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La politique des Etats-Unis a échoué en Irak, en Palestine et au Liban

vendredi 4 avril 2008 - 00h:02

Entretien : Khaled Mesh’al

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« Israël ne veut pas payer le prix de la paix » assure Khaled Mesh’al, le leader du Hamas en exil.

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Khaled Mesh’al, leader du Hamas en exil - Photo : Reuters

Mais cet activiste reconverti en politique n’attend pas qu’on le croit sur parole et s’efforce d’argumenter ses déclarations.

Mesh’al (né à Ramallah en 1956) reçoit El Païs dans son bureau de Mezzeh, une zone résidentielle de Damas, où il a trouvé refuge depuis qu’en 1997 deux agents du Mosad ont tenté de l’assassiner en Jordanie. L’histoire sur la façon dont le poison a été injecté et sur l’intervention du roi Hussein pour que le gouvernement israélien fournisse l’antidote en échange de la liberté de ses espions semble tirée d’un film d’action.

En dépit de l’attentat récent contre un activiste du Hezbollah dans la capitale syrienne, les mesures de sécurité sont discrètes, et bien qu’il soit un des hommes les plus détestés d’Israël il assure ne pas avoir peur de la mort.

Question : Que pensez-vous du récent sommet arabe ?

Réponse : Les résolutions sont bonnes car elles soulignent la condamnation de l’occupation israélienne, elles reconnaissent le droit du peuple palestinien à la résistance et demandent l’arrêt du blocus de la bande de Gaza. Mais les sommets n’ont pas la capacité de mettre en ?uvre les résolutions.

Q : L’initiative de paix arabe de 2002 qui a été mentionnée est-elle toujours valide ?

R : Nous avons dit qu’elle n’allait pas réussir parce qu’Israël allait la refuser et que l’administration américaine ne la prendrait pas au sérieux. Et c’est ce qui s’est passé depuis 2002. Israël veut conserver la terre, veut continuer d’ignorer les droits arabes et palestiniens, et en même temps avoir la sécurité. Elle ne veut pas payer le prix de la paix. Elle a refusé toutes les initiatives arabes, palestiniennes et internationales. Les leaders arabes doivent donc reconsidérer leur offre.

Si quelqu’un expose sa marchandise pendant longtemps et que personne ne l’achète, son prix baisse. Israël doit savoir que les arabes ont d’autres alternatives. Ceci ne veut pas dire attiser une guerre. Il faut faire comprendre à Israël qu’elle ne peut pas avoir la sécurité sans donner leurs droits aux arabes.

Q : Ce qui veut dire qu’une solution négociée n’est pas possible ?

R : Aucun occupant ne recule de son plein gré, il le fait seulement contraint par la force. De là les négociations avec Israël sans recours à la force n’a pas de sens.

Q : Vous rejetez la guerre...

R : Elle n’est pas possible aujourd’hui à cause du déséquilibre des forces entre les arabes et Israël. Cependant, la résistance est possible. Avec le soutien économique et matériel des pays arabes, islamiques et autres amis de la nation (Palestine), la résistance est capable de faire front à l’occupation et d’obliger Israël à se retirer. C’est déjà arrivé deux fois, dans le sud du Liban en 2000 et à Gaza en 2005.

Q : Mais les Palestiniens sont engagés dans une lutte fratricide. Ceci ne fait-il pas obstacle à l’objectif d’Etat indépendant ?

R : Il n’y a aucun doute que nous avons un problème dans le pouvoir palestinien. Nous savons tous que la raison de cette division vient de l’ingérence étrangère, israélienne et américaine, pour être plus précis. Il y a aussi des Palestiniens corrompus qui profitent de la situation. Cette division nous affaiblit et ne nous aide pas à mettre en place l’état palestinien. Depuis Hamàs, nous avons tenté une réconciliation, mais la présidence palestinienne l’a refusée. Récemment, à Sanaa, nous sommes parvenu à un accord, mais les Etats-Unis et Israël ont donné le choix à Mahmud Abbas entre deux alternatives : la relation avec le Hamas ou avec eux.

Q : Qu’est-il sorti des réunions des dirigeants arabes pendant le sommet ?

R : Beaucoup de choses. Ils sont conscients que la politique d’isoler et de bloquer le Hamas a échouée et qu’on ne peut arriver à la paix au Proche-Orient sans le Hamas.

Q : Pensez-vous que le nouveau voyage de Condoleeza Rice dans la région contribue à débloquer la situation ?

R : Bien au contraire, l’effort des Etats-Unis consiste à empêcher un accord. Rice vient faire pression sur les négociateurs palestiniens pour qu’ils acceptent un arrangement quelconque même s’il n’a pas de contenu. Un arrangement définitif n’intéresse pas les Etats-Unis, ils cherchent seulement un accord superficiel qui leur servent pour les prochaines élections.

Q : Les choses changeront-elles avec un nouveau président, probablement démocrate, à la Maison Blanche ?

R : Dans l’histoire du conflit arabo-israélien, il n’y a pas de différence significative (entre républicains et démocrates). Tous les présidents n’ont eu de cesse que de donner leur soutien à Israël. La politique américaine dans la région a échoué et va continuer d’échouer. Cà a été comme ça en Irak, mais aussi en Palestine et au Liban. Il n’y aura jamais d’issue puisqu’on a rien à offrir.

Q : Vous avez mentionné les trois pays qui ont des groupes actifs de résistance à la politique des Etats-Unis (Hamas, Hezbollah, et la milice de Muqtada el Sader). Y a t-il une ligne d’action concertée entre ces groupes ?

R : Non, il y a un front commun. Aussi bien en Palestine qu’au Liban la résistance contre l’occupant est très claire. Le cas de l’Irak est plus compliqué et le mouvement de résistance ne se limite pas à un seul groupe ou leader.

Q : Les USA vous accuse de recevoir de l’aide de l’Iran. Quel type de relation avez-vous avec ce pays ?

R : Comme mouvement de résistance nous sommes ouverts à tous. Nous ne limitons pas nos relations à l’Iran. Nous ne demandons pas d’aide pour le Hamas mais pour le peuple palestinien. A l’heure actuelle, il y a 18000 fonctionnaires que le gouvernement de Salam Fayyad n’a pas payés, et 100 000 travailleurs au chômage en raison de la politique de sanctions. Nous essayons de les aider. Nous accueillons toute aide qui n’est pas assortie de conditions.

Q : Que faut-il pour pouvoir cohabiter avec Israël ?

R : Nous acceptons un état avec les frontières de 1967, mais Israël le refuse, les Etats-Unis appuient leur refus et la communauté internationale se tait. Beaucoup d’interlocuteurs internationaux nous demandent pourquoi nous n’arrêtons pas le lancement de missiles et pourquoi nous ne déclarons pas une trêve. Nous sommes prêts à le faire, mais il faut que ce soit une trêve globale, à Gaza et en Cisjordanie. Il est nécessaire de lever le blocus de Gaza.

Q : Vous avez dit que Gilad Shalit, le soldat israélien capturé à Gaza il y a deux ans, est vivant. Sa libération ne pourrait pas servir à débloquer la situation ?

R : Bien que Gilad Shalit a été arrêté au combat, et contrairement à ce que fait Israël avec les militants politiques palestiniens, nous le traitons très bien. Nous souhaitons vraiment le libérer si Israël libère les mille prisonniers que nous leur demandons.

Propos recueillis par Angeles Espinoza

1° avril 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : C.B


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