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Boycott du salon du livre à Paris par les pays arabes

dimanche 16 mars 2008 - 06h:51

Octavi Marti - El Pais

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Tous les écrivains israéliens ont été photographiés pour une galerie de portraits en grand format exposée dans le Salon et dans laquelle ils vivent loin des bombes, du mur et de la guerre larvée.

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L’invitation d’Israël au salon du livre consacre l’alignement français sur la politique sioniste

Le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et le Liban tourne le dos à l’Israël, pays à l’honneur de ce Salon cette année.
Drapeaux tricolores et drapeaux à l’étoile de David. Les Champs Elysées célèbrent cette semaine la rencontre politique entre la France et l’Israël. Et, coïncidence, ce matin ouvre au public le 28e Salon du livre de Paris. Le pays invité cette année est l’Israël, et la littérature, celle écrite en hébreu.

Rien que sur le papier cela dérange déjà certains — la littérature écrite en anglais, arabe, russe ou français, pour se limiter à ces langues, par des citoyens israéliens ne méritent-elles pas l’invitation au Salon ? se demandent d’autres — mais cela irrite encore plus quand tout coïncide avec le 60e anniversaire de la création de l’état d’Israël.

Qu’importe que 1200 exposants se donnent rendez-vous et que plus de 3000 écrivains présentent, du 14 au 19 mars, leur travail à un nombreux public : le boycott annoncé par quatre pays - l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Liban — ainsi que par de nombreux écrivains ou éditeurs arabes et des écrivains israéliens a focalisé toute l’attention.

Une célébration éminemment politique

L’Egyptien Tariq Ramadan, avec le prestige que lui confère son poste de professeur à Oxford, a précisé que le boycott ne signifiait pas nier l’existence de l’Israël, mais l’opposition à sa politique d’occupation et de répression ».

Pour lui « la célébration des 60 ans de l’Israël est, à moins qu’on nous prenne pour des imbéciles, éminemment politique ».

Ce qui est certain c’est que les 39 écrivains israéliens présents à Paris ne parlent pas uniquement de politique, des drames de leur pays ou de la difficulté d’être juif. Beaucoup d’entre eux analysent le péché originel qui accompagne la création de l’état d’Israël — de quel état ?— et la majorité est favorable à la création d’un état palestinien viable, avec parmi eux certains, comme Ilan Pappe, qui ont annoncé qu’ils n’iraient à Paris parce qu’ils disent se sentir « dans l’impossibilité morale de participer à un Salon dont le thème principal est le 60e anniversaire de l’Etat d’Israël ».

Mais beaucoup de ces écrivains parlent d’autres choses, de la vie quotidienne, d’amour, de tristesse, de paysages ou d’aventures, comme n’importe quel romancier.

Les Palestiniens et la littérature écrite en Palestine, sont aussi présents au Salon et les débats auxquels ils participent promettent d’être animés. Ceux-ci ont opté pour une « présence critique ». L’écrivain libanais Charif Majdalani va au-delà et pose la question de l’efficacité du boycott : « Vous ne vous rendez donc pas compte qu’Israël se nourrit en partie de notre inexistence du paysage culturel international ». Une de ses compatriotes, écrivain aussi, Hoda Barakat pense que « tout boycott de la littérature est non seulement inutile mais stupide. Je ne pense pas boycotter la littérature hébraïque ».

Pour démêler l’imbroglio, rien ne vaut l’opinion de Sayed Kashua, un écrivain arabe israélien qui s’exprime en hébreu, et qui assure « qu’il devrait y avoir plus de boycott contre l’entité sioniste » en même temps qu’il se dit convaincu que « le dialogue entre écrivains est mieux que le dialogue entre politiques ». Pour Kashua le mystère est de savoir « où se situe exactement la frontière entre l’Israël et la Palestine ».

39 propagandistes ?

Pendant 6 jours, les 39 invités débattront entre eux et avec le public ou les journalistes. Certains noms sont déjà mondialement connus, comme Amos Oz, David Grossman, Abraham Yehoshua ou Aharon Appelfeld tandis que d’autres sont des auteurs d’une génération intermédiaire, comme Zeruya Shalev ou plus jeunes, comme Ron Leshem, mais tous ont été photographiés par Daniel Mordzinsky pour une galerie de portraits en grand format qui est exposée dans le Salon et dans laquelle ils vivent loin des bombes, du mur et de la guerre larvée. Toutes ces photos ont été éditées par Gallimard dans un livre intitulé « Terre de paroles » préfacé par Shimon Perez.

Police omniprésente

Plus de 400 librairies françaises se sont associées à l’opération et exposent en ce moment dans leurs vitrines les livres des écrivains israéliens. La chaîne de télévision du Salon passe, en direct ou en différé, les interviews et les tables rondes avec les auteurs et l’hebdomadaire Télérama a édité 450 000 exemplaires du programme des activités littéraires qui se déroulent pendant ces 6 jours. Les salles d’exposition de la Porte de Versailles semblent être occupées par la police, jamais un Salon n’a demandé autant de surveillance.

Mais le salon a d’autres préoccupations. Par exemple, comment sauver les droits d’auteur quand se généralise l’édition et le livre électronique et, avec lui, le piratage ? Les éditeurs craignent de subir le même sort que l’industrie du disque. Il est clair que cette menace concerne un public de lecteurs existant et omet le grand problème : un français sur trois ne lit pas un livre par an.

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- Israël invité d’honneur à Turin et Paris : appel au boycott

13 mars 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/cult...
Traduction de l’espagnol : C.B


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