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Gaza au quotidien : les eaux d’égout à notre porte

mercredi 27 février 2008 - 23h:55

Manal - Al jazeera.net

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Il y a six mois, une station de pompage - faisant partie d’un système qui dessert 60% de la population de Gaza - a été ouverte tout près de ma maison.

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En mars 2007, les eaux polluées ont inondé le village d’Um al-Nasr et ont tué six Palestiniens après la rupture d’un système d’égouts au nord de la bande de Gaza - Photo : Gallo/Getty

Nous étions heureux d’entendre parler de ce projet car nous n’avions précédemment aucune autre possibilité que de vider nos eaux d’égout dans des puits.

Ceci impliquait un immense risque sanitaire pour tous les membres de la communauté.

Aussi lorsque nous avons entendu que nos eaux usées seraient maintenant traitées et que nous ne devrions plus les vider près de nos maisons, nous avons été extrêmement soulagés.

La nouvelle station reçoit quotidiennement jusqu’à 40000 mètres cubes d’eaux usées, et elle devrait pomper 120 mètres cubes par heure grâce à ses six pompes.

Cependant, seules trois pompes ont été installées dans la station parce que le blocus israélien appliqué depuis juin 2007 a empêché l’arrivée dans Gaza des éléments essentiels à la construction des trois autres pompes.

Les coupures d’électricité ont également affecté l’efficacité de la station. Le générateur de secours fonctionne mal car il exige des travaux d’entretien et les pièces de rechange font défaut. Et la quantité limitée de combustible fournie dans Gaza ne permet pas pendant de longues heures le fonctionnement du générateur.

Ecoulements toxiques

L’été dernier, la station n’a pas pu faire face au grand volume d’eaux usées qui a été finalement détourné vers une plantation voisine où notre village avait planté des oliviers et d’autres récoltes. Si vous avez déjà vu un olivier vous saurez que c’est un arbre robuste qui peut donner des fruits même dans le désert.

Mais depuis la dérivation des eaux usées toutes les récoltes de cette plantation - environ une centaine d’oliviers - ont été perdues à cause des produits toxiques infiltrés dans la terre.

Les eaux des égouts continuent à couler aujourd’hui au même endroit. Les récoltes qui étaient tirées de cette plantation représentaient une source de revenus et de nourriture pour le voisinage. Maintenant le secteur entier s’est transformé en une terre en friche.

Cette station devait être une bénédiction pour notre secteur mais elle s’est transformée en malédiction, en risque sanitaire pour nous tous.

Les eaux usées emplissent les rues entourant la station et inondent les maisons voisines.

La puanteur est insupportable.

Des locataires des appartements en rez-de-chaussée ont été forcés de s’en aller dans les étages plus élevés chez des voisins. Les gens utilisent maintenant des sacs de sable pour stopper les eaux sales qui continuent à s’infiltrer dans leurs maisons.

Le nombre d’enfants tombés malades a considérablement augmenté. Les cas de la diarrhée sont de plus en plus fréquents. Même encore maintenant, les enfants continuent à jouer à l’extérieur dans les eaux des égouts - où sinon peuvent-ils aller ?

Nous faisons face aujourd’hui à une crise de la santé publique.

Ce qui me dégoûte c’est que tout ceci aurait pu être évité si les Israéliens avaient ouvert un point de contrôle pour permettre que les pièces de rechange et le carburant nous arrivent.

Des eaux sales jusque dans les écoles

Les enfants ont entamé leur nouveau trimestre cette semaine, quoiqu’il y ait des eaux usées dans des écoles de notre secteur.

En dépit du blocus, nous devons continuer à vivre notre vie de tous les jours, sinon il ne nous restera rien. Quand la crise a commencé, quelques familles ont acheté des lampes à essence pour que leurs enfants puissent continuer à étudier lorsque l’électricité est coupée. Maintenant que l’essence n’est plus disponible et est devenue très chère, les enfants font leur travail et révisent leurs examens à la lueur des bougies.

Pour en rajouter à cette situation déplorable, un des mes amis a entendu aux informations d’hier que les livres de cours pour le nouveau trimestre ne nous serons pas livrés au moins avant un mois.

Ces ouvrages sont restés bloqués aux points de contrôle israéliens en même temps que les pièces de rechange, le carburant, la nourriture, et les fournitures médicales ; plus personne ne peut entrer ou sortir.

Gaza est maintenant devenu une prison pour nous tous.

Quelqu’un m’a décrit la situation l’autre jour en disant : « Gaza vivait et respirait par deux points de contrôle, Rafah et Erez. Les marchandises se sont écoulées dans Gaza au goutte à goutte ces six derniers mois ; c’est comme quand quelqu’un est emprisonné dans une pièce hermétiquement close ou dans un ascenseur, n’ayant plus assez d’oxygène et s’efforçant de continuer à respirer lentement jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la porte et le sauve. »

« Nous respirons lentement, avec difficulté, et dans une continuelle incertitude. Qui ouvrira cette porte ? Combien de temps devrons-nous attendre ? »

Je me demande et je demande à la communauté internationale : comment les enfants pourraient-ils recevoir une bonne éducation dans un tel environnement ?

Comment pourraient-ils espérer un futur meilleur ?

Gaza au quotidien :

- Gaza au quotidien : Gaza au quotidien : après l’anniversaire
- Gaza au quotidien : fêter un anniversaire sous le blocus
- Gaza au quotidien : ce n’est pas une vie pour des enfants !

24 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : APR - Info-Palestine.net]


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