« Pour un environnement protecteur des enfants »

En novembre dernier, nous avons célébré le 18è anniversaire de la Convention des Nations unies des Droits de l’Enfant, un instrument juridique universel apportant à chaque peuple des normes et des outils pour promouvoir et protéger les droits fondamentaux des enfants.

Aujourd’hui, nous commémorons la Journée de l’Enfant palestinien ; et en tant que parents, enseignants, médecins, militants politiques, policiers, avocats, enfants palestiniens, nous nous venons ensemble manifester notre engagement pour que soient mieux respecter les droits de l’enfant palestinien, en Palestine et à l’étranger.

Aujourd’hui, nous célébrons l’enfant palestinien, bien qu’il y ait bien peu de raisons d’être satisfaits...

Des générations d’enfants palestiniens n’ont jamais su ce qu’était la paix ou décider pour soi-même. En mai prochain, nous allons commémorer le 60è anniversaire de la Nakba. En juin dernier, nous avons marqué les 40 années de l’occupation israélienne.

Des centaines d’enfants ont été tués, des milliers ont été blessés, obligés de quitter leur foyer et leur pays, séparés de leur famille, arrêtés ou détenus pendant des mois voire des années, utilisés dans des opérations militaires ou de renseignements, tabassés, humiliés et harcelés chaque jour, empêchés de se rendre à l’école ou de recevoir des soins ; empêchés de jouer, de rire, d’avoir une vie normale.

La politique et les pratiques de l’occupant israélien représentent tout un système de violences et de discriminations institutionnalisées qui dénature et fausse l’ensemble des aspects de la vie de chaque enfant palestinien.

Rien que depuis début 2008, 49 enfants palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, 39 n’étaient impliqués dans aucune action combattante. Et plus bouleversant encore, 33 de ces enfants ont été tués en l’espace de 5 jours, entre le 27 février et le 3 mars, lors de l’opération « Hiver chaud » sur Gaza. 6 d’entre eux ont été tués à l’intérieur de leur maison.

Au cours de l’année 2007, 55 enfants ont été tués par les troupes israéliennes dans les territoires occupés, 50 n’étaient impliqués dans aucune sorte d’acte combattant. Au moins 345 enfants ont été blessés et environ 700 ont été arrêtés et détenus par l’armée israélienne - dont 30 jetés en prison sans charges contre eux ni procès, par ordre administratif. Au moins 4 enfants ont été utilisés comme bouclier humain par les soldats israéliens et ont subi des pressions physiques pour effectuer des opérations militaires risquées pour l’armée israélienne, au moins 17 ont été blessés lors d’agressions physiques par des soldats israéliens en Cisjordanie.

Spécialement à Gaza, les enfants n’ont pu avoir une vie normale. Avec la fermeture permanente des frontières avec la bande de Gaza, par les Israéliens, les enfants ont été délibérément privés de médicaments, d’école, de livres, de carburant, d’électricité et de certains aliments.

Pourtant, les enfants palestiniens ne sont pas exposés à la seule violence de la puissance occupante. Le manque d’une véritable justice associé à la prolifération d’armes individuelles exacerbe gravement un environnement déjà précaire et dangereux. Depuis les élections législatives de 2006, les enfants ont été exposés à un niveau toujours croissant de violence interne. Rien qu’en 2007, 27 enfants ont été tués lors de combats fratricides, 10 l’ont été lors de la prise de pouvoir de la bande de Gaza par le Hamas, en juin.

Malheureusement, le nombre d’enfants palestiniens tués en 2007 est plus élevé que toutes les années précédentes. Jusqu’à présent, l’Autorité palestinienne a failli, elle n’a pas véritablement diligenté d’enquêtes sur ces faits ni sur d’autres incidents où les droits de l’enfant ont été bafoués.

Ensemble nous avons failli, nous n’avons pas su créer un environnement protecteur pour les enfants palestiniens. Malgré les efforts actuels pour arriver à un accord de paix, les violations flagrantes des droits des enfants palestiniens se poursuivent quotidiennement, avec comme conséquences, un niveau accru de marginalisation, de pauvreté, de colère, de frustration et un sentiment renforcé de désespoir au sein de la population palestinienne, y compris chez les enfants.

Ensemble, nous devons chercher à ce que tous ceux qui ont charge de responsabilités ou qui sont partie prenante pour les droits des enfants palestiniens soient redevables de la protection des enfants conformément au droit international et à la loi intérieure relative aux Enfants, adoptée par le Conseil législatif palestinien en 2004. Ces parties prenantes, c’est y compris nous tous. Pas seulement Israël, l’Autorité palestinienne et les Etats membres de l’Union européenne et des Nations unies, mais aussi les militants, les policiers, les parents, les enseignants, les médecins et la communauté adulte tout entière. Ensemble, nous devons tout faire pour réduire l’impact de l’occupation et du conflit sur les enfants palestiniens.

Commençons dès aujourd’hui, 5 avril 2008, avec la Journée de l’Enfant palestinien.

5 avril 2008 - Defence for Children International - Palestine section - traduction : Info-Palestine.net