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« Le plan arabe constitue la base de tout règlement de paix »

vendredi 15 février 2008 - 07h:12

Miguel Angel Moratinos - Al-Ahram/hebdo

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Ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, accompagnait le roi Juan Carlos lors de sa visite au Caire la semaine dernière. Il évoque les rapports entre les deux pays et évalue le rôle de l’Europe au Moyen-Orient.

Al-Ahram Hebdo : Le roi Juan Carlos et la reine Sophie ont inauguré lors de leur visite au Caire une exposition sur Ibn Khaldoun. Quelle est la portée de cet événement dans le cadre des relations culturelles entre l’Egypte et l’Espagne et du dialogue des civilisations entre le monde musulman et l’Occident ?

Miguel Angel Moratinos : Les relations culturelles entre l’Espagne et l’Egypte font partie de nos relations bilatérales dont nous sommes fiers. Nous travaillons sur un riche passé commun. Le public égyptien peut apprécier cette réalité historique à travers l’exposition remarquable sur Ibn Khaldoun ainsi qu’à travers notre vision du passé et du présent de la vie quotidienne dans les pays arabes exprimée dans l’exposition photographique organisée par l’agence d’information espagnole. A travers ce genre d’initiatives, nous voulons enrichir cette plate-forme culturelle commune.

Ceci renforce sans doute l’initiative sur le dialogue des cultures et des civilisations que parraine l’Espagne en coopération avec les Nations-Unies. L’Egypte joue à cet égard un rôle positif pour renforcer ce dialogue dont l’objectif est de créer un rapprochement basé sur des valeurs communes et d’éliminer la violence.

Je souligne ici l’importance de la visite officielle du roi Juan Carlos, la troisième qu’il effectue en Egypte. Elle était d’un intérêt particulier, car elle ouvre une ère nouvelle dans les relations déjà fortes et étroites entre les deux pays. Ces relations privilégiées ont fait de l’Espagne et de l’Egypte deux associées stratégiques dans la région méditerranéenne, qui vit de grands changements au XXIe siècle. L’objectif de cette visite était de renforcer cette association entre nos deux pays. Un objectif bien concrétisé à travers la conclusion durant ce séjour d’un traité d’amitié et de coopération, ainsi que par la présence d’un grand nombre d’hommes d’affaires espagnols dans la délégation officielle.

- Comment évaluez-vous la situation actuelle dans la bande de Gaza, après les récents événements et l’afflux des Palestiniens en Egypte ?

- Nous suivons de très près la situation dans la bande de Gaza, en coopération avec l’Egypte et les parties concernées. Le Caire joue à cet égard un rôle de premier plan de responsabilité et solidarité avec les Palestiniens. La situation humanitaire dans cette région préoccupe particulièrement l’Espagne, qui a appelé toutes les parties concernées à concrétiser leurs promesses d’aide et à assurer à la population palestinienne la liberté de mouvement.

- Pensez-vous que dans ces conditions de blocus israélien, la paix a toujours des chances entre Palestiniens et Israéliens ?

- On peut résoudre le conflit palestino-israélien à travers des négociations de paix, conformément aux résolutions internationales. La conférence d’Annapolis, et son suivi lors de la conférence de Paris des donateurs, a été un succès, car elle a permis de définir les démarches à suivre et a mobilisé le soutien international nécessaire. Il faut aussi mettre l’accent sur le plan de paix arabe qui constitue la base de tout règlement de paix entre Israël et les pays arabes. Tous ces éléments constituent les fondements d’une paix globale, juste et permanente dans la région.

- Que pensez-vous de la crise déclenchée récemment entre l’Egypte et le Parlement européen à la suite de la résolution prise par ce dernier concernant les droits de l’homme en Egypte ?

- Nous discutons avec l’Egypte de tous les sujets importants et communs dans le cadre d’un respect profond et de l’esprit de coopération. Je suis convaincu qu’à travers cet esprit nos relations vont se transformer d’une manière plus importante dans les prochaines années. L’Egypte a un caractère stratégique, car elle est le moteur principal des relations euro-méditerranéenes. Elle occupe une position essentielle sur les plans arabe et régional.

- Quelle est la position de l’Espagne vis-à-vis du projet français d’Union pour la Méditerranée ?

- L’Espagne a accueilli positivement la proposition française, car elle constitue une poussée politique forte pour la coopération dans la région méditerranéenne. Nous sommes d’accord pour mettre l’accent sur des projets qui assurent la complémentarité régionale dans des domaines importants tels l’environnement, l’énergie, le transport et la coopération financière. Mais je crois qu’il est important d’aborder la question en fonction des structures existantes, comme le processus de Barcelone qui date de 12 ans. Celui-ci comprend plusieurs volets dont il faut profiter.

L’initiative de l’Union pour la Méditerranée est un premier pas. Il faut que l’on soit plus ambitieux. Douze ans après le processus de Barcelone, de nouveaux défis sont apparus, auxquels on ne pourra répondre qu’à travers une vision commune entre les deux rives de la Méditerranée. A moyen terme, il faudrait penser à une union euro-méditerranéenne construite sur des ressources et des institutions qui servent les intérêts que nous nous sommes fixés. Pour y arriver, il faudrait que nous trouvions d’abord une solution juste et définitive au conflit du Moyen-Orient.

- Que pensez-vous de l’idée avancée par les Etats-Unis sur « l’anarchie constructrice » au Moyen-Orient ?

- Nous sommes contre l’anarchie régionale ou l’anarchie créatrice. L’Espagne y fait face à travers son soutien à des solutions justes et équitables des conflits du Moyen-Orient et ses efforts pour régler les problèmes humanitaires engendrés par ces conflits. L’Espagne et les autres pays de l’Union européenne pensent que ces conflits sont à la source des souffrances et de l’instabilité de la région. Ils sont une obstruction à la capacité d’exploiter les chances énormes offertes par la mondialisation de l’économie et par un monde qui se complète. Nous pensons qu’il existe des relations entre les conflits dont souffre la région, ce qui impliquerait une solution globale. Dans ce domaine, nous comptons sur l’expérience et le poids de l’Egypte sur la scène internationale.

Propos recueillis par Aïcha Abdel-Ghaffar

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 13 au 19 Février 2008, numéro 701 (Invité)


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