Il s’agit du deuxième attentat majeur en Irak en février, alors que l’Administration américaine et le gouvernement irakien se félicitaient de la baisse des violences.

Au moins quarante pèlerins en chemin pour la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, ont été tués dimanche par un kamikaze qui s’est infiltré dans une halte où des centaines de personnes se restauraient - Photo : AFP

Il n’est plus possible de faire un quelconque pronostic en Irak, et surtout de ne pas trop s’attarder sur les déclarations toujours rassurantes des dirigeants irakiens et ceux de la coalition étrangère qui a envahi ce pays en 2003.

Depuis cette date, l’Irak fait face à plusieurs guerres, les plus dangereuses pour son unité, étant bien entendu celles qui opposent ses différentes communautés, même si aucun crime n’est revendiqué par qui que ce soit, ou encore aucune des très nombreuses milices qui côtoient les différentes armées étrangères.

Ainsi donc, hier, au moins quarante personnes qui se rendaient en pèlerinage dans la ville sainte chiite de Kerbala ont été tuées dans un attentat suicide à Iskandiriyah, une localité au sud de Baghdad. Soixante personnes ont également été blessées dans cette attaque, qui s’est produite contre un lieu servant d’étape aux pèlerins chiites marchant vers Kerbala (sud) pour célébrer le 40e jour suivant la mort de l’imam Hussein. « Vers 15h (12h GMT), un kamikaze a pénétré dans une tente où se restauraient des dizaines de pèlerins et s’est fait exploser. Le bilan dont nous disposons fait état d’au moins 40 tués et 60 blessés », a indiqué Karim Al Timimi, lieutenant de police de la province de Babel.

Le Dr Mohammed Al Zaïdi, des services hospitaliers d’Hilla - chef-lieu de la province -, a confirmé ce bilan et souligné que 25 personnes se trouvaient dans un état grave. Les services de secours ont fait appel aux volontaires pour des dons de sang, ont précisé les secours. « Un kamikaze a mené l’attaque à 14h47 », a de son côté indiqué l’armée américaine, soulignant qu’« environ 42 000 pèlerins (étaient) passés par cet endroit aujourd’hui ».

Il s’agit du deuxième attentat majeur en Irak en février, alors que l’Administration américaine et le gouvernement irakien se félicitaient de la baisse des violences à la suite de la mise en place du plan de sécurité à Baghdad en février 2007 et un renforcement des opérations de l’armée US dans le reste du pays.

Le 1er février, au moins 98 personnes avaient été tuées et 208 blessées dans deux attentats suicide perpétrés par des femmes kamikazes sur des marchés de Baghdad. Pour tenter de prévenir toute attaque à Kerbala, la sécurité irakienne a déployé plus de 40 000 membres des forces de sécurité.

Le pèlerinage draine des foules immenses de fidèles. « Nos forces sont prêtes à faire face à toute menace venant de groupes extrémistes », avait récemment indiqué le chef de la police de Kerbala, le général Raëd Chaker Jawdat. « Nous avons 29 détecteurs d’explosifs et trois brigades d’intervention rapide. Nous avons entraîné nos forces qui sont équipées d’armes modernes, avons davantage de véhicules et d’anciens responsables ont été remplacés par d’autres plus compétents », avait-il précisé.

Habillés de noir, les pèlerins ont pour coutume de se marteler la poitrine et de se flageller le dos, au rythme de tambours et de prières, en se rendant au mausolée de l’imam Hussein. Mais tout compte fait, ces précautions sont bien dérisoires puisque des attentats ont pu être commis. Plus que cela, l’attentat d’hier intervient quarante-huit heures après la décision du chef radical chiite Moqtada Sadr de reconduire pour une nouvelle période de six mois la trêve des opérations de sa puissante milice, qui a contribué à une relative accalmie dans les violences en Irak.

L’armée américaine a salué cette annonce, estimant que le « renouvellement » de cette « promesse » était « un engagement important qui peut, de manière générale, contribuer à améliorer davantage la sécurité ». Le représentant spécial de l’ONU en Irak, Staffan de Mistura, s’est félicité de la décision, espérant qu’elle aiderait « à renforcer la baisse de la violence et les progrès en vue (...) d’une réconciliation ». La Maison-Blanche a salué un « développement positif ».

Aux termes de la trêve, décidée le 29 août, les opérations de l’armée du Mahdi avaient cessé contre les forces américaines et les autres groupes armés irakiens, sunnites comme chiites. Ce qui prouve que l’équation irakienne demeure complexe. C’est la boîte de Pandore.

25 février 2008 - El Watan - Vous pouvez consulter cet article à :
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