Les services de sécurité israéliens : les produits de première nécessité notamment envoyés à Gaza par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) « servent à fabriquer des bombes »...

Dix Palestiniens et un Israélien tués dans une flambée de violences. Une opération d’envergure est réclamée.

« Je me suis retrouvé en enfer. Jamais le Hamas n’avait bombardé aussi fort. Si Ehoud Olmert n’ordonne pas immédiatement à notre armée d’intervenir, il ne le fera sans doute jamais. » Choqué par les explosions, Nissim Tarasso se trouvait dans le centre de la ville de Sderot lorsqu’une salve de Qassam a ravagé plusieurs magasins et des voitures. L’une de ces roquettes est tombée sur le réfectoire d’une usine de congélation de poulets. Par chance, les ouvriers venaient de terminer leur repas. Un peu plus loin, une autre s’est abattue sur un institut supérieur où un étudiant âgé de 30ans a été tué sur le coup.

Revendiqués par le Hamas, ces tirs étaient destinés à « venger » la mort de cinq cadres des Brigades Ezzedine el-Qassem (la branche armée de l’organisation islamiste) pulvérisés quelques heures auparavant par un missile tiré d’un hélicoptère de l’Etat hébreu. La riposte a fait mouche puisqu’elle a également touché la ville portuaire israélienne d’Ashkelon, qui a partiellement été privée d’électricité.

« La situation se dégrade »

« L’idée d’une grande opération militaire israélienne dans la bande de Gaza est désormais vraiment à l’ordre du jour, affirme le chroniqueur militaire israélien Allan Ben David. N’en déplaise à ceux qui ne jurent que par le processus de paix d’Annapolis, la situation se dégrade de jour en jour. Mercredi, un Israélien et neuf Palestiniens ont été tués. La veille et l’avant-veille, les chiffres étaient presque aussi élevés. Nous sentons bien que nous nous dirigeons vers le pire. » Un dixième Palestinien a été tué par des soldats israéliens en Cisjordanie.

Un constat d’autant plus facile à tirer que le blocus de la bande de Gaza par l’Etat hébreu se poursuit et que les camions chargés de matières premières n’y entrent qu’au compte-gouttes. Vendredi dernier, relayés par la deuxième chaîne de télévision (la plus écoutée), les services de sécurité israéliens ont d’ailleurs lancé une campagne visant à démontrer que les produits de première nécessité notamment envoyés à Gaza par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) « servent à fabriquer des bombes ». Et qu’il faudrait donc mieux ne pas les offrir aux Palestiniens.

Dans les rues désertées de Sderot, la plupart des magasins ont fermé leurs portes après le bombardement du Hamas. Les habitants se sont terrés chez eux en espérant que la prochaine salve ne s’abatte pas sur leur domicile. « En sept ans, près de 4500 Qassam se sont abattus sur notre région et le gouvernement en est toujours à se demander ce qu’il doit faire. Je me demande vraiment ce que nos ministres ont dans le pantalon, fulmine Evgueni Izraelovitch, un moniteur sportif originaire de Saint-Pétersbourg. A leur place, Vladimir Poutine aurait rasé Gaza depuis longtemps. »