ses promesses. Les autorités israéliennes ont levé 44 barrages routiers, la plupart sans grande importance, en Cisjordanie occupée, soit moins que le nombre promis à la secrétaire américaine d’Etat, Condoleezza Rice, a déclaré l’agence de liaison humanitaire de l’Onu (OCHA). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu, qui recense les barrages routiers en Cisjordanie, a mené sa propre enquête de terrain sur les 61 points dont on avait annoncé la levée après la venue de Rice.

Dans un rapport préliminaire destiné aux pays donateurs occidentaux, l’OCHA écrit que seuls 44 d’entre ont été retirés, 6 restent en place et 11 sont introuvables. Et sur les 44 obstacles déblayés confirmés par l’OCHA, 5 seulement sont classés par l’agence de l’Onu parmi les barrages « significatifs » pour les Palestiniens.

Les Palestiniens dénoncent dans ce réseau de centaines de postes de contrôle et de barrages routiers une punition collective qui entrave leur développement économique et freine les pourparlers de paix.

Outre les barrages routiers, l’armée israélienne a effectué cette semaine une incursion dans la bande de Gaza, qui a coûté la vie à sept Palestiniens dont un enfant de 10 ans, selon un nouveau bilan, a-t-on appris de sources concordantes. Cette incursion était intervenue après les menaces des dirigeants israéliens de frapper le Hamas. « Nous allons régler nos comptes avec le Hamas qui est seul responsable de tout ce qui se passe dans la bande de Gaza. Nous choisirons le moment et l’endroit voulus », a prévenu le vice-ministre de la Défense, compromettant par la même les fragiles espoirs de reprise des négociations de paix.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 16 au 22 avril 2008, numéro 710 (Monde arabe)


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