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La Cisjordanie croule sous les déchets toxiques

dimanche 30 mars 2008 - 08h:19

Mel Frykberg - Al Jazeera

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Les Israéliens utilisent la Cisjordanie comme décharge bon marché et pratique pour mettre à la décharge leurs ordures aux dépens de la santé des Palestiniens.

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Les Palestiniens sont dans l’impossibilité d’avoir le contrôle du déversement des produits toxiques israéliens - Photo : gallo/Getty

La Cisjordanie est devenue un lieu de décharge pour les déchets dangereux — ceux-ci provoquant des maladies parmi les habitants, disent les groupes israéliens et palestiniens de défense de l’environnement.

Il y a plusieurs semaines, les villageois de Jima’in dans la zone de Naplouse se sont plaints que les camions israéliens vidaient toujours leurs déchets sur les terres palestiniennes.

Ayman Abu Thaher, le directeur général d’adjoint de la direction des services environnementaux de l’Autorité palestinienne a indiqué que ces pratiques duraient depuis des années.

« Les Israéliens utilisent la Cisjordanie comme décharge bon marché et pratique pour mettre à la décharge leurs ordures aux dépens de la santé des Palestiniens, » nous di-il.

Selon les Amis de la terre au Moyen-Orient (FoEME), un groupe jordano-palestino-israélien de défense de l’environnement, toutes ces décharges se sont avec le temps transformées en menace pour l’eau potable dans la région.

Infiltrations toxiques

En 2006, FoEME a publié un rapport intitulé « Une bombe à retardement , la pollution des nappes aquifères par les déchets solides, » qui mettait en évidence que les déversements insupportables de déchets solides ont eu comme conséquence l’infiltration de substances toxiques comprenant du chlorure, de l’arsenic et des métaux lourds tels que le cadmium, le mercure ont pénétré les eaux souterraines.

Depuis le moment où le rapport a été publié en 2006, le gouvernement allemand a mis au point un nouveau projet de stockage des déchets solides à proximité de Ramallah, la Banque mondiale et l’Union Européenne développant un autre projet près de Jénine.

Mais Mira Epstein, porte-parole pour FoEME, a indiqué qu’en dépit de ces améliorations la menace pour l’eau potable et pour l’environnement persistait aujourd’hui.
Plus de trois millions de personnes vivent dans cette zone qui partage les couches aquifères entre la Cisjordanie et des régions israéliennes. Cette population comprend 2,3 millions de Palestiniens, 235 000 colons israéliens et 500 000 Israéliens vivant dans les frontières israéliennes internationalement reconnues (ligne verte).

Bassem Abu Mahdi, directeur des services de santé dans Salfit qui est situé près d’un décharge au nord de la Cisjordanie, a indiqué « qu’un nombre croissant de personnes ont été diagnostiquées avec des cancer, de la dysenterie amibienne, des diarrhées et autres maladies en relation ».

Il a cité les décharges de produits dangereux comme étant la cause de cette augmentation.

Israël en situation d’accusé

Abu Thaher explique à Al Jazeera que quelques compagnies israéliennes larguent leurs déchets dans les territoires palestiniens plutôt que d’avoir recours aux centres officiels de traitement des déchets dangereux, à Ramot Havav en Israël.

En 1985, la compagnie israélienne de pesticides Geshuri a cessé d’utiliser le site de Kfar Sava et commencé à exploiter un site à Tulkarem au nord de la Cisjordanie après que les résidants israéliens aient protesté par pétition et aient obtenu une décision de justice pour que la compagnie se change d’implantation.

Ils avaient accusé la compagnie d’être responsables d’une aggravation des problèmes de santé liés à la pollution.
« Un certain nombre de compagnies israéliennes se sont déplacées en Cisjordanie pour échapper aux contraintes légales en Israël protégeant l’environnement par rapport aux déchets, en particulier les déchets dangereux, » dit encore Abu Thaler à Al Jazeera.

Les Palestiniens brûlent les ordures

Mais Tzali Greenberg, porte-parole du ministère israélien de l’environnement a déclaré à Al Jazeera que les lois de protection de l’environnement en vigueur dans ce pays étaient également contraignantes pour les compagnies israéliennes opérant dans les Territoires Palestiniens.
« Pour nous il n’y a pas de différences entre les déchets israéliens ou palestiniens », affirme Greenberg.

« Tout est traité de la même façon et nous pousuivons tous ceux qui n’appliquent pas la loi et nous estimons que les gens sérieux sur cette question devraient nous contacter avec des preuves évidentes. »

« Nous serions heureux de les suivre et d’entamer une action légale. »

Zecharya Tagar, de la section israélienne du FoEME estime que l’essentiel des déchets produits en Cisjordanie viennent des Palestiniens qui composent la majorité de la population dans cette région.

Il a ajouté que dans la région la plus grande menace à la fois pour l’environnement et pour la santé était la combustion continuelle des déchets par les Palestiniens.
« L’air est alors chargé de particules cancérigènes que les Palestiniens respirent tous les jours, », ajoute Tagar.
« En outre, Israël n’a pas de politique pour la gestion des déchets en Cisjordanie et à notre connaissance, ceci dépend du secteur public. »

Priorité des considérations sécuritaires

Mais pour l’ARIJ (Applied Research Institute of Jerusalem), une ONG dont l’objectif est de promouvoir un développement durable dans les TPO (Territoires Palestiniens Occupés), les déchets provenant des colonies juives israéliennes représentent le principal problème.
« Les eaux usées provenant des colonies ne se limitent pas aux eaux domestiques, mais comprennent des pesticides, de l’amiante, des piles, du ciment et de l’aluminium qui contiennent des éléments cancérigènes et dangereux", a récemment signalé l’ ARIJ.

Cette ONG accuse aussi les autorités israéliennes d’occupation d’être complaisantes vis à vis des colons qui ne respecetnt pas la loi [israélienne].

L’échec du processus de paix a aussi contribué au problème. Le comité conjoint israélo-palestinien d’experts pour l’environnement, créé en vertu des Accords d’Oslo, ne s’est pas réuni depuis 1999, rendant ainsi la coordination sur la question des déchets très ponctuelle.

Le rejet sans traitement des déchets d’origine hospitalière, dont des seringues usées jetées au hasard dans des décharges, perdure en grande partie à cause des restrictions de mouvements que l’armée israélienne impose pour des raisons prétenduement liées à sa sécurité.

Les nombreux bouclages et les barrages routiers rendent difficile pour les camions-citernes récupérant les eaux usées d’atteindre les nombreux villages palestiniens qui ne sont pas raccordés à des systèmes d’égouts et doivent ainsi utiliser des fosses tout en étant dépendants des camions-citernes pour l’élimination de leurs déchets.

29 mars 2008 - Al jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Claude Zurbach


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