Les officiers israéliens ont déclaré le 03 mars que l’opération militaire dans la bande de Gaza était terminée, mais les attaques israéliennes continuent, et nous craignons qu’Israël soit en train de planifier une incursion de grande ampleur.

Des enfants s’amusent sur le mur renversé entre Gaza et l’Egypte - Photo : Wissam Nassar/MaanImages

Du 27 février au 02 mars, l’armée israélienne a tué environ 110 palestiniens à Gaza, dont près de la moitié étaient des civils, et presque un quart des enfants, selon le PACHR-Palestinian Centre for Human Rights à Gaza. Des centaines ont été blessés. Des palestiniens ont tué deux soldats israéliens et un civil israéliens.

Ce qui se passe à Gaza blesse tous les palestiniens, pas seulement le Hamas. Avant cet assaut, la bande de Gaza, avec 1,5 millions d’habitants, était déjà comme une prison assiégée, avec un approvisionnement en nourriture, médicaments, carburant, eau potable et électricité qui s’amenuise, et une pauvreté croissante. De nombreuses familles ne prennent qu’un seul repas par jour. Les coupures d’électricité sont quotidiennes pendant 6 à 12 heures.

Le premier mars, j’étais chez moi avec ma famille à Rafah à l’extrême sud de la Bande de Gaza, en train de regarder la TV pour voir ce qui se passait au nord de Gaza. Vers 22:00 nous avons soudain entendu des F16, les avions de combat israéliens. J’ai dit à ma mère, il se passe quelque chose. Le son des F-16 se rapprochait. Puis nous avons entendu d’énormes explosions de roquette.

soeur a commencé à pleurer, en disant, c’est la fin. Ma mère s’est coupé la main en essayant de se protéger sa tête des éclats de verre. La plupart de nos fenêtres ont été brisées. Nous avons couru dehors parce que l’électricité s’est arrêté. Mon père a dit qu’on était plus en sécurité dans la rue. Au moins on pouvait voir où les missiles se dirigeaient et vers quelle direction aller.

Quatre missiles israéliens ont frappé la mosquée 150 mètres plus loin, tuant 6 civils et en blessant 30 autres. L’un de ceux qui furent tués était mon cousin Samer agé de 30 ans. Samer, policier au service de l’Autorité Palestinienne lié au Fatah, était marié et avait une petite fille.

La dernière attaque israélienne a commencé le 27 février quand Israël a assassiné cinq combattants palestiniens à Gaza. Les combattants israéliens ont répondu en tirant des roquettes sur Israël, tuant un enseignant israélien à Sderot. Israël a tiré encore plus de missiles, et a pénétré dans Gaza.

La plupart des morts vivaient au nord de Gaza. Quand je m’y suis rendu le 29 février, une mère de Beit Lahia expliquait ce qui s’était passé le jour précédent : « Mes fils étaient allé au terrain de sport pour jouer au football, et je me suis dit qu’ils étaient en sécurité. » Elle a complèté l’histoire en pleurant, « mais ils n’étaient en sécurité nulle part. L’un a été tué et le second blessé. » J’ai commencé à pleurer aussi quand elle a demandé, « Mon fils, pourquoi m’as-tu quitté ? » Omar Dardonna, 12 ans, est mort sur le coup, et Ali Dardonna, 8 ans est décédé le 1° mars.

Une autre femme me dit alors, « Je ne pouvais pas croire qu’il y avait des tanks dans le quartier, alors j’ai regardé à travers le judas de la porte et je les ai vu. Je ne savais pas ce quoi faire. J’avais vu la veille à la TV que huit enfants avaient été tués, et je pensais à mes propres enfants. Mon mari a escaladé le mur de notre maison et je lui ai passé les enfants les uns après les autres. Ils ont traversé la rue et atteint la maison de leur grand-père en sécurité. »

Certains palestiniens considèrent le tir de roquettes sur Israël comme le seul moyen de répondre aux attaques continuelles d’Israël qui ont tué tant de civils et d’enfants, le seul moyen pour protester d’une voix forte. Israël assiège Gaza depuis que le Hamas a gagné les élections palestiniennes en janvier 2006, et a tué 823 Gazaouis en 2006 et 2007, selon l’organisation israélinne des droits de l’homme B’Teselem. Le Hamas a à maintes reprises offert une trêve, mais le gouverneemnt israélien a rejeté ces propositions. Quatorze israéliens ont été tués par des roquettes tirées depuis gaza depuis 2000.

Il semble que le monde entier sait que les israéliens de Sderot sont terrorisés par les tirs de roquettes de Gaza, mais sans voir ce que fait l’armée israélienne. Parfois j’ai l’impression que les gens de Gaza sont dans un autre monde.

L’armée israélienne a écrasé au bulldozer et détruit la maison de notre famille en 2004. En 2006, ils ont bombardé une maison à 40 mètres de là où nous vivons. Samedi soir ils auraient pu frapper notre maison. Je combat pour extirper la haine de mon coeur, mais je crains parfois de ne plus pouvoir y arriver. J’espère continuer à gagner ce combat.

La violence et la mort apportent toujours plus de violence et de mort. L’espoir apporte plus d’espoir. Malgré tout, les enfants de Rafah me disent qu’ils espèrent jouer, s’amuser, voyager, et rencontrer des enfants égyptiens. Ce sont ces rêves d’enfants qui me font renaître l’espoir.

* Fida Qishta est éducatrice et journaliste ; elle a fondé et gère « Lifemakers center » qui s’occupe de 70 enfants et adolescents âgés de 6 à 18 ans.

11 mars 2008 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Brigitte Cope