16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Israël négocie secrètement une trêve à Gaza avec le Hamas

jeudi 13 mars 2008 - 11h:48

Serge Dumont - Le Temps

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


PROCHE-ORIENT. Sous l’égide de l’Egypte, un accord devrait bientôt être finalisé entre l’Etat hébreu et le mouvement islamiste : arrêt des tirs de roquettes contre la renonciation aux « liquidations ».

« La taadiyeh (l’accalmie) doit être réciproque et simultanée. Israël doit interrompre ses agressions contre notre peuple. » S’exprimant publiquement à Gaza-City après être entré dans la clandestinité durant deux semaines, le « Premier ministre » de Gaza, Ismaïl Haniyeh (Hamas), a implicitement confirmé que son organisation mène des négociations avec l’« ennemi sioniste » afin de rétablir le calme dans la bande de Gaza.

Certes, à Jérusalem, le Premier ministre Ehoud Olmert et son ministre de la Défense, Ehoud Barak, continuent d’affirmer que Tsahal (l’armée) « a les mains libres pour combattre le terrorisme ». Mais dans le même temps, leur entourage confirme que des pourparlers avec le Hamas se sont bien déroulés par l’intermédiaire de l’Egypte.

Israël et le Hamas négocient indirectement l’échange du caporal Gilad Shalit - enlevé par des miliciens islamistes de Gaza en juin 2006 - contre des Palestiniens détenus par l’Etat hébreu. Des contacts à ce propos ont d’ailleurs également été menés grâce à un intermédiaire suisse. En décembre 2007, le Hamas a d’ailleurs reconnu l’existence d’un « document suisse », ce que l’Autorité palestinienne légale a confirmé ensuite.

Ce qui est nouveau cette fois, c’est que les deux parties semblent toutefois préparer un accord global comprenant une trêve dans la bande de Gaza et l’échange de prisonniers. A la fin de la semaine passée, Amos Gilad, un ancien de l’Aman (les Renseignements militaires) promu haut fonctionnaire du Département de la défense, s’est d’ailleurs rendu au Caire dans le cadre de ses pourparlers secrets. Quant au ministre égyptien des Renseignements, Omar Suleiman, il se rendra en Israël dans quelques jours afin de finaliser l’accord. Ou plutôt les déclarations d’intention faites séparément par les deux parties.

Dans cet accord, le Hamas s’engage à interrompre les tirs de roquette Qassam et Grad sur les villes frontalières de l’Etat hébreu. Dans ce cadre, il se donnera un mois pour convaincre les autres organisations de ne plus bombarder Sderot et Ashkelon. L’armée israélienne, de son côté, gèlera toutes ses opérations dans la bande de Gaza et renonce à procéder à la « liquidation » annoncée de personnalités du premier cercle dirigeant du Hamas.

Dans une seconde phase et pour autant que cette taadiyeh tienne, le point de passage de Rafah entre l’Egypte et la bande de Gaza sera rouvert sous le contrôle des observateurs européens qui l’avaient déserté ces dernières semaines. Les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne y reprendront leur travail. Les miliciens du Hamas seront stationnés à proximité mais n’interviendront pas dans le fonctionnement du point de passage. L’Egypte s’est, semble-t-il, engagée à les surveiller.

Enfin, une troisième phase de cet accord concerne l’échange du caporal Gilad Shalit contre un nombre de détenus palestiniens oscillant entre 300 à 750.

Même s’ils n’osent pas l’affirmer, la trêve est d’ores et déjà une réalité sur le terrain. En effet, depuis le 8mars, seulement trois Qassam ou Grad ont été tirés sur l’Etat hébreu au lieu de 50 par jour avant le début des négociations. L’armée israélienne n’intervient plus non plus dans la bande de Gaza en dépit des déclarations contraires d’Ehoud Olmert et d’Ehoud Barak.

« Ceux-ci ne reconnaîtront jamais qu’ils traitent avec le diable même par l’intermédiaire d’une tierce partie », explique le chroniqueur militaire Alan Ben David, qui a par ailleurs révélé le contenu de l’accord de trêve. « Voilà pourquoi ils donnent des explications alambiquées et font des déclarations contradictoires. Ce sont des nuages de fumée destinés à masquer l’essentiel. »

Dans les cercles dirigeants israéliens, personne ne veut s’exprimer clairement sur les contacts menés grâce à l’Egypte. « L’important c’est que nous retrouvions le calme et que les habitants de notre zone frontalière avec Gaza puissent enfin dormir en paix », déclare le ministre des Infrastructures nationales, Binyamin Ben Eliezer. « De toute façon, tout cela ne durera qu’un temps, car notre objectif final est d’en finir avec le pouvoir terroriste de Gaza. »

13 mars 2008 - Le Temps


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.