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Un journaliste boycotté est un bon journaliste

dimanche 30 mars 2008 - 20h:27

Avi Weinberg, secrétaire général du Conseil israélien de la presse

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La rédaction de la chaîne panarabe se trouve à Doha, au Qatar

Le gouvernement israélien s’est réveillé un beau jour et a décidé de boycotter une chaîne de télévision. Cela nous était déjà arrivé par le passé avec la BBC, dont la programmation et le ton critique à l’égard d’Israël n’étaient pas du goût de nos responsables des relations publiques. Aujourd’hui, c’est Al-Jazira qui est dans la ligne de mire du ministère des Affaires étrangères.

Cette chaîne d’information se voit critiquée pour ses comptes rendus sur le nombre élevé de morts palestiniens, notamment des enfants et des bébés, tombés sous les tirs de l’armée israélienne. Pour les responsables israéliens, la chaîne adopte un point de vue propalestinien et pro-Hamas et fait de la propagande, notamment en montrant inlassablement des corps d’enfants filmés en gros plan. Dans le même temps, la chaîne évoquerait à peine les souffrances vécues côté israélien dans les villes comme Sderot et Ashkelon.

Plusieurs journalistes israéliens ont immédiatement pris la défense de la chaîne arabophone et condamné ce boycott. A juste titre, car aucun gouvernement ne devrait pouvoir entraver le travail des journalistes, même si leurs reportages ne sont pas du goût de certains membres du cabinet ministériel. En réalité, Al-Jazira n’a même pas besoin de ce soutien. La chaîne peut parfaitement se passer de ces responsables cravatés et de leurs discours abscons pour couvrir la situation sur le terrain.

Cela vaut d’ailleurs dans tous les domaines couverts par les chaînes de télévision et la presse. En fait, il est même dommage de ne pas observer davantage de boycotts de la part d’organes officiels, car cette mise à l’index est en réalité un honneur pour tout journaliste. Cela signifie qu’il remplit effectivement sa mission de représentant de l’opinion publique et non de porte-parole du gouvernement ou des lobbies. Les journalistes sont par nature des opposants au gouvernement, c’est leur rôle dans une démocratie et ils devraient être aussi critiques qu’intransigeants envers le gouvernement, les élites économiques et le système légal.

Voilà une vérité presque universelle : un journaliste boycotté est un bon journaliste. Tous les confrères que je respecte et que j’apprécie ont déjà été boycottés au moins une fois dans leur carrière. Généralement, les journalistes ainsi stigmatisés prennent cela avec le sourire et continuent leur travail au service de la vérité, notamment pour prouver qu’ils n’ont pas besoin de la coopération de tel ou tel organe officiel pour parler de lui. Les informations fournies par les porte-paroles officiels se limitent généralement à faire les louanges de leurs supérieurs et de taire les échecs et la corruption de leur administration.

Le problème, ce n’est donc pas Al-Jazira mais les médias et les journalistes qui ne sont jamais boycottés par le gouvernement. Cela signifie peut-être qu’ils ne sont pas assez critiques et exigeants. Voici donc un dernier conseil aux consommateurs d’informations, lecteurs et téléspectateurs : méfiez-vous des journalistes bien en cour.

Yediot Aharonot

AFP


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